Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Pannonio (Michele)

Peintre hongrois actif en Italie (connu de 1415 à 1459).

Il se trouvait à Ferrare à partir de 1415, où des documents attestent sa présence sous le nom de Michel dai Unii ou Michele Ungari. Il travailla pour le compte de Lionel et de Borso d'Este. En 1456, il prit la succession d'Angelo Maccagnino, peintre de la Cour. Vers la fin de 1458, la commande qu'il exécutait pour la cathédrale de Ferrare (Adam et Ève, perdu) le contraignit à refuser l'invitation de Ludovico Gonzaga, qui l'appelait à la cour de Mantoue. L'emploi fut offert à Mantegna, tandis que Cosme Tura lui succédait à Ferrare. La seule des compositions certaines qui subsiste de l'artiste, peut-être exécutée pour le château de Belfiore, est conservée au musée de Budapest (Cérès) ; on y décèle de fortes accointances avec le milieu squarcionesque de Padoue. R. Longhi attribue à Pannonio un Saint Louis de Toulouse et un Saint Bernardin de Sienne (à la P. N. de Ferrare).

panorama

Vaste étendue de pays que l'on voit d'une hauteur. Par extension, tableau peint sur une toile de très grandes dimensions (jusqu'à 10 ou 15 m de haut sur 100 à 120 m de long), développée circulairement sur le mur intérieur d'une rotonde éclairée par le haut et spécialement construite pour la recevoir. Le panorama tend à donner l'illusion de la réalité, grâce aux diverses ressources du trompe-l'œil ; le spectateur voit les scènes représentées comme si, placé sur une hauteur, il découvrait tout l'horizon environnant selon une perspective cavalière.

   Un premier panorama, montrant la ville de Londres, fut exécuté par l'Écossais Robert Barker v. 1792 et exposé à Londres (Leicester Square) en 1796. Constable (1803) écrit : " La peinture de panorama fait fureur. " En 1805, R. K. Porter montre un gigantesque panorama de la Bataille d'Azincourt.

   Dans les premières années du XIXe s., le goût pour le panorama se généralisa dans toutes les grandes capitales. À Paris, c'est en 1799 que Robert Fulton présente boulevard Montmartre, une vue de Paris, prise du pavillon de Marsan, exécutée par le peintre Prévost. Outre les panoramas de villes (Rome, Naple, Paris), de ports (Toulon, Portsmouth), de sites (Scheveningen, par Mesdag, au musée Mesdag de La Haye), les principaux panoramas représentaient surtout des batailles, comme la bataille de Tilsitt peinte par Langlois. Napoléon, trouvant là un moyen de propagande, se proposait de faire acheter les toiles pour les faire circuler en province. Au cours du XIXe s., on affectionna particulièrement les panoramas de Langlois, Neuville, Detaille, Carrier-Belleuse, Poilpot...

   Du point de vue technique, les panoramas étaient d'une exécution très compliquée : outre qu'elle exigeait de grandes connaissances de perspective et de trompe-l'œil, un mécanisme complexe de jeux de lumière, ce type de peinture se faisait sur une toile qu'il fallait peindre des 2 côtés.

   Le diorama de Daguerre et Bouton, le stéréorama, le maréorama, le géorama, l'europorama étaient des spectacles tous à peu près analogues et pour lesquels l'exécution des toiles se pratiquait sensiblement de la même manière.

   On appelle aussi panorama, ou peinture panoramique, des peintures généralement en trompe-l'œil qui occupent toute la largeur d'un mur et qui représentent une vue, un paysage : les Nymphéas de Claude Monet (Louvre, musée de l'Orangerie), constitués de 19 panneaux (1,97 m de haut sur 4,25 m de large), sont exposés dans des salles circulaires : juxtaposées, ces toiles peuvent être considérées, d'une certaine manière, comme un panorama, ou peinture panoramique.

   Ce terme s'applique aussi aux tableaux de chevalets qui représentent une vue panoramique. Ces tableaux constituent un genre très en vogue au XVIIe s., notamment en Hollande.

pantocrator

En iconographie chrétienne, ce terme (en grec " le tout-puissant ") désigne l'image du Christ, dans sa maturité, à la figure souvent sévère. Le Christ-Pantocrator, en buste, et tenant le livre des Évangiles, occupe très souvent la calotte de la coupole dans les églises byzantines.

pantographe

Appareil permettant de copier mécaniquement un dessin quelconque en le réduisant ou en l'agrandissant à volonté.

   Le pantographe fut employé pour la première fois, semble-t-il, vers la fin du XVIe s. par le peintre Georges de Dillingen et au début du XVIIe s. par le père jésuite Christophe Scheiner. Perfectionné par Langlois en 1743, il connut des variantes, dont, en 1779, celle de Baradelle, qui l'adapta à l'architecture, et celle d'A. Collas, au début du XIXe s., qui l'employa à la réduction des statues.

Pantoja de la Cruz (Juan)

Peintre espagnol (Valladolid 1553  – Madrid 1608).

Il fut le disciple de Sánchez Coello et il est difficile de distinguer ses œuvres de jeunesse, traitées dans des tonalités sombres et froides, de celles de son maître. Peintre de cour de Philippe II et de Philippe III, il sut rendre l'expression de ses modèles : Isabel Clara Eugenia, 1599 (Munich, Pin), Philippe III (1592-1594, Vienne, K. M.), Anne d'Autriche (1602, Madrid, musée des Descalzas Reales). On lui attribue le saisissant Philippe II âgé conservé à la bibl. de l'Escorial. La plus grande partie de son œuvre fut peinte sous le règne de Philippe III. La richesse des vêtements, comme leur traitement minutieux, rappelle le style du Néerlandais Antonio Moro ; elle reflète aussi le luxe et la surcharge de la mode sous Philippe III après l'austérité du règne précédent. Mais Pantoja se montre comme portraitiste beaucoup plus libre, vivant et spontané dans certains portraits " non officiels " comme celui de Fray Hernando de Rojas (Madrid, coll. de la duchesse de Valencia). D'autre part, l'étude des sources lumineuses caractérise les tableaux religieux exécutés pendant les cinq dernières années de sa vie, qu'il passe à Valladolid, où réside la Cour : Naissance de la Vierge (1603, Prado), Nativité (1605, Prado). Le clair-obscur, les raccourcis trahissent l'influence directe du Ténébrisme italien dans la Résurrection (1605, hôpital de Valladolid) ; la différence de style entre le Saint Augustin du Prado (1601) et celui de la cathédrale de Tolède (1606) révèle une nette évolution vers un Réalisme ténébriste qui annonce la peinture du XVIIe s.