Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
I

Indiana (Robert)

Peintre américain (New Castle, Indiana, 1928).

Il s'installa à New York après des études de 1949 à 1954 à l'Art Inst. de Chicago, à la Skowhegan School of Painting (Maine), à l'Edinburgh College of Art et à l'Université de Londres.

   Au contraire de celui des autres artistes qui contribuèrent à l'éclosion du pop art, son œuvre est issu moins d'une rébellion contre l'Expressionnisme abstrait que d'une adaptation à un style figuratif des qualités plastiques des œuvres de Leon Polk Smith, de Jack Youngerman ou d'Ellsworth Kelly, adeptes d'une Abstraction colorée et contrôlée, rigoureusement " hard edge ", et qu'Indiana fréquenta en 1956 à Coenties Slip (un quartier sud de Manhattan).

   Dès le début des années 60, ses œuvres montrent une sensibilité accordée à celle des premières créations des artistes pop (Rêve américain, 1960, New York, M. O. M. A.). Comme eux, Indiana traite des sujets simples et immédiats, nombres, signes, monosyllabes, souvent chargés d'une pesante valeur affective (" Eat ", " Die ", " Love "). Lorsqu'il exploite un texte plus élaboré, il le retranscrit à la manière d'un signe, de sorte qu'il n'existe plus aucune différence entre un vers de Whitman, une strophe de negro-spiritual ou les mots clés de la civilisation américaine (Red Diamond American Dream Nr. III, 1962, Eindhoven, Stedelijk Van Abbemuseum ; God is a Lily of the Valley, 1961, New York, coll. E. Ward). Ce travail infligé au sens des mots, des images et des couleurs différencie Indiana des autres artistes pop. Si l'artiste accepte la vulgarité quotidienne, ce n'est pas sans l'élever au niveau de la poésie, qui, en revanche, devient dans ses tableaux un simple signe. En 1978, il s'installe à Vilnalhaven, dans le Maine, et ses récentes peintures célèbrent les lieux et les thèmes associés à la vie de cette île : " the Vilnalhaven Suite ". De nombreuses rétrospectives de son œuvre se sont tenues en Hollande, en Allemagne et aux États-Unis (Philadelphie, 1968, New York, Whitney Museum, 1982).

Induno (Domenico)

Peintre italien (Milan 1815  – id. 1878).

Formé sous l'influence de Hayez, Domenico Induno se consacra à la peinture d'histoire, puis, après 1846, il se tourna plus spécialement vers des sujets patriotiques ou de genre, minutieusement dépeints et qui parfois se ressentent de l'influence des Macchiaioli (l'École des petites couturières, Milan, G. A. M. ; l'Antiquaire, Florence, G. A. M.

 
Son frère Gerolamo (Milan 1827 – id. 1890) se destina aussi à la peinture d'histoire : s'étant battu aux côtés de Garibaldi, il puisa dans la guerre d'indépendance l'essentiel de son inspiration (le Chasseur alpin, Milan, museo del Risorgimento) ; portraits de Mazzini et de Garibaldi (Turin, museo del Risorgimento).

informel (art)

En 1951, Michel Tapié présente, pour la première fois en France, une exposition des " tendances extrêmes de la peinture non figurative " sous le nom de " Véhémences confrontées ". Il y mêle des œuvres d'artistes français, italiens, américains et canadiens : Bryen, Hartung, Wols, Mathieu, Pollock, De Kooning, Capogrossi, Riopelle. Cette manifestation souligne un certain parti pris lyrique mené en toute indépendance de la représentation visuelle appuyée plus nettement sur des effets d'impact obtenus par la pratique de la gestualité ou le traitement brut de la matière. Resserrant son propos, Tapié organise bientôt une autre manifestation, Peinture non abstraite, où l'on retrouve aux côtés d'Appel, d'Arnal, d'Ossorio, de Dubuffet et de Michaux le grand précurseur de ce type de peinture, l'Américain Pollock. Devenu directeur artistique de la galerie Facchetti, Tapié précise la tendance, dont il se fait le défenseur en organisant une exposition intitulée Signifiants de l'informel. Enfin, en 1952, il publie un album-manifeste sous le titre d'Un art autre.

   Le terme d'" informel " désigne, plutôt qu'une école, un certain type de peinture pratiquée par les artistes qui se sont un moment trouvés en voisinage. Fautrier, qu'André Malraux et Jean Paulhan patronnèrent tour à tour avec une rare passion, fut cependant le maître de tous ces artistes. Son influence sur ce courant de la peinture fut indéniable, même si elle fut réalisée à son corps défendant. Son sens particulièrement savoureux de la matière fut la source de nombreuses tentatives similaires. Le graphisme en délire de Wols, la gestualité élégante et large de Mathieu, les encres vivement rythmées de Michaux et, un moment, les matériologies de Dubuffet illustrent cette tendance.

Inglés (Jorge)

Peintre espagnol (actif en Castille dans la seconde moitié du XVe s.).

Premier représentant en Castille du nouveau réalisme flamand, il est cité dans le testament du marquis de Santillana (1455) qui stipule que le peintre exécutait alors un Retable des anges pour la chapelle de l'hôpital de Buitrago. Cette œuvre (Madrid, coll. duc de l'Infantado) donne une place essentielle aux portraits des commanditaires D. Inigo López de Mendoza, premier marquis de Santilana, et de sa femme, placés de part et d'autre d'une Vierge sculptée. Ces figures agenouillées rappellent celles de Nicolas Rolin et Guigone de Salins, les donateurs du Polyptyque de Beaune par Van der Weyden (destiné également à l'autel d'un hôpital). Par analogie stylistique sont également attribués à Jorge Inglés le Retable de saint Jérôme (Valladolid, musée national de Sculpture) provenant du monastère de la Mejorada à Olmedo, avec des scènes solidement construites dans des intérieurs, le Retable de la Vierge (église de Villasandino), un Christ au tombeau entre la Vierge et saint Jean (New York, commerce d'art) et une Danse de Salomé (Vienne, anc. coll. Strauss).

   Si l'on ignore tout de l'origine et de la formation de cet artiste (son surnom d'Inglés peut indiquer le pays de sa famille), ses peintures dénotent une technique flamande et nettement déterminée par l'art de Robert Campin. De la leçon du grand novateur de l'école de Tournai lui viennent le relief accusé des formes, la lumière crue qui détache les figures, les plis durement cassés, le goût pour les accessoires et les natures mortes disposées dans les niches, enfin, la perspective d'un paysage vu à travers une fenêtre. Puis, au cours de son évolution, on remarque une certaine hispanisation des modèles flamands, qui se caractérise par une accentuation du réalisme tragique des figures et une accumulation d'ornements qui tendent à remplir le vide des compositions.

   Son influence s'exerça sur de nombreux peintres castillans de la seconde moitié du XVe s., en particulier sur le Maître de Sopetrán et le Maître de Luna.