Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Kosice (Gyula)

Artiste argentin (frontière hungaro-tchécoslovaque 1924).

Sa famille émigre en 1928 en Argentine. Il étudie le dessin et la sculpture aux Académies libres de Buenos Aires entre 1939 et 1940. Il participe aux premières entreprises de Carmelo Arden Quin, avec la création de la revue Arturo (1944), du groupe Art concret-Invention (1945) et du groupe Madí (1946) ; l'école de Buenos Aires est en train de se constituer. Dès 1945, il compose des sculptures en bois ou métal, avec des éléments amovibles que le spectateur est appelé à transposer lui-même. L'année suivante, il emploie le tube de néon pour des reliefs lumineux, puis le Plexiglas qui dématérialise la frontière entre l'espace et l'œuvre et met en valeur les jeux de lumière. À Paris, il expose à plusieurs reprises au Salon des Réalités nouvelles. À partir de 1957, ses œuvres se singularisent nettement par l'intégration de l'élément aquatique, qu'il utilise en mouvement dans des structures de Plexiglas. Ses objets peuvent atteindre des dimensions monumentales lorsqu'ils sont destinés à s'intégrer à une architecture. Il a également cherché à matérialiser ses découvertes dans son projet utopique de la Cité hydrospatiale (1946-1975). Il est représenté dans de nombreuses collections publiques latino-americaines (Buenos Aires, Montevideo, Caracas...), en France (Paris, M. N. A. M.), aux États-Unis (Houston, New York...), en Israël et à Stockholm. Kosice est également l'auteur d'une œuvre poétique (Buenos Aires, 1984).

Kossoff (Leon)

Peintre britannique (Londres 1926).

Depuis l'âge de 12 ans, Kossoff peint Londres avec obsession ; ses premières œuvres décrivent les empreintes de la guerre sur cette dernière. Il étudie dans la journée à la Saint Martin's School of Art (1949-1953) et suit les cours de Bomberg à la Borough Polytechnic le soir (1950-1952). De 1953 à 1956, il est élève du Royal College of Art et enseigne à la Chelsea School of Art. (Londres). Il organise sa première exposition personnelle en 1957. En 1962, il rejoint le London Group formé par Francis Bacon, Lucian Freud, Frank Auerbach et Michael Andrews.

   Dans les œuvres de Kossoff, les couleurs et le dessin sont confondus. Il travaille sur plusieurs séries en même temps et son répertoire de motifs est limité. Il choisit des personnes proches de lui ou des personnes anonymes dans un espace public, qu'il peint isolées ou intégrées à un de ses sites favoris, souvent des lieux tristes de la ville : Willesden (School Building, Spring 1981, 1981, Saatchi Coll. ; School Building, Willesden, May 1983, 1983, Londres, Saatchi Coll.), la station de métro de Kilburn (Outside Kilburn Underground Station, Summer 1976, 1976, Leicestershire Museum and Art Gal., Leicestershire), etc. Dans ses peintures, les personnages sont solitaires, sans aucune relation. Il est représenté à la Saatchi Coll. de Londres. Une exposition lui a été consacrée (Londres, Royal Academy) en 1996.

Kosuth (Joseph)

Artiste américain (Toledo, Ohio, 1945).

Généralement considéré comme l'un des artistes les plus éminents de l'art conceptuel, Kosuth par ses nombreux écrits théoriques comme par son œuvre s'inscrit au cœur de ce courant. Durant dix ans, il suit successivement les cours de la Toledo School of Design (1945-62), du Cleveland Art Institute (1963-64) puis de la School of Visual Arts de New York. Ses premières œuvres mettant en jeu des textes apparaissent en 1965 sous forme de mots écrits sur des vitres (Any five foot sheet of glass to lean against any wall), d'énoncés en néon (Five words in blue neon) ou d'agrandissements de définitions de dictionnaire mis en parallèle avec l'objet ou la situation décrite (ombre, temps), ou les variations d'éléments (eau, glace, hydrogène) en faisant ressortir les rapports de représentation entre le langage et l'objet matériel ainsi qu'entre l'image et l'objet.

   À travers ce travail sur les relations, pris dans une recherche sur l'" art comme idée comme idée " Kosuth développe ses " investigations ", telle en 1968 la présentation dans les journaux sous forme d'encarts publicitaires du " Synopsis des catégories " du Roget's Thesaurus (deuxième investigation), jusqu'à des relations temporelles marquées dans l'espace par des horloges murales (huitième investigation, 1971).

   Parallèlement, tout en effectuant de nombreux voyages, Kosuth étudie la philosophie et l'anthropologie, à la New School for social research de New York. Au début des années 80, Kosuth s'intéresse à nouveau à l'image liée à la tradition et à l'expérience, s'interrogeant sur le mode de transmission du contenu d'une œuvre, ainsi dans la série Cathexis, confrontant des détails de tableau classique et un texte, reliés par des X colorés. Cette relation au contenu textuel se développe, en 1985, à partir de textes de Freud, dans des environnements de textes rayés (Zero & Non, 1985, Lyon, Musée Saint-Pierre Art Contemporain) ou des mises en parallèle de textes, schémas et photographies (Légitimation # 3, 1987, Nîmes, M. A. C.).

   D'importantes expositions ont été consacrées à Kosuth en 1974 à Lucerne et au musée d'Art moderne de la Ville de Paris, et en 1989 à Anvers, M. A. C.

Kotík (Jan)

Peintre tchèque (Turnov 1916-Berlin 2002).

Jan Kotík se forma à l'École des arts et métiers de Prague. De 1942 à 1948, il fit partie du groupe Quarante-Deux, réunissant des artistes attachés au thème de la ville et de la civilisation moderne. Les tableaux de cette période sont une sorte de synthèse d'éléments cubistes et expressionnistes, et leur intérêt réside surtout dans l'organisation de l'espace (la Terrasse, 1947, musée de Prague) ; peu à peu, la construction des formes s'assouplit, tend au signe, rendu en larges touches ou aplats de couleurs vives (le Garçon au ballon, 1951) ou exprimé par une configuration de lignes de caractère graphique (Benjamin, l'homme de fer, 1956). La Forêt (1946) a déjà tout le caractère d'une peinture gestuelle. Ayant abouti à des positions proches du groupe Cobra et de l'Expressionnisme abstrait (Deukalion, 1960, musée de Prague), le peintre se tourne vers le problème du signe et de la calligraphie (Marquage véritable de l'itinéraire de Cythère, 1965), vers celui, aussi, de la peinture spatiale, où le geste spontané du peintre interfère avec une forme rationnelle (Peinture spatiale, 1965). Avant son émigration à Berlin (1969), Kotík s'intéresse au problème de l'intégration de l'espace réel dans la peinture à travers des assemblages ou des panneaux suspendus tels des écrans. Ces questions sont abordées, au cours des années 70, dans des jeux de pliures de tissus (Système de transformation I, 1972) ou des assemblages de formes géométriques superposées, travaillant sur les interstices, parfois reliés par des cordages (Objet usuel, 1977), puis, dans les années 80, dans des peintures en forme ou des constructions dans l'espace.