Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Pozzoserrato (Lodewijk Toeput, dit Lodovico)

Peintre flamand (Malines v.  1550  – Trévise v.  1603– 1605).

Très jeune, il devint, à Anvers, l'élève de Maerten de Vos, qui lui conseilla d'entreprendre le voyage d'Italie. Il travaillait v. 1573 à Venise dans l'atelier de Tintoret, où il avait pour compagnon le Flamand Paolo Fiammingo. En 1581, il quitta Venise pour se rendre à Florence et à Rome, où il dessina des vues de ruines antiques (Vue du Colisée, Vienne, Albertina, datée 1581). Enfin, il s'établit en 1582 à Trévise, où il fit carrière de décorateur sous le surnom de Pozzo da Treviso. Il est l'auteur des six Paysages avec des scènes bibliques qui ornent la chapelle du Mont-de-Piété de Trévise ; il réalisa également des fresques à Praglia, à Schiavon (allégories des Mois et du Zodiaque et à Conegliano. Ses premières œuvres signées et datées, le Paysage à la tour de Babel (1583 ou 1587, Souabe, château de Kirchheim), le Paysage montagneux (Brera), portent encore des traces d'archaïsme, bien qu'elles aient été réalisées en Italie. Par la suite, Pozzoserrato profita des leçons de Tintoret et des Bassano. Il devint alors l'un des créateurs du paysage maniériste aux grands panoramas. L'aspect fantastique de son Paysage à la chute de Phaéton (1599, Hanovre, Kestner Museum) et du Paysage à l'ermite (1601, Munich, Bayerische Staatsgemäldesammlung), la largeur de la facture, les vives colorations de son Paysage (Venise, Ca'd'Oro), de sa Vue d'une villa vénitienne (Bergame, Accad. Carrara) et sa fantaisie poétique influenceront directement le jeune Joos de Momper et probablement bon nombre des paysagistes flamands antérieurs à Rubens.

Pradilla (Francisco)

Peintre espagnol (Villanueva de Gallego, prov. de Saragosse, 1848  – Madrid 1921).

Élève de l'école des Beaux-Arts de San Fernando, il obtint en 1874 une pension pour aller travailler à Rome. Puis en 1881 il retourna dans la Ville éternelle en tant que directeur de l'Académie des beaux-arts. Peintre d'histoire d'un réalisme tendu et appliqué, il est l'auteur de la grande et devenue célèbre composition représentant Doña Juana la Loca accompagnant le cercueil de son mari Philippe le Beau de la chartreuse de Miraflores à Grenade (1877, Madrid, Casón). Il exécuta également des portraits (Autoportrait, id.) et des scènes de genre.

Prado (Blas de)

Peintre espagnol (Camarena, Tolède, v. 1545  – Madrid 1599)

Peu d'œuvres de ce Tolédan, très estimé par ses contemporains, sont parvenues jusqu'à nous ; elles témoignent d'une connaissance de l'art italien contemporain. La Descente de croix (cathédrale de Valence), peinte pour l'église San Pietro de Madrid, est une transposition de la Pietà exécutée par Michel-Ange pour Santa Maria del Fiore de Florence ; la Sainte Famille avec des saints et Alonso de Villega (1589, Prado) s'inspire d'une œuvre de G. Muziano.

   En 1583, il exécute avec Luis de Velasco plusieurs grisailles afin de décorer l'arc triomphal érigé pour célébrer l'entrée des reliques de sainte Léocadie à Tolède (Portrait de l'Impératrice avec le jeune Philippe III et l'Infante Isabel Clara Eugenia, Tolède, Museo de Santa Cruz). Son talent de portraitiste lui valut d'être envoyé au Maroc afin de représenter les membres de la cour du sultan. Également peintre de natures mortes, il était considéré comme le maître de Sánchez Cotán à Tolède. Plusieurs de ses dessins (Florence, Offices) révèlent d'étroits rapports avec les artistes de l'Escorial.

Prampolini (Enrico)

Peintre italien (Modène 1894  – Rome 1956).

Marqué par Ballà et Boccioni à Rome, il participe, très jeune, dès 1913, au Futurisme. Avec Fillia, il fonde et dirige les revues futuristes les plus importantes : La Città nuova, Vetrina futurista, Stile futurista, Città futurista. Son œuvre critique se développe parallèlement à son activité picturale, qu'elle complète (Scenotecnica, 1940 ; Picasso sculptore ; L'Arte polimaterica, 1944, où il élabore la théorie de l'introduction de matériaux nouveaux dans les tableaux). Prampolini évolue rapidement vers l'Abstraction. De nombreux séjours hors d'Italie, en particulier à Paris, le mettent directement en rapport avec les groupes d'avant-garde européens. L'artiste se lie avec les dadaïstes à Zurich, mais entretient surtout des rapports avec des mouvements plus engagés dans les recherches abstraites : à Berlin, aux Pays-Bas (contacts avec Théo Van Doesburg et De Stijl), à Paris avec le groupe de la Section d'or, puis Cercle et carré. Sensible à cette ouverture et sans cesse curieux de nouvelles expériences, il accueille les suggestions et les modèles stylistiques les plus divers : du purisme d'Amédée Ozenfant et Charles-Édouard Jeanneret (Prampolini signe avec Panaggi et Paladini le manifeste l'Art mécanique en 1923), jusqu'à l'abstraction la plus rigoureuse pour aboutir, vers 1935, à des recherches de matières différentes. Dans ses dernières œuvres, la structure abstraite est subordonnée aux recherches informelles (Animisme géométrique, 1952, Rome, G. A. M.).

   Prampolini a eu pour but constant de dépasser les limites de la peinture de chevalet. Dans cette conception, issue du Futurisme, il s'est particulièrement intéressé à l'art de la scène : il présente à Paris en 1925 le " Teatro magnetico ", où l'acteur est remplacé par un jeu de lumière, et met en scène peu après la pièce les Trois Moments (1927, Paris, théâtre de la Madeleine), pantomime futuriste où les personnages se trouvent être des éléments mécaniques (ascenseur, ventilateur, phonographe). Il a exécuté des décorations monumentales, ainsi que l'architecture des pavillons futuristes à Turin (1928) et à la Triennale de Milan (1933) et présenté les premiers ameublements futuristes à la Maison d'art italien à Rome en 1916. Une grande rétrospective de son œuvre a été organisée à la G. A. M. de Rome en 1961. L'artiste est surtout représenté dans les principaux musées d'art moderne italiens, en particulier à Rome, ainsi qu'au musée de Grenoble (Scaphandrier des nuages, v. 1930). Prampolini est avec Fortunato Depero l'artiste le plus important du Second Futurisme.