Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Bachiacca (Francesco Ubertini, dit)

Peintre italien (Borgo San Lorenzo 1494  – Florence 1557).

Fils d'un orfèvre formé à Florence dans le milieu de Fra Bartolomeo et, selon Vasari, auprès de Pérugin, Bachiacca se révèle dans la suite des curieux panneaux de l'Histoire de Joseph (1516-1518, Londres, N. G. ; Rome, Gal. Borghèse), peints pour le décor de la chambre nuptiale de Pier Francesco Borgherini, auquel participent Andrea del Sarto, Granacci et Pontormo. En 1521, il réalise les Histoires de San Acasio (Florence, Offices) pour la prédelle du retable des Martyres de Sogliani, destiné à l'église San Salvatore à Camaldoli (aujourd'hui Florence, San Lorenzo), œuvre qui rappelle les gravures de Lucas de Leyde. Bachiacca témoigne d'un intérêt plus général pour l'art nordique qui marque toute son évolution artistique. Des éléments empruntés à Michel-Ange sont fréquemment intégrés dans ses travaux, après un voyage à Rome entre 1525 et 1527 : Vierge à l'Enfant (Baltimore) et Décollation de Jean– Baptiste (musées de Berlin). Ses œuvres transcrivent par ailleurs dans un style menu, avec un goût typiquement maniériste du singulier et des effets chromatiques les plus rares, des motifs de Pérugin, Léonard de Vinci et Fra Bartolomeo. Dès 1539, il travaille pour la cour des Médicis, réalisant notamment des décors d'apparat pour les noces de Cosme Ier et Éléonore de Tolède ainsi qu'une fresque dans une grotte du jardin du palais Pitti. Entre 1546 et 1553, il exécute une série de cartons pour des tapisseries (Mois et Grotesques) destinées au Palazzo Vecchio.

Baciccio (Giovanni Battista Gaulli, dit)
ou Giovanni Battista Gaulli, dit Baciccia

Peintre italien (Gênes 1639  – Rome 1709).

Sa première éducation artistique se fit dans sa ville natale, par l'étude des œuvres de Perino del Vaga au palais Doria, de Baroche, de Rubens et de Van Dyck, avant qu'il ne se rende en 1657 à Rome, où se déroula toute sa carrière. Il acheva alors sa formation, subissant l'influence de Raphaël, de Corrège et de Pietro da Cortona, qu'il connut lors d'un voyage à Parme en 1669, sur le conseil de Bernin. Ce dernier fut pour lui un protecteur et un maître : il l'introduisit auprès de la cour pontificale comme portraitiste et fresquiste, lui procurant des commandes telles que la décoration des pendentifs de Sainte-Agnès (1666-1672) ou plus tard celle du Gesù (1672-1685) ; il orienta son art, lui insufflant le goût baroque de la vie, qui fit la renommée de ses très nombreux portraits de papes et de cardinaux (Clément IX Rospigliosi, Rome, G. N., Gal. Corsini), ce qui incita le critique espagnol Muñoz à dire : " C'est Bernin peintre. "

   L'œuvre de Baciccio peut se diviser en trois phases :

Jusqu'en 1672

C'est l'époque où il achève les fresques de S. Marta al Collegio Romano et où il se montre éclectique, oscillant du Baroque au Classicisme ; dans sa première commande officielle, la Vierge à l'Enfant entre saint Roch et saint Antoine abbé (entre 1660 et 1666, Rome, S. Rocco), riche en tonalités chaudes, se mêlent les influences de Rubens, de Van Dyck et de Strozzi. D'autres œuvres, par contre, telle la Pietà de la coll. Incisa della Rocchetta à Rome (v. 1667), aux couleurs froides et d'un style linéaire, montrent une sorte d'éclectisme académique, s'inspirant tour à tour d'Annibale Carracci, de Dominiquin et de Poussin. On note une influence toujours plus grande de Bernin, surtout visible dans le traitement anguleux des plis. À la fin de cette période, dans les Quatre Vertus chrétiennes de Sainte-Agnès, Baciccio est parvenu à fondre ces diverses composantes en un art homogène et personnel.

De 1672 à 1685

C'est la période pendant laquelle Gaulli travaille au Gesù ; il atteint sa maturité sous l'influence prépondérante de Bernin, créant ses plus belles œuvres et se révélant un grand décorateur baroque, dans la ligne de Pietro da Cortona, au service de l'Église triomphante. Pour ses tableaux d'autel (Adoration des bergers, Fermo, S. Maria del Carmine ; la Vierge à l'Enfant avec sainte Anne, Rome, S. Francesco a Ripa, chapelle Altieri), il peint des compositions vigoureusement rythmées, aux couleurs saturées, se décolorant dans la lumière, et aux draperies sculpturales. C'est l'époque où il transforme le Gesù de Vignole, " église blanche " de la Contre-Réforme, en une église baroque, représentant à la voûte de la nef le Triomphe du nom de Jésus (esquisses, Rome, Gal. Spada ; San Francisco, Museum of Fine Arts) : il se fait ici le porte-parole de Bernin, illustrant plus amplement ses conceptions picturales révolutionnaires, déjà exprimées à la chapelle Cornaro ; l'illusion réside dans l'aspect plastique des figures peintes, mêlées aux stucs, et dans leur passage, par-delà le cadre architectonique, sur les caissons de la voûte dans l'espace réel de l'église. Pour la première fois apparaît la composition caractéristique des fresques du Baroque tardif, où la juxtaposition des parties sombres l'emporte sur la disposition des figures.

De 1685 à 1709

On constate moins l'apparition d'un nouveau style que l'adaptation de l'ancien goût au goût général pour le classicisme de Maratta ; une " détente " se manifeste alors : la couleur devient plus pâle, le rythme plus lent, l'expression moins vigoureuse (le Christ et la Vierge avec saint Nicolas de Bari, Rome, S. Maddalena ; la Prédication de saint Jean-Baptiste, Louvre ; deux Scènes de la vie de Joseph, Ajaccio, musée Fesch). Certaines œuvres même, telle la Querelle d'Achille et d'Agamemnon (musée de Beauvais), sont proches de la tradition classique de Poussin. Mais on voit que l'artiste a perdu toute audace dans sa dernière fresque, le Triomphe de l'ordre franciscain, aux S. Apostoli à Rome (1707). Cependant, dans certaines de ses œuvres ultimes (Présentation de l'Enfant au Temple, Rieti, S. Pietro Martire), il retrouve quelque vitalité. Plus que A. Pozzo, son contemporain, il fut le véritable héritier de Bernin et de Pietro da Cortona, l'un des derniers grands peintres baroques à Rome et l'un des précurseurs de l'art du XVIIIe s. (Vénus et Adonis, Buzghley House).

   Le K. M. de Düsseldorf conserve environ 200 dessins de Baciccio, essentiels à la connaissance de son œuvre.