Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
N

Nicholson (sir William)

Peintre britannique (Newark, Nottinghamshire, 1872  – id.  1949).

Il se forma à Londres à la Herkomer's Academy et à Paris à l'académie Julian, et il découvrit à travers Manet la peinture espagnole. De 1893 à 1895, lui et son beau-frère James Pryde (1866-1941) composèrent des affiches d'une simplification fort novatrice signées " J. et W. Beggarstaff " et influencées par le japonisme, qui obtinrent un succès considérable. Pendant quelque temps, Nicholson s'occupa surtout de gravures sur bois destinées à l'illustration : ainsi son bois de la reine Victoria (1897), repris dans Twelfe Portraits (1900), ou les séries publiées chez Heinemann par l'entremise de Whistler (An Alphabet, London types, An Almanac of Twelfe Sports, sur des poèmes de Kipling, tous trois en 1898). Après 1900, son activité s'exprima surtout dans des portraits, des paysages, des natures mortes d'un style neuf, direct et naturaliste, caractéristique des renouvellements de la période édouardienne. En 1933, il découvrait l'Espagne, où il peignit de nombreux paysages, notamment la Plaza de Toros à Málaga (1935). Une rétrospective de son œuvre eut lieu à la N. G. de Londres en 1942. Nicholson est bien représenté à la Tate Gal. Il est le père de Ben Nicholson.

Nickelen (Isaac Van)

Peintre néerlandais (Haarlem [ ? ] v.  1635 [ ? ]  –actif de 1659 à 1703).

Reçu à la gilde haarlémoise en 1659, il a presque exclusivement peint des vues de l'église Saint-Bavon à Haarlem, en dehors d'une fine représentation d'un Vestibule de palais (Louvre) et d'une Veduta cristalline, la Vue de l'hôtel de ville d'Amsterdam, peinte en collaboration avec D. Maas. Ses intérieurs d'église, aux vigoureuses et larges perspectives, avec une nette prédilection pour les nefs majeures et l'insistance sur le développement des voûtes (quand ils sont datés, ils le sont tous tardivement, des années 1650-1700), se ressentent de l'influence de Saenredam, au point de faire supposer avec quelque raison qu'il a été son élève ; une différence toutefois les sépare, les intérieurs d'églises de Nickelen sont habités. L'art de Nickelen, sans nulle fantaisie, comme déjà celui de Saenredam, vise avant tout à l'expression de l'espace et se montre par là plus austère et plus tendu, et fort différent de celui des autres peintres d'architecture néerlandais, tels que ceux de Delft (Houckgeest, Vliet, Blieck) ou Emmanuel de Witte. On trouve des œuvres de Nickelen dans les musées de Copenhague (1681, 1695), de Haarlem (1693), d'Amsterdam, de Bruxelles, de Cambridge, de Leningrad.

 
Son fils Jan (Haarlem 1656 – Kassel 1721) fut peintre à la cour de Düsseldorf en 1712 ; il a laissé des intérieurs d'église, mais aussi des paysages classicisants (21 à Dresde [Gg]) et des Vues de châteaux (musée de Kassel).

Nicola di Maestro Antonio d'Ancona

Peintre italien originaire des Marches (seconde moitié du XVe s.).

Il se forme à Padoue, comme le révèle une Crucifixion que lui attribue R. Longhi (v. 1460, Venise, Accademia), dans laquelle on remarque, en même temps qu'une graphie minutieuse, une âpreté dramatique et un reflet du goût " eyckien " dans le paysage. De retour dans son pays, il trouve dans l'exemple de Bartolomeo di Tommaso da Foligno un aliment pour son expressionnisme exaspéré et presque caricatural. Sa culture, complexe, emprunte également au style de Crivelli, qui travaille longtemps dans les Marches, et même à celui de Piero della Francesca, dont on perçoit l'écho dans la Pala avec la Madone et quatre saints de 1472 (Pittsburgh, Carnegie Inst.) et dans la Pala Massimo : Madone avec quatre saints (Rome, palais Massimo ; Résurrection, lunette à la Pin. Sabauda de Turin ; prédelle au musée de Brooklyn). On lui doit également une Madone trônant (Minneapolis, Inst. of Arts), un Saint Jacques et un Saint François (Avignon, Petit Palais) provenant du même ensemble qu'un Saint Jean-Baptiste (Baltimore, Walters Art Gal.), plusieurs figures de Saints (Oxford, Ashmolean Museum ; Londres, Courtauld Inst.). Nicola di Maestro Antonio demeure l'une des plus singulières personnalités de cette peinture violente et souvent inspirée qui naquit dans les Marches au cours de la seconde moitié du XVe s.

Nicolau (Pedro)

Peintre espagnol (actif à Valence de 1390 à 1408).

Nicolau est l'une des personnalités les plus célèbres de l'école valencienne autour de 1400, l'un des principaux foyers européens du style Gothique international. Aux côtés du Florentin Gherardo Starnina et du Nordique Andrés Marzal de Sax, présents à Valence dans la dernière décennie du XIVe s., il semble avoir joué un rôle d'initiateur dans ce renouveau pictural. Parmi les nombreux retables connus par des documents entre 1390 et 1408, six étaient destinés à la cathédrale de Valence et deux devaient être exécutés en collaboration avec Marzal de Sax. Ils ont malheureusement disparu. Seul, le Retable de la Vierge (panneaux latéraux au musée des Beaux-Arts de Valence) peint en 1404 pour l'église de Sarrión (prov. de Teruel) peut servir de base pour apprécier son style et permettre de lui attribuer une série d'œuvres : la Vierge d'humilité (Prado) et les Retables des sept joies de la Vierge (musée de Bilbao et ermitage de S. Cruz de Moya). Dessinateur élégant et exubérant, coloriste raffiné, Nicolau semble bien être le propagateur d'un type de retable comprenant au centre, une Vierge sur un trône entourée d'un chœur d'anges musiciens et, sur les panneaux latéraux, de petites scènes illustrant la vie de la Vierge. On remarque dans ces compositions une intense vitalité narrative, un expressionnisme presque germanique, une recherche maniérée dans les attitudes, qui justifient ses contacts avec Marzal de Sax mais aussi avec des Flamands et des Italiens.

   Une vaste production de retables valenciens, durant les premières décennies du XVe s., relève du style et de la manière de Pedro Nicolau. Nous connaissons les noms de quelques-uns de ses collaborateurs, et nombreux sont ceux qui subirent leur influence : Jaime Mateu, son neveu, Gabriel Marti, Antonio et Gonzalo Pérez, le Maître de Burgo de Osma et Miguel Alcañiz.