Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Loewensberg (Verena)

Peintre suisse (Zurich 1912 – id. 1986).

Verena Loewensberg est, avec Max Bill, Richard Paul Lohse et Camille Graeser, le principal représentant du mouvement de l'art concret zurichois. Elle a effectué ses études à la Kunstgewerbeschule de Bâle, de 1927 à 1929. Elle est passée par Paris, où elle a suivi les cours de l'Académie moderne en 1935, et a rencontré Auguste Herbin. Ses premiers tableaux abstraits datent de 1936. Dès 1937, elle adhère à l'association Allianz : elle participera ensuite à toutes les grandes manifestations qui marquent l'histoire de l'avant-garde suisse. Ses premiers tableaux, dans la direction du Constructivisme, datent de la fin des années 30 : elle est alors marquée par Mondrian, comme le montre son tableau Peinture n° 50 (1942, Winterthur, Kunstmuseum), qui reprend la grille du Néo-Plasticisme. Verena Loewensberg va ensuite explorer de très nombreux thèmes en mettant l'accent sur l'occupation du champ pictural, l'utilisation de la couleur et des formes dans un esprit systématique, sans toutefois la rigueur que l'on trouve chez Richard Paul Lohse ou encore chez Max Bill. Verena Loewensberg aura une rétrospective présentée au Kunsthaus de Zurich en 1981. Son œuvre est principalement représentée dans les musées suisses.

Lohse (Richard Paul)

Peintre, graphiste, théoricien suisse (Zurich 1902 – id. 1988).

Avec Max Bill, Camille Graeser et Verena Loewensberg, Lohse est le principal représentant de ce groupe d'artistes appelés " Concrets zurichois " qui ont approfondi la recherche de la rigueur qu'exigeait la peinture non figurative de tendance géométrique. Après une période de tâtonnements qui s'achève en 1935, les premiers tableaux de Lohse traduisent l'influence du Constructivisme par l'utilisation des diagonales et des groupes de formes disposés sur un fond (Transformation de 4 figures identiques, 1942, Bâle, Kunstmuseum). Il développe parallèlement une remarquable activité de graphiste, en particulier dans le domaine de l'affiche, et se consacre à la propagande en faveur de l'avant-garde en créant par exemple avec Leo Leuppi en 1937 l'association des artistes suisses Allianz ou en participant à la revue Abstrakt +Konkret (1944-45). À partir de 1943, analysant l'œuvre de Mondrian, Bart Van der Leck et Théo Van Doesburg en particulier, ainsi que celle de Josef Albers exécutée au Bauhaus, Lohse adopte un parti fondé uniquement sur les directions horizontales et verticales. Les formes employées, lignes, carrés, multiples de carrés, c'est-à-dire des formes neutres et anonymes immédiatement lisibles, sont disposées dans un espace à deux dimensions : elles structurent la totalité du champ pictural sans créer de motif et en abolissant la dualité forme-fond. Les couleurs sont choisies selon un principe strict, posées en aplats, sans facture apparente. La composition est entièrement programmée, les couleurs et les formes étant numérotées et considérées comme des quantités mesurables ; le tableau devient ainsi l'illustration visuelle d'un système qui est indiqué dans le titre de l'œuvre (12 Progressions horizontales et 12 progressions verticales, 1943-44 ; Six rangées de couleurs verticales systématiques, 1950-1972, musée de Grenoble). À partir de cette date, l'œuvre entier de Lohse sera consacré à l'exploration systématique de thèmes fondés sur le principe du module ou de la série (Neuf fois quatre groupes progressifs de couleurs s'interpénétrant, 1988). Par son œuvre, ses écrits, son activité d'éditeur — il a été rédacteur en chef de la revue Bauen + Wohnen —, Richard Paul Lohse a exercé une profonde influence dans de nombreux milieux artistique de la Suisse et de l'Europe. Son œuvre est bien représentée dans les musées suisses et allemands, ainsi qu'aux Pays-Bas (Gemeentemuseum, La Haye ; Stedelijk Van Abbemuseum, Eindhoven ; Stedelijk Museum, Amsterdam) et en France (M. N. A. M. et musée de Grenoble). De nombreuses rétrospectives lui ont été consacrées, en particulier en 1988 au musée de Grenoble et à celui de Kassel.

Loir (Nicolas)

Peintre français (Paris 1624  – ?1679).

Issu d'une famille d'orfèvres et de graveurs, élève de Bourdon, il est très influencé par Poussin, dont il admire les œuvres en Italie (1647-1649). Il peint le may de 1650, inspiré de Raphaël (Saint Paul et le prophète Elymas, Notre-Dame de Paris). En 1663, il est reçu à l'Académie : Allégorie des progrès de la peinture et de la sculpture (Compiègne, musée Vivenel). Il peignit de nombreux tableaux dans le goût de Poussin (Moïse sauvé des eaux et Rébecca, musée d'Angers ; Allégorie, musée de Perpignan) ; il fut aussi l'auteur de bonnes estampes, de sujets religieux principalement. Il travailla à la décoration des Tuileries et de Versailles. Pour Versailles, il peignit 7 tableaux destinés au grand appartement de Marie-Thérèse, dont 3 (Bérénice et Ptolémée, Policrite, musée de Cherbourg ; Phithopolis, musée de Bourg-en-Bresse) furent exposés au Salon de 1673. Le Louvre conserve deux œuvres de Loir (Reine s'adressant à des soldats ; Prise d'habit de saint Guillaume d'Aquitaine).

Loiseau (Gustave)

Peintre français (Paris 1865  – id.  1935).

Paysagiste autodidacte, il séjourna en 1890 à Pont-Aven, où il rencontra Gauguin, Maufra et Émile Bernard. Il exposa de 1890 à 1896 avec les postimpressionnistes chez Durand-Ruel et Le Barc de Bouteville. Mais il s'inspira surtout des impressionnistes, et plus particulièrement de Monet. Il laissa de nombreuses vues de Normandie (Dieppe), de Pontoise, de la Dordogne, de Bretagne et de Paris (musées de Pau, Reims, Rennes, Rouen).

Lombard (Lambert)

Artiste liégeois (Liège 1505  – id.  1566).

Il fut tout à la fois peintre, dessinateur, architecte, numismate, archéologue, auteur de projets pour les verriers, les sculpteurs et les graveurs. Il réalisa à Liège ce que Gossaert, qu'il a dû rencontrer à Middelbourg, a accompli pour les Pays-Bas. Affranchi de toute tradition gothique, il s'affirma comme l'adepte de la Renaissance italienne et le théoricien du Romanisme. Il effectua plusieurs voyages dans les Pays-Bas du Nord, en Allemagne et peut-être en France, mais son séjour à Rome en 1537-38, destiné à acquérir des œuvres d'art pour son mécène l'évêque de Liège, fut déterminant et renforça son goût pour la sculpture et l'architecture de l'Antiquité et les maîtres italiens contemporains (Mantegna, Michel-Ange, B. Bandinelli). Beaucoup de ses œuvres ont malheureusement été détruites, ainsi les peintures murales du chœur et du transept de l'ancienne collégiale Saint-Paul de Liège. Aucune peinture, en raison de l'absence de signatures ou de documents, ne peut lui être attribuée avec une absolue certitude. Cependant, les spécialistes s'acordent généralement pour lui donner les panneaux (Scènes de la vie de saint Denis) du retable de l'église Saint-Denis à Liège, le Sacrifice (Liège, musée de l'Art wallon), la Multiplication des pains (Blockley, coll. E.g.S. Churchill) ainsi que des portraits : le Portrait de l'artiste (Liège, musée de l'Art wallon) et Le Filoguet (id.). La documentation la plus importante sur Lombard est fournie par ses dessins, dont la plus grande partie (env. 600) est conservée au cabinet des Estampes de Liège, le reste étant réparti entre divers musées : Berlin, Düsseldorf (Résurrection de Lazare, 1544), Lille, Londres, Rome, Varsovie. Ces dessins, exécutés à la plume sur un tracé préalable à la sanguine, sont le plus souvent signés en toutes lettres. Beaucoup semblent avoir été exécutés à l'usage des décorateurs et des peintres verriers.

   On sait que Lombard a travaillé aux projets des vitraux de la cathédrale Saint-Lambert à Liège (détruite) ; on reconnaît son style aux verrières de l'abside de la cathédrale Saint-Paul à Liège (1557-1559). Peut-être Lombard serait-il également l'auteur des vitraux de Saint-Antoine et de Saint-Servais de Liège, du chœur de la cathédrale de Lichfield.

   De nombreuses estampes furent exécutées d'après ses œuvres par des graveurs spécialisés, comme Cornelis de Bos, Peter Mirycinus, Ghisi, Lambert Suavius. En tant qu'architecte, Lombard dessina les plans de constructions importantes et l'on s'accorde à reconnaître le rôle éminent qu'il joua. La renommée de Lombard, très célèbre en son temps, est attestée par Vasari et Van Mander ; à son retour d'Italie, en fondant dans sa ville natale une académie, Lambert Lombard exerça son influence sur des élèves tels que Frans Floris, Willem Key, Hubert Goltzius, Dominicus Lampsonius et les Liégeois Lambert Suavius, Jean Ramey et Pierre Dufour.