Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Kabakov (Ilya)

Artiste russe (Dniepropetrovsk 1933).

Installé à Moscou dès 1945, Kabakov poursuit en parallèle, depuis 1956, sa création artistique et sa carrière d'illustrateur de livres pour enfants. Dessins, série des Albums (1970-1978), peintures auxquelles il intègre parfois des objets, tous ces supports deviennent lieux d'une interrogation sur l'œuvre d'art, son contexte et les systèmes qui la régissent par le biais d'un réseau relationnel complexe entre image et texte mêlés. Sa démarche rejoint celle du Sotsart, mouvement d'avant-garde soviétique né en 1972 qui entend se positionner face à l'art officiel. Ainsi, dans son travail pictural, s'il recopie, par la maîtrise d'un savoir-faire académique, des reproductions de tableaux réalistes, c'est pour démonter analytiquement les moyens propres à une tradition spécifiquement nationale. Au début des années 1980, il poursuit cette recherche dans des installations— travail qui le fera connaître en Europe dès 1985 où se multiplient ses interventions. Il quitte son pays d'origine en 1988, année de création de sa première " installation totale " (les Dix Personnages). Depuis, artiste nomade, il se concentre essentiellement sur ce concept. On peut recenser environ soixante-dix installations, métaphores de l'univers soviétique, espaces de résistance aux utopies de masse, espaces perceptifs non dominés par une pensée unique. En 1993, la Biennale de Venise couronne son Pavillon rouge. Une exposition lui est consacrée (Francfort, Bruxelles, Ljubljana [Slovénie]) en 1996.

Kager (Matthias)

Peintre allemand (Munich 1575  – Augsbourg 1634).

Il fit son apprentissage à Munich. Si aucun document ne vient confirmer sa formation ultérieure chez F. Sustris et s'il n'existe pas de témoignage de son voyage en Italie (v. 1596), ses œuvres n'en révèlent pas moins un séjour à Venise, où il fréquenta aussi l'atelier de Rottenhammer. Après avoir été quelque temps au service de la cour de Munich, Kager se fixe en 1603 à Augsbourg, où il joue avec l'architecte Elias Holl un rôle prépondérant dans la vie artistique et politique de la ville, siégeant au conseil avant d'être élu bourgmestre en 1631.

   Issu du Maniérisme, son style s'enrichit, en outre, d'emprunts directs à l'école vénitienne (Véronèse, Bassano) et à Rottenhammer. Ses œuvres de jeunesse, fort éclectiques, seront suivies v. 1610 de compositions plus harmonieuses, faisant écho à un certain classicisme augsbourgeois, perceptible également dans l'œuvre de Rottenhammer. Par la suite, Kager sera l'un des premiers peintres de l'Allemagne du Sud à se montrer réceptif à l'art de Rubens.

   Son œuvre comprend des tableaux, des fresques, des miniatures, des estampes, des projets d'art décoratif et d'architecture, ainsi que des projets architecturaux. De 1622 à 1626, Kager déploya son talent d'ornemaniste dans la décoration de l'hôtel de ville d'Augsbourg, où la couleur ajoutait au vaste programme iconographique (plafond de la " Salle d'or ", détruite en 1945, tableaux des chambres princières, musée d'Augsbourg). Son œuvre se limite à des thèmes historiques et à des retables (Ascension du Christ, Assomption, Adoration des mages, 1609, Augsbourg, église Saint-Ulrich ; Extase de saint Bernard, 1619, Aldersbach, près de Passau, église de l'Assomption ; Adoration des bergers, 1626, Freising, église Sainte-Marie-Saint-Corbinian ; Déploration du Christ, 1629, Ingolstadt, église Notre-Dame). L'exécution des tableaux atteignit rarement à la qualité de ses dessins, d'une plus grande originalité (Munich, cabinet des Dessins). Quant aux nombreuses façades décorées par Kager, seules des gravures en témoignent (Augsbourg, maison Weber). L'artiste eut pour élève Kaspar Strauss. Il est encore représenté au musée de Nuremberg et au K. M. de Vienne.

Kahlo (Frida)

Peintre mexicaine (Cayoacan 1907  –id. 1954).

Frida Kahlo fait ses études à l'École préparatoire nationale de Mexico (1922-25) et vient à la peinture après un terrible accident de tramway survenu en 1925, dont elle conservera des séquelles. Mariée à Diego Rivera, et bien qu'elle ait suivit son engagement politique, elle développe une œuvre singulière aux antipodes du muralisme mexicain. Ses toiles, de dimension réduite, se répartissent en représentations hallucinées de ses souvenirs et souffrances physiques (la Colonne brisée, 1944, Fondation Dolores Olmedo) et en portraits, de son mari, de ses amis et surtout d'elle-même (Autoportrait aux singes, 1943 ; Autoportrait, vers 1938, Paris, M. N. A. M). La technique soignée et précise, l'attention portée aux détails, les couleurs vives témoignent de son intérêt pour l'art populaire, notamment les ex-voto, et pour la photographie. Sa peinture suscite l'intérêt de Breton : l'année de leur rencontre, en 1938, il préface le catalogue de sa première exposition individuelle, galerie Julian Levy à New York. Depuis son œuvre a fait l'objet de plusieurs rétrospectives, la dernière remonte à 1982, à la Whitechapel Art Gallery. Sa maison de Cayoacan a été transformée en musée en 1958.

Kalckreuth (Léopold, comte de)

Peintre allemand (Düsseldorf 1855 – Eddelsen, près de Hambourg, 1928).

Il reçut de son père, Stanislas, paysagiste romantique, et de l'Académie de Munich (1879-1884, avec Benezur et Piloty) une formation conventionnelle. C'est à Dachau, le Barbizon munichois, et lors d'un premier voyage en Hollande, entrepris sur les conseils de Liebermann (Funérailles à Dachau, 1883, musée de Weimar), qu'il trouve sa voie. Ses premiers tableaux de la vie rustique s'inspirent encore de Millet, mais leur caractère symbolique, souvent exprimé par la représentation monumentale de l'homme lié à la terre par le labeur, est plus prononcé (l'Été, 1890, Brême, K. ; la Vie, 1898, triptyque, Munich, N. P.). La portée symbolique des toiles s'affaiblit dès que l'artiste transpose en peinture des expériences vécues. Ses portraits sont l'objet de compositions sobres et presque monumentales (Wolf accroupi, 1900, Hambourg, Kunsthalle ; Marie Zacharias, 1904, id.). Dans ses paysages purs, Kalckreuth s'applique à rendre l'honrizontalité des vastes étendues contemplées en Hollande, dans la plaine silésienne et dans le port de Hambourg (le Retour des travailleurs sur l'Elbe, 1894, id.). Il fut professeur à Weimar (1885-1890), à Karlsruhe (1895-1899), directeur de l'Académie de Stuttgard (1900-1905) et il occupa à partir de 1903 la chaire de président de la nouvelle association des artistes (Künstlerbund), qui regroupait les diverses sécessions. Sa personnalité artistique séduisit surtout Lichtwark, qui l'appela à Hambourg, aux côtés de Liebermann et de Corinth (Alfred Lichwark, 1912, Hambourg, Kunsthalle ; Portrait de l'épouse de l'artiste, 1902, Dresde, Gg). Kalckreuth est représenté à Hambourg (Kunsthalle), au musée de Karlsruhe, à Cologne (W. R. M.), à Stuttgart (Staatsgal.), aux musées de Weimar et de Wiesbaden.