Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Schuller (Gunther)

Compositeur, chef d'orchestre et pédagogue américain (New York 1925).

Fils d'un violoniste de la Philharmonie de New York, il étudia la composition, la flûte et le cor (1938-1942), jouant, dès 1944, comme corniste un concerto écrit par lui. Il cessa de jouer du cor en 1959. Comme pédagogue, il a enseigné à la Manhattan School of Music (1950-1963), à la Yale School of Music (1964-1967) et au New England Conservatory, qu'il présida de 1967 à 1977. Il a également travaillé à Tanglewood, notamment comme codirecteur artistique (à partir de 1969). Il a, enfin, réalisé de nombreux programmes à la radio et à la télévision et édité des œuvres de Charles Ives, Scot Joplin et Kurt Weill.

   Comme compositeur, Schuller s'est formé, pour l'essentiel, en autodidacte et s'est toujours largement inspiré du jazz, tout en s'efforçant parfois de le faire bénéficier des acquis sériels. Il a développé la notion de musique third stream (« troisième courant »), concevant celle-ci comme un amalgame du jazz et des tendances les plus savantes et les plus avancées. Son œuvre la plus célèbre est l'opéra The Visitation, d'après Kafka (créé à Hambourg en 1966).

Schuman (William)

Compositeur américain (New York 1910 – id. 1992).

Élève de l'université Columbia, il a fait ses premiers pas dans le jazz et la variété, avant de rencontrer Roy Harris (qui attira sur lui l'attention de Copland et de Koussevitski) et de poursuivre avec lui des études sérieuses à la Juilliard School. En 1939, Koussevitski dirigea son American Festival Overture, puis créa la Symphonie no 3 (1941), A Free Song, cantate d'après Walt Whitman (1942-43), qui valut au compositeur le prix Pulitzer, et la Symphonie pour cordes (symphonie no 5, 1943). William Schuman enseigna au Sarah Lawrence College (1935-1945), et fut nommé, en 1945, président de la Juilliard School (il fut ainsi à l'origine de la formation du quatuor à cordes du même nom). Dans l'intervalle, il avait été quelques mois directeur de publications aux éditions Schirmer. De 1962 à 1969, il fut président du Lincoln Center de New York. Sa musique est surtout orchestrale, et de cette production se détachent 10 symphonies, dont les deux premières (1935-36 et 1937) retirées par l'auteur. Douze années séparent la 6e (1948) de la 7e (1960). La 9e, dite Le Fosse ardeatine, date de 1968, et la 10e, dite American Muse, de 1976. Dans un style éclectique, il a composé également de la musique de chambre et des œuvres vocales, ainsi que quelques partitions pour la scène, dont les ballets Undertow (1965), Judith (1949-1950) et The Witch of Endor (1965), et l'opéra The Mighty Casey (1951-1953 ; rév. cantate 1976).

Schumann (Clara) , née Wieck

Pianiste et femme compositeur allemande (Leipzig 1819 – Francfort-sur-le-Main 1896).

Élève de son père, Friedrich Wieck, elle donna son premier concert en 1828 à Leipzig. En 1831, au début de sa première tournée qui la conduisit à Paris, elle joua devant Goethe. Au retour, elle compléta ses études de composition. Sa renommée précoce lui valut d'être nommée pianiste de la cour d'Autriche en 1838. L'année suivante, au cours d'un second séjour à Paris où elle songea à se fixer, elle fit connaître à un cercle restreint les premières œuvres qu'elle avait inspirées à Robert Schumann. Elle l'épousa le 12 septembre 1840, au terme d'une longue et douloureuse attente provoquée par l'opposition de Wieck. Grâce à Schumann qui l'initia intensivement à J. S. Bach et à Beethoven, la virtuose qu'elle était devint l'une des premières interprètes de son temps. Mais sa carrière fut entravée par huit maternités. Jusqu'en 1856, elle n'effectua que deux tournées importantes, l'une au Danemark (1842), l'autre en Russie (1844), et créa à Leipzig, le 1er janvier 1846, le concerto pour piano que Schumann avait conçu pour elle. Un peu avant la mort de celui-ci, elle reprit par nécessité la vie errante de concertiste, moralement soutenue par l'amitié passionnée que lui vouait Johannes Brahms. De 1856 à 1891, année de son dernier concert public, elle se rendit seize fois en Angleterre, deux fois à Paris (1862 et 1863), où elle joua avec le quatuor Armingaud le quintette que Schumann lui avait dédié, fit une seconde tournée en Russie (1864) et donna plusieurs concerts avec le violoniste Joseph Joachim. Dans son répertoire qui s'étendait de Bach à Brahms, elle marqua toujours une prédilection pour les œuvres les plus brillantes de Schumann. Son jeu, bien que puissant et timbré, était basé sur une technique opposée à celle de Liszt, pour qui elle avait peu de sympathie. D'esprit conservateur, elle prit parti pour Brahms contre Wagner. En 1878, elle fut nommée professeur au conservatoire de Francfort. Elle établit, en collaboration avec Brahms, une édition complète des œuvres de Schumann (1881-1893) et publia en 1885 sa correspondance de jeunesse.

   Inspiratrice et conseillère de deux des plus grands musiciens du romantisme, Clara Schumann a sous-estimé ses dons de compositeur. Sa production, une quarantaine d'œuvres, est d'une réelle qualité. L'ensemble des pièces pour piano écrites avant 1840, sous l'influence de Chopin et de Mendelssohn, est dominé par le concerto op. 7 (1835). Ensuite, son évolution suit celle de Schumann et culmine avec le trio op. 17 (1847). Ce sont surtout ses trois recueils de lieder (1840, 1844, 1853) qui sont remarquables. Schumann, qui avait déjà écrit ses Impromptus op. 5, ses Davidsbündlertänze op. 6 et sa 3e Sonate op. 14 à partir de motifs empruntés à des œuvres de sa fiancée, a inclus dans son Liebesfrühling op. 37 (1840) trois lieder de l'opus 12 de Clara, qui égalent sa propre inspiration.

Schumann (Elisabeth)

Soprano allemande (Mersebourg an der Saale 1888 – New York 1952).

Elle fit ses débuts en 1909 à Hambourg dans Tannhäuser (rôle du berger). Elle se produisit pour la première fois au Metropolitan Opera de New York en 1914. Engagée à l'Opéra de Vienne en 1919, elle y demeura jusqu'en 1937, tout en paraissant régulièrement aux festivals de Salzbourg et de Munich. Elle quitta l'Autriche au moment de l'Anschluss et se fixa aux États-Unis, où elle enseigna le chant. Elle fut incomparable dans les rôles légers de Mozart (Suzanne, Zerine, Blondine) et son incarnation de Sophie, dans le Chevalier à la rose de Richard Strauss, fut rarement égalée. Elle possédait une voix dont la pureté était extrême. Le raffinement musical de ses interprétations en fit aussi une admirable interprète de lieder.