Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
F

final
ou finale

On emploie indifféremment les deux formes de ce nom masculin, dont la seconde n'est pas un féminin mais un emprunt à l'italien. L'expression est surtout usitée dans le théâtre lyrique, où elle désigne la dernière scène non seulement de l'ouvrage, mais aussi de certains autres actes lorsque celle-ci revêt une certaine ampleur et présente un caractère brillant. Au XVIIIe siècle, le final d'opéra-comique se différenciait souvent des autres morceaux par sa musique ininterrompue, comportant une suite de scènes juxtaposées qui contrastait avec la brièveté des morceaux isolés précédents ; le final d'opéra était souvent un morceau de bravoure faisant appel à toute la maîtrise du compositeur, avec ensembles vocaux (quintette, sextuor, etc.) et larges développements musicaux. À partir du classicisme viennois, on appelle aussi finale le dernier mouvement d'une sonate, d'une symphonie, d'un quatuor. Ces mouvements ayant souvent un aspect brillant ou véloce, on retrouve parfois le terme pour désigner des morceaux isolés de même caractère (C. Franck, Finale pour orgue).

finale

Nom féminin, à ne pas confondre avec final. Note terminale d'une mélodie, souvent confondue avec la tonique du mode, ce qui est non moins souvent controversé. En chant grégorien, la tonique porte de préférence le nom de finale, mais les deux notions peuvent diverger : dans la psalmodie, par exemple, la finale formulaire réelle n'est pas toujours, loin de là, la tonique modale.

Finck (Heinrich)

Compositeur allemand (Bamberg ?, v. 1445 – Vienne 1527).

Après avoir passé, semble-t-il, la plus grande partie de son existence à la cour de Cracovie où il a été enfant de chœur (1460-1470), puis maître de chapelle (1498-1505), c'est à un âge avancé (1510) qu'il est appelé à Stuttgart, à la cour du duc Ulrich de Wurtemberg. De 1514 à 1519 il est probablement au service de Maximilien. Vers 1520, il est compositeur au chapitre de Salzbourg. Peu de temps avant sa mort, il reçoit de Ferdinand Ier la direction de la chapelle impériale. Cette longue existence et son parcours expliquent les contrastes d'une œuvre dont les premiers témoignages, comme les hymnes du manuscrit de Berlin (40021), traduisent une écriture sévère aux lignes brisées. Les 29 chansons publiées en 1536 par J. Formschneider, les 22 hymnes des Sacrorum hymnorum (Wittemberg, 1542) ou la Missa in summis (à 6 v.) portent en revanche la marque du style franco-flamand de l'époque josquinienne.

Fine (Vivian)

Femme compositeur américaine (Chicago 1913 – Hoosick Falls, État de New York, 2000).

Elle a fait des études dans sa ville natale au Collège de musique et au Conservatoire américain, où elle a été l'élève de Ruth Crawford-Seeger, puis à l'école Jaques-Dalcroze de New York ; elle a aussi été l'élève de Djane Lavoie-Herz ­ elle-même disciple de Scriabine (piano), de Roger Sessions (composition) et de George Szell (orchestration). Vivian Fine a fait une carrière de pianiste spécialisée dans la musique contemporaine et a eu une très importante activité de pédagogue dans différentes villes des États-Unis, notamment à l'université et à la Juilliard School de New York. Son œuvre, qui révèle l'influence de ses maîtres, de Cowell et de Copland, comprend essentiellement des pièces pour diverses petites formations instrumentales auxquelles se joint parfois la voix humaine.

Finissy (Michael)

Compositeur anglais (Londres 1946).

Après des études musicales au Royal College of Music de Londres, il fait un long séjour en Italie. Excellent pianiste, il mène une double carrière de concertiste et de compositeur. Loin de s'enfermer dans sa spécialité, il se montre attiré par les arts visuels et compose de la musique de ballet ou de film. Il s'est intéressé aussi à l'opéra de chambre. Influencé par le cinéma, en particulier par celui d'Eisenstein, il a essayé de transposer dans des formes proprement musicales le montage parallèle et d'autres techniques cinématographiques. De son catalogue, bien rempli, il faut citer avant tout Light Matter pour ténor, mimes et danseurs, hautbois d'amour, guitare et percussion, œuvre donnée en 1975 au Festival de Royan. Il a écrit en outre sept concertos pour piano (1975-1981), Offshore pour orchestre (1976), Whitman pour voix et instruments (1981-1983), un quatuor à cordes (1984), ainsi que l'opéra The Undivine Comedy (1988).

Finke (Fidelio)

Compositeur allemand (Josefstal, Bohême, 1891-Dresde 1968).

Il a occupé jusqu'en 1939 divers postes à Prague, et enseigné à Dresde de 1946 à 1951, puis à Leipzig de 1951 à 1958. On lui doit notamment l'opéra Die Jakobsfahrt (1932-1935), diverses œuvres pour orchestre et cinq quatuors à cordes (de 1914 à 1964).

Finlande

Pays longtemps isolé du reste du monde, sous domination tantôt suédoise, tantôt russe, la Finlande n'atteint son indépendance artistique qu'au XIXe siècle, et politique au début du XXe siècle.

Les habitants primitifs, les Lapons, s'expriment par le chant pentatonique (joiku) dont 2 000 ans d'oppression n'ont pas réussi à éteindre la vitalité. Les envahisseurs finno-ougriens, venus de l'Oural, s'établissent en Finlande, en Estonie et en Hongrie et importent leur musique qui s'exprime sous des formes diverses : l'appel chanté du troupeau ; la musique instrumentale des flûtes et des cors d'écorce de bouleau ou de corne animale, instruments qui disparaissent les premiers et cèdent la place au kantele à 5 cordes, l'instrument national. À l'est, les pleureuses se transmettent les itkuvirsiä (« chants de pleureuse »), les chamans ont le privilège des chants magiques (loitsu) et les runonlaulajat (« chanteurs de vers ») récitent les poèmes inspirés des vieilles légendes (Kalevala, Kanteletar).

   La colonisation suédoise en 1150 apporte avec la christianisation une forme de plain-chant originaire du diocèse de Cologne, mais ce n'est qu'en 1488 que le premier missel est édité (Missale Aboense) où transparaît la tradition dominicaine de Paris. La diffusion musicale s'effectue alors par le moyen des écoles religieuses et il nous en reste les précieuses Piæ cantiones ecclesiasticæ et scholasticæ veterum episcoporum recueillies par Ruutha Theodoricus (né en 1560) et dont la deuxième édition date de 1625. La musique savante profane naît à la cour du duc Johan, au château de Turku (Åbo) en 1557, mais il faut attendre 1790 pour assister simultanément à la création de la Turun Soitannollinen Seura (« Société musicale de Turku ») et à l'établissement d'une bibliothèque musicale, riche de près de 2 000 ouvrages. Erik Tulindberg (1761-1814), conseiller à la Chambre royale, est le premier nom de l'histoire de la musique finlandaise (6 quatuors à cordes, 1 concerto pour violon), et Henrik Crusell (1775-1838), le premier compositeur et musicien à entreprendre une carrière internationale.

   En 1809, le pays passe sous domination russe, et Helsinki devient capitale en 1828 ; c'est alors que la conjonction des idées romantiques et des sentiments nationalistes nés à l'occasion de la libération de la domination suédoise et ensuite de la lutte contre l'oppression russe crée un mouvement irréversible et profond. Celui-ci, à travers l'édition du Kalevala (1re éd. 1835, éd. augmentée 1849) et du Kanteletar (1840) par Elias Lönnrot en passant par l'œuvre littéraire de Runeberg et de Snellman, se poursuit jusqu'à la libération en 1917 et donne naissance à une identité nationale qui s'exprime notamment dans toutes les formes artistiques.

Les premières bases d'une vie musicale

Tandis que naît une nouvelle expression musicale populaire qui part d'Ostrobotnie et se diffuse avec les pelimannit (du suédois spelman, « ménétrier ») et participe de la vie sociale finlandaise, à Helsinki, un Allemand, Frederik Pacius (1809-1891), élève de Ludwig Spohr, établit les premières bases d'une vie musicale. Ses successeurs, Richard Faltin (1835-1918), également allemand, et les Finlandais Axel Gabriel Ingelius (1822-1863) et Filip von Schantz (1835-1865) sont les pionniers d'un mouvement musical nationaliste (ouverture de Kullervo de von Schantz, 1860). Dès lors, les compositeurs découvrent la richesse de leur patrimoine ; ils s'intéressent non seulement aux textes mais également aux formules mélodiques et rythmiques de la musique des runonlaulajat. En témoigne l'édition, commencée en 1893 et qui se prolonge jusqu'en 1933, des Anciens poèmes du peuple finlandais, 33 volumes, qui réunit 1 270 000 pièces religieuses, danses, mélodies, fragments poétiques, œuvres pour kantele ou jouhikko (sorte de cithare à archet qui se trouve également en Estonie et en Suède : stråkharpa). Dès lors s'affirme et se développe une riche école de composition, esthétiquement tournée vers Leipzig et l'Allemagne : elle compte notamment parmi ses représentants Ernst Fredrik Fabritius (1842-1899), Martin Wegelius (1846-1906), fondateur de l'Institut de musique de Helsinki en 1882 (aujourd'hui l'Académie Sibelius), Robert Kajanus (1856-1933) qui crée en 1882 la Société orchestrale de Helsinki et va influencer le jeune Sibelius, Karl Flodin (1858-1925), Jean Sibelius (1865-1957), Ilmari Krohn (1867-1960), musicologue et spécialiste du folklore dont il édite près de 7 000 mélodies (Suomen kansan sävelmiä, 1893-1933), Oskar Merikanto (1868-1924), auteur de mélodies à succès, Armas Järnefelt (1869-1958), également chef d'orchestre réputé, Erkki Melartin (1875-1937), Heikki Klemetti (1876-1953), critique et créateur de la tradition chorale actuelle en Finlande, Selim Palmgren (1878-1951), surnommé le « Chopin du Nord », Toivo Kuula (1883-1918), trop tôt disparu, Armas Launis (1884-1959), dont plusieurs œuvres sont créées en France, Leevi Madetoja (1887-1947), symphoniste et auteur d'un des opéras nationaux Pohjalaisia (1923) et Heino Kaski (1885-1957).