Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
K

Krestianin (Féodor)

Chantre et compositeur russe ( ? v. 1530 – ? fin du XVIe s.).

L'un des premiers compositeurs russes répertoriés, il fut le musicien attitré du tsar Ivan IV le Terrible, dans la seconde moitié du XVIe siècle. Son œuvre, exclusivement religieuse, vocale et monodique, consiste en un développement très élaboré des chants znamenny (« neumatiques »). Il rassembla autour de lui tout un cénacle de chanteurs et de compositeurs. Le manuscrit de ses Stichères évangéliques fut déchiffré au XXe siècle par le musicologue soviétique Brajnikov.

Kretzschmar (Hermann)

Musicologue allemand (Olbernhau, Saxe, 1848 – Berlin 1924).

Après avoir été élève de la Kreuzschule de Dresde, puis du conservatoire de Leipzig, il soutint une thèse sur la notation musicale ancienne, De signis musicis quae scriptores per priman medis aevi partem usque ad Guidonis Aretini (Leipzig, 1871), et enseigna successivement au conservatoire de Leipzig (1871), à l'université de la même ville (1887), puis à l'université de Berlin (1904), avant de diriger la Hochschule für Musik de Berlin (1909-1920).

   Musicien cultivé, organiste et chef de chœur, il a écrit des œuvres pour orgue et compose de la musique vocale profane aussi bien que sacrée, mais c'est à son œuvre de théoricien qu'il doit sa notoriété. Il introduisit, en effet, l'herméneutique dans l'esthétique musicale, c'est-à-dire une analyse qui considérait les œuvres comme les signes d'émotions ou d'états d'âme vécus par les compositeurs.

   S'intéressant également à la pratique musicale, Kretzschmar publia notamment Führer durch den Konzertsaal (3 vol., Leipzig, 1888-1890), que d'autres spécialistes complétèrent après sa mort, et plusieurs manuels d'histoire de la musique. Il édita, d'autre part, les volumes 8, 9 et 42 de la Denkmäler deutscher Tonkunst, dont il fut l'éditeur général de 1911 à 1919.

Kreutzer (Conradin)

Compositeur et chef d'orchestre allemand (Messkirch, Bade, 1780 – Riga 1849).

Après des études de droit à Fribourg-en-Brisgau, il se consacra entièrement à la musique (1800), étudia à Vienne avec Johann Georg Albrechtsberger (1804), rencontra dans cette ville Franz Joseph Haydn, fut maître de chapelle à Stuttgart, puis à Donaueschingen (1818-1822), dirigea divers théâtres à Vienne (1822-1827, 1829-1832, 1833-1834 et 1834-1840) et, enfin, la musique à Cologne (1840-1842). De ses 30 opéras, le plus célèbre fut, en son temps, Das Nachtlager in Granada (Vienne, 1834). On lui doit aussi de la musique de chambre, dont un célèbre Septuor op. 62, et surtout des lieder, dont beaucoup sur des textes de Ludwig Uhland.

Kreutzer (Rodolphe)

Violoniste, pédagogue et compositeur français (Versailles 1766 – Genève 1831).

Il reçut ses premières leçons de son père, originaire de Breslau, étudia le violon avec Anton Stamitz et joua son premier concerto pour violon au Concert spirituel en 1784. Jeanne d'Arc (1790), Paul et Virginie (1791), le Franc Breton (1791) et Lodoiska (1791) furent les premiers de ses quelque 40 opéras-comiques et ouvrages pour la scène. Il enseigna le violon au Conservatoire de Paris, de sa fondation en 1795 à 1826. En 1798, il séjourna à Vienne dans la suite de l'ambassadeur Bernadotte et fit la connaissance de Beethoven, qui, par la suite, devait lui dédier sa Sonate pour piano et violon op. 47, dite Sonate à Kreutzer. Il ne sut rien de cette dédicace et ne joua jamais l'ouvrage. Il occupa plusieurs postes sous l'Empire et la Restauration. Influencé par Viotti, il fonda avec Baillot et Rode l'école française moderne de violon. Il écrivit pour son instrument 19 concertos ­ parmi lesquels le 16e (1804-1805) sur des thèmes de Haydn, dont on avait à tort annoncé la mort ­, de la musique de chambre et surtout ses 42 Études ou caprices (à l'origine 40, 1796), qui, aujourd'hui encore, font partie du matériel de base pour l'enseignement du violon.

Krieger

Famille de musiciens allemands.

 
Johann Philipp, compositeur (Nuremberg 1649 – Weissenfels 1725). Après un séjour au Danemark comme organiste à Saint-Pierre de Copenhague, il revient dans son pays natal et est nommé organiste à la cour du margrave de Bayreuth en 1670. Après un voyage en Italie, il retourne à la cour de Bayreuth comme maître de chapelle. Puis il passe au service de la cour ducale de Saxe comme organiste à Halle et second maître de chapelle dans cette même ville. En 1680, il travaille à Weissenfels (la ville où Schütz passa une partie de son enfance et les quinze dernières années de son existence) et, pratiquement, il y reste jusqu'à sa mort, avec la charge de premier chef d'orchestre à la Cour. Compositeur d'opéras (dont il ne reste que quelques airs), il a également laissé des œuvres pour le clavier (orgue ou clavecin) et divers recueils de musique de chambre : Sonates en trio, Sonates pour violon et viole de gambe, Lustige Feld-Musik pour instruments à vent, mais surtout 80 Concerts spirituels, motets et cantates, qui font le plus souvent songer à l'art de Buxtehude, la fantaisie visionnaire en moins.

 
Johann, compositeur (Nuremberg 1652 – Zittau 1735). Frère et élève du précédent, il travaille, comme lui, comme organiste à la cour de Bayreuth. Après de petites charges à Greiz et Eisenberg, il obtient le titre de director musices à Zittau, où il demeure jusqu'à sa mort. Auteur de musique vocale (Lieder et airs accompagnés) aussi bien qu'instrumentale (pages pour l'orgue et le clavecin), il est mieux qu'un petit maître, lui à qui le jeune Haendel portait un véritable culte.

   Son fils, Johann Gotthilf, lui succéda comme maître de chapelle à la cour de Weissenfels, jusqu'à la dissolution de ladite chapelle, en 1736.

Krieger (Adam)

Compositeur allemand (Driesen 1634 – Dresde 1666).

Il travailla la composition et l'orgue avec Samuel Scheidt à Halle et succéda à Rosenmüller comme maître de tribune à Saint-Nicolas de Leipzig, de 1655 à 1657. Nommé à la cour de Dresde (qu'il connaissait déjà, pour y avoir rencontré Heinrich Schütz, dont il peut être aussi considéré comme le disciple), il y exerça, jusqu'à sa mort, les fonctions d'organiste, contribuant au renom d'une chapelle qui avait compté dans ses rangs quelques chefs de file de l'école germanique.C'est, d'ailleurs, au fait que la chapelle électorale de Saxe était alors la première d'Allemagne que Krieger doit d'avoir eu la possibilité d'écrire pour la voix, plutôt que pour l'orgue. La maîtrise était célèbre pour la qualité de ses chantres et nul doute que c'est à eux que le musicien songeait en composant ses Arien (à 1, 2 et 3 voix) en 1657. Le succès que rencontrèrent ces 50 pièces (avec accompagnement de 2 violons, 1 basse de viole et du continuo) incita Krieger à écrire d'autres arien (de 1 à 5 voix, et avec accompagnement de 5 instruments à cordes et basse continue). Mais ce n'est qu'après sa mort que parurent ces 50 Neue Arien, qui marquent, avec le livre de 1657, le sommet du lied monodique au XVIIe siècle.