Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Zabaleta (Nicanor)

Harpiste espagnol (Saint-Sébastien 1907 – Porto Rico 1993).

Il fit ses études en Espagne, puis à Paris (Marcel Tournier, Samuel-Rousseau et Eugène Cools). D'abord harpiste de l'Orchestre symphonique de Madrid, il partit pour les États-Unis (1933) comme soliste et y mena pendant vingt ans une brillante carrière de virtuose et de concertiste qui incita beaucoup de compositeurs à écrire pour la harpe : Milhaud, Villa-Lobos, Tailleferre, Damase, Bacarisse, Krenek, Rodrigo. Il a en outre recherché les œuvres anciennes originales pour harpe, et a édité celles des compositeurs espagnols et portugais du XVIe au XIXe siècle, ainsi que certaines autres d'auteurs divers comme Bach et ses fils, Beethoven, Boieldieu, Hummel, Viotti. Il est l'un des artisans de l'adaptation de la harpe au répertoire contemporain, notamment par l'adjonction d'une grande pédale qui permet, en étouffant la résonance des ondes métalliques, un jeu plus net et plus clair.

Zach (Jan)

Compositeur et organiste tchèque (Celakovice 1699 – Ellwangen 1773).

Après avoir été organiste et violoniste de différentes paroisses de Prague, il ne put obtenir en 1737 le poste d'organiste de la cathédrale Saint-Guy, et décida de s'expatrier. Il parcourut l'Europe jusqu'en 1745, date à laquelle il succéda à son compatriote Jan Ondraček comme maître de chapelle du prince Électeur de Mayence. D'une humeur irascible, il fut suspendu en 1750 et congédié en 1756. Il recommença alors à voyager, séjournant notamment au monastère de Stams (Tyrol) et au collège des jésuites de Munich, ainsi que peut-être en Alsace. Auteur de musique instrumentale (sinfonias et partitas, pièces d'orgue) et sacrée (29 messes, pièces diverses, Requiem en ut mineur), il joua un rôle important dans le passage du baroque au préclassicisme. Un catalogue thématique de ses œuvres a été dressé par K. M. Komma (Cassel, 1938 ; suppl. par A. Gottron et W. Senn, Mayence, 1955) ; un autre est en préparation par W. Senn.

Zacharias (Christian)

Pianiste allemand (Jamshedpur, Inde, 1950).

Élève d'Irène Slavin à la Hochschule de Karlsruhe, il remporte en 1969 le Second Prix du Concours de Genève. De 1970 à 1973, il étudie le piano à Paris auprès de Vlado Perlemuter et remporte dans les deux années qui suivent plusieurs prix aux Concours Van Cliburn et Maurice Ravel. À partir de 1975, il se fait connaître dans le répertoire de piano solo ainsi qu'en formation de musique de chambre (avec en particulier Ulf Hoelscher et Heinrich Schiff). Son jeu, notamment dans les œuvres de Mozart, est marqué par l'intériorité et une grande finesse dans la recherche des timbres.

Zacher (Gerd)

Organiste allemand (Meppen, près d'Ems, 1929).

De 1949 à 1952, il étudia à l'académie de Detmold avec Kurt Thomas et Gunther Bialas, et en 1952 et 1953 aux cours d'été de Darmstadt, où il subit l'influence d'Olivier Messiaen. Puis en 1954, il fut enfin à Hambourg l'élève de Theodor Kaufmann, lui-même disciple de Busoni. Après avoir exercé de 1954 à 1957 les fonctions de cantor et d'organiste à l'église allemande évangélique de Santiago du Chili, il fut nommé en 1957 titulaire de l'orgue de la Luther-Kirche de Hambourg-Wellingbüttel, puis en 1968 directeur de la musique d'église à Lübeck. Très marqué par sa formation et par un répertoire largement ouvert à la musique contemporaine, il interprète de façon originale la musique classique. De nombreux musiciens d'avant-garde, parmi lesquels Juan Allende-Blin, John Cage, Mauricio Kagel, Ligeti, Isang Yun, ont écrit pour lui des œuvres d'orgue qu'il a données en première audition.

   Il fait usage des clusters ainsi que des variations de pression obtenues par ouverture progressive des registres. Il a créé en 1967, à Hambourg, Étude I de Ligeti et la Fantaisie pour orgue de Kagel, œuvres composées pour le dixième anniversaire de sa prise de fonction à la Luther-Kirche. Comme compositeur, il a surtout écrit pour l'église.

Zachow (Friedrich Wilhelm)

Compositeur et organiste allemand (Leipzig 1663 – Halle 1712).

Formé à la musique par son père Heinrich, « musicien de ville » à Leipzig, il fut nommé en 1684 titulaire de l'orgue de l'église Sainte-Marie de Halle (Liebfrauenkirche), poste qu'il devait occuper pendant toute sa carrière. Musicien consciencieux, formé aux disciplines fondamentales que l'on était en droit d'attendre de l'organiste de la première église de Halle, Zachow est surtout connu pour avoir été, de 1694 à 1702, le maître de Georg Friedrich Haendel. Une culture musicale fort étendue, une connaissance des développements de la musique italienne aussi bien qu'allemande ont contribué à l'ouverture d'esprit de son célèbre élève.

   Sa production propre est loin d'être négligeable. Elle comporte des pièces d'orgue et une trentaine de cantates (plus de quarante ont disparu) montrant à quel point était enracinée dès la fin du XVIIe siècle une tradition que Bach devait porter à sa perfection. Les compositions de Zachow ont été éditées par Max Seiffert dès 1905. Pour les éléments de biographie, nous dépendons principalement de la littérature consacrée à Haendel et aux légendes controuvées qui s'y sont greffées.

Zandonai (Riccardo)

Compositeur italien (Sacco di Rovereto 1883 – Pesaro 1944).

Élève de Mascagni au Lycée musical de Pesaro (dont il sera le directeur en 1940), il adhéra aux buts esthétiques de la jeune école lyrique italienne, mais sut ajouter à son idéal d'efficacité et de sensibilité parfois morbide un langage harmonique nouveau et un sens de l'orchestration hérité de Debussy et de Ravel. Encouragé par Boito et par l'éditeur Ricordi, Zandonai connut le succès avec le Grillon du foyer, d'après Dickens (1908), et surtout avec Conchita d'après Pierre Louýs (1911). C'est néanmoins grâce à D'Annunzio qu'il réussit son chef-d'œuvre, Francesca da Rimini (1914), y dressant des portraits d'une sensibilité frémissante, d'une étonnante vérité et d'une force dramatique nouvelle, sans aucune concession à la facilité, mêlant un langage vocal tour à tour violent et tendre à une orchestration raffinée.

   Enfermé dans la gloire de ce chef-d'œuvre, il ne se renouvela qu'imparfaitement dans ses huit opéras suivants, parmi lesquels Giulietta e Romeo (1922) et surtout I Cavalieri di Ekebu (1925), où le fantastique de la saga lui fournit l'occasion de renouveler son inspiration. On lui doit encore des œuvres concertantes avec orchestre, de la musique de chambre, des partitions de films, des ballets, un Requiem et un Te Deum.