Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
M

Martinelli (Giovanni)

Ténor italien (Montagnana 1885 – New York 1969).

Il fit ses débuts à Milan en 1910 dans le rôle d'Ernani de l'opéra de Verdi. Puccini le fit engager à Rome pour la première américaine de La Fanciulla del West. En 1913, il chanta pour la première fois au Metropolitan Opera de New York. Établi dans cette ville, il contribua, aux côtés de Rosa Ponselle, à faire du Metropolitan le premier théâtre Verdi du monde entre les deux guerres. Après avoir chanté plus de 50 rôles italiens différents, il aborda celui d'Othello, qui fut un de ses grands triomphes. Au moment où Lauritz Melchior chanta ce même rôle au Met, Martinelli y interprétait Tristan aux côtés de Kirsten Flagstad. On a dit de son timbre qu'il était d'argent plutôt que d'or. Il ne possédait pas une ampleur vocale exceptionnelle, mais communiquait à ses interprétations un caractère grandiose qui les recréait au plus haut niveau.

Martines (Mariannede)

Femme compositeur autrichienne d'origine espagnole (Vienne 1744 – id. 1812).

Première élève de Haydn dont le nom nous soit parvenu (1751-1752), protégée par Métastase, elle fit entendre dès 1761 une messe de sa composition. Elle composa aussi des concertos, des symphonies et des œuvres religieuses, dont l'oratorio Isacco (1782, livret de Métastase). Elle fut aussi chanteuse, et son salon, vers 1795, était un des plus célèbres de Vienne. Dans une autobiographie adressée au padre Martini et datée « Vienne, 16 décembre 1773 », elle déclara avoir eu comme maître son père, Haydn et Giuseppe Bonno.

Martinet (Jean-Louis)

Compositeur français (Sainte-Bazeille, Lot-et-Garonne, 1912).

Il fit ses études aux conservatoires de Bordeaux (1930-1934), puis de Paris, où il travailla avec Roger-Ducasse (composition), ainsi qu'avec Münch et Désormière (direction d'orchestre), et où il obtint un premier prix de composition en 1943. Il fut aussi l'élève de Ch. Kœchlin (contrepoint), et, en 1945, fut de ceux que René Leibowitz initia à la technique sérielle. Comme Boulez, il s'inspira de la poésie de Char, mais, contrairement à lui, il rechercha à la synthèse des diverses techniques d'écriture mises à sa disposition, se montrant notamment influencé par Bartók. On lui doit, entre autres, 7 Poèmes de René Char pour 4 voix solistes et orchestre (1951-52), le poème symphonique Orphée (1944-45), les fragments symphoniques Prométhée (1947), la symphonie dramatique le Triomphe de la mort (1967-1973), la cantate Sur le fleuve Tchou (1981-82), Passacaille pour orgue (1984). Il a enseigné de 1971 à 1976 la composition au conservatoire de Montréal.

Martini (padre Giovanni Battista)

Théoricien, musicologue et compositeur italien (Bologne 1706 – id. 1784).

Après avoir commencé à étudier avec son père, Antonio Maria, violoniste et violoncelliste, il poursuivit sa formation musicale avec A. Predieri et G. A. Ricieri, puis parfit ses connaissances avec F. A. Pistocchi (chant) et avec G. A. Perti (composition). Il entra chez les Franciscains en 1721, prononça ses vœux l'année suivante et devint officieusement en 1725, et officiellement deux ans plus tard, maître de chapelle de Saint-François de Bologne. Il fut enfin ordonné prêtre en 1729. Il devait rester en ce couvent de Bologne jusqu'à la fin de sa vie (refusant même le poste de maître de chapelle à Saint-Pierre de Rome) et s'y consacra à la musique et à la recherche musicologique.

   Homme remarquablement cultivé et ouvert, il jouit très tôt d'une renommée internationale et attira, par ses qualités intellectuelles et humaines, les plus grandes figures artistiques de son époque, comme en témoigne son abondante correspondance (Frédéric le Grand, Burney, Gluck, Marpurg, Métastase, Quantz, Rameau, Tartini). Pédagogue recherché, il compta parmi ses élèves F. Bertoni, S. Mattei, G. Sarti, ainsi que de nombreux autres musiciens (J. Chr. Bach, N. Jommelli, W. A. Mozart).

   Son enseignement et ses compositions reposaient sur une connaissance profonde de la polyphonie et du contrepoint, qu'il développa dans de nombreux canons (canons-énigmes surtout). Il écrivit beaucoup de musique sacrée (messes, litanies, oratorios), mais également de la musique profane vocale (intermezzos, arias) et instrumentale (sonates et pièces pour clavecin ou orgue, concertos divers, sinfonias). Malgré quelques concessions faites à l'art de son temps (en particulier au style concertant et au style galant), il reste plutôt attaché au passé, faisant parfois usage du stile antico et de l'écriture a cappella.

   Son œuvre musicologique est particulièrement remarquable par la richesse et la diversité des imprimés et manuscrits qu'il collecta. Burney estima l'importance de sa bibliothèque à 17 000 volumes, dont une partie (ainsi que sa correspondance) a été conservée au Museo bibliografico musicale de Bologne. Il envisageait d'écrire une Storia della musica, mais n'en publia que 3 volumes (1761, 1770, 1781), qui ne dépassent pas la musique antique. Il faut également citer son Esemplare ossia saggio fondamentale pratico di contrappunto sopra il canto fermo (1774), où il réunit, dans un but pédagogique, de nombreuses pièces des plus grands maîtres de la Renaissance et de l'époque baroque. Il est incontestablement l'un des grands musiciens du XVIIIe siècle, comme l'atteste la vénération dont l'entouraient ses contemporains, et a été à l'origine par sa conception plus systématique de la recherche musicale, d'un tournant décisif dans l'histoire de la musicologie.

Martini (Jean Paul Égide)
ou Jean Paul Schwarzendorf, dit Martini Il Tedesco

Compositeur français d'origine allemande (Freystadt, Bavière, 1741 – Paris 1816).

Il voyagea dans sa jeunesse sous le pseudonyme de « Schwarzendorf », et, après un séjour à Nancy au service de Stanislas Leczinski, arriva à Paris en 1764. Il y fut directeur de la musique du comte d'Artois et du théâtre de Monsieur (devenu théâtre Feydeau), et, en 1794, connut un triomphe avec son opéra Sappho. Il fut aussi inspecteur (1798) et professeur de composition (1800-1802) au Conservatoire, et, en 1814, Louis XVIII le nomma directeur de l'orchestre de sa Cour. Il écrivit dans sa jeunesse beaucoup de musique militaire, mais sa renommée lui vint surtout de ses opéras-comiques, parmi lesquels l'Amoureux de quinze ans (1771), Henri IV, ou la Bataille d'Ivry (1774), et Annette et Lubin (1789). La célèbre romance Plaisir d'amour lui a valu l'immortalité.