Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Pernet (André)

Basse française (Rambervillers, Vosges, 1894 – Paris 1966).

Il étudia à Paris avec Gresse et débuta à Nice en 1921. Engagé à l'Opéra de Paris, il y chanta régulièrement de 1928 à 1947. Pernet était un artiste lyrique d'une classe exceptionnelle, très représentatif de l'école de chant française à son meilleur niveau. Sa voix n'était pas d'une puissance exceptionnelle, mais la qualité de son timbre était inoubliable, et il possédait une absolue maîtrise des colorations les plus subtiles. Sa diction exemplaire, son talent d'acteur, en firent un des grands tragédiens lyriques de son époque. Il créa de nombreux opéras contemporains, dont Maximilien de Darius Milhaud et Œdipe de George Enesco. André Pernet était aussi extrêmement apprécié dans les rôles de Méphisto, de Boris Godounov et de Don Juan.

Pérotin

Le dernier et le plus célèbre des trois principaux déchanteurs qui illustrèrent, à la fin du XIIe siècle ou au début du XIIIe, l'école dite de Notre-Dame de Paris, les deux premiers étant maître Albert et maître Léonin. Les œuvres conservées de Pérotin, organa et conduits, parmi lesquelles les deux imposants « quadruples » Viderunt omnes et Sederunt principes, composés avant 1199, figurent à la place d'honneur dans les principaux manuscrits de l'école, mais le nom de leur auteur ne nous est connu que par un auteur anglais dit l'Anonyme IV de Coussemaker (nom du premier éditeur du texte) ; cet auteur écrivait au début du XIVe siècle et on en parle encore avec admiration. On a supposé qu'il pouvait s'agir d'un préchantre Pierre, mort en 1236, mais l'attribution reste hypothétique. Outre ces deux quadruples, l'Anonyme IV cite encore comme œuvres de Pérotin les conduits Salvatoris hodie et Beata viscera, des organa triples sur les alléluias Nativitas (dont Diffusa est est une seconde version) et Posui adjutorium. Aucune des autres œuvres, parfois mises sous son nom, ne présente de garantie d'attribution. Outre ses œuvres propres, Pérotin avait également remanié plusieurs organa de son prédécesseur Léonin, dont il avait, selon l'Anonyme IV, rédigé une version abrégée.

Pérou

Les premiers témoignages de la vie musicale péruvienne remontent, comme pour les autres pays d'Amérique latine, au XVIe siècle, et concernent surtout la musique religieuse, directement influencée par l'école espagnole. La cathédrale de Lima, en héritant des rites privilégiés de celle de Séville dans le domaine de la polyphonie vocale, devint rapidement l'un des grands centres de la culture musicale religieuse. Le premier compositeur péruvien connu est José de Orejón y Aparicio (1706-1765), organiste et maître de chapelle, dont les messes, cantates et passions attestent une grande noblesse d'inspiration.

   L'évolution fut cependant assez lente au Pérou, malgré un courant de nationalisme musical, dont José Bernardo Alzedo (1788-1878), auteur de 3 messes solennelles et de la Passion pour le dimanche des Rameaux, puis José Maria Valle Riestra (1859-1925) et Daniel Alomia Robles (1871-1942) ont été les promoteurs.

   L'Académie nationale de musique n'a été fondée qu'au début du XXe siècle, et c'est grâce à l'activité de son directeur, Federico Gerdes, que les grandes symphonies classiques ont été entendues, pour la première fois, à Lima. Entre les deux guerres, la vie musicale s'est notablement développée, et la plupart des compositeurs ont eu le souci d'incorporer aux structures européennes les mélodies traditionnelles du folklore inca. Citons Ernesto Lopez Maindreau, auteur des opéras Nueva Castilla et Francisco Pizarro, Pablo Chavez Aguilar, Alfonso de Silva et surtout Theodore Malcarcel (1900-1942), dont le ballet Sacsahaman est l'une des œuvres les plus populaires au Pérou. Les compositeurs de la jeune génération, indifférents à cette esthétique relevant du folklore, admettent les techniques sérielles (César Bolanos, Celso Garnja Lecca, Olga Pozzi Escot, Luis Iturrizaga) et la musique concrète (Enrique Pinilla, Leopoldo la Rosa).

Pertile (Aureliano)

Ténor italien (Montagnana 1885 – Milan 1952).

Il débuta en 1911 à Vicenza dans Martha de Flotow. Engagé à la Scala de Milan en 1921, il y fut le principal ténor lyrico-dramatique pendant quinze ans. Toscanini l'appréciait particulièrement pour sa rigueur musicale, à laquelle venait s'ajouter une grande puissance d'expression. Sa voix au timbre incisif avait davantage d'éclat que de beauté véritable, mais il s'en servait avec un art consommé. Ses interprétations de Radames dans Aïda et de Manrico dans Il Trovatore de Verdi étaient remarquables par l'intensité aussi bien que par la subtilité des nuances. En 1924, il créa Nerone, l'opéra posthume de Boito, et y remporta un succès considérable. À la fin de sa vie, il était professeur de chant au conservatoire de Milan.

Peters

Firme allemande d'édition musicale.

Son origine remonte à 1800, quand F. A. Hoffmeister et A. Kühnel ouvrirent à Leipzig un « bureau de musique », qui publia notamment des œuvres de Bach, Haydn et Mozart, ainsi que dix opus inédits de Beethoven. Le libraire Carl Friedrich Peters racheta l'entreprise en 1814 et lui donna son nom, que ses nombreux successeurs ont conservé. Ce fut d'abord, en 1828, Carl Gottfelf Böhme. Julius Friedländer, qui le remplaça, lança en 1867 la fameuse collection de musique classique Édition Peters à laquelle contribuèrent Liszt, Wagner et Brahms.

   La réputation de la maison C. F. Peters était déjà universelle quand Max Abraham en prit la direction en 1880. C'est lui qui fonda en 1894 la Musikbibliothek Peters, institut musicologique richement doté, qui, légué à la ville de Leipzig, publia jusqu'en 1941 une revue annuelle. À la mort d'Abraham en 1900, son neveu Henri Hinrichsen lui succéda. Il négocia l'acquisition des droits des œuvres les plus marquantes de Richard Strauss, Hugo Wolf et Max Reger, mais n'échappa pas à la persécution antisémite et dut se retirer ; il mourut d'ailleurs dans un camp de concentration ainsi que son fils Hans Joachim. En 1939, les éditions Peters étaient aux mains de Johannes Petschull, qui racheta la célèbre maison Litolff. Peu après, bombes et obus détruisirent en majeure partie les ateliers et magasins de Leipzig, et c'est un établissement très appauvri que le gouvernement de l'Allemagne de l'Est nationalisa en 1949. Dès l'année suivante, Petschull transféra le siège de la firme à Francfort, où elle retrouva sa prospérité. Cependant, les fils survivants d'Hinrichsen avaient émigré et créé deux filiales : la première à Londres sous le nom de Hinrichsen Edition Ltd, la seconde à New York, C. F. Peters Corporation.