Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
K

Kopelent (Marek)

Compositeur tchèque (Prague 1932).

Élève de J. Rídký à l'Académie musicale et d'art dramatique de Prague (1951-1955), il est, depuis 1956, rédacteur dans des maisons d'édition musicale nationales. Il s'est rapidement dégagé de l'influence de l'école officielle, basée sur la chanson populaire et l'esthétisme socialiste, pour évoluer vers des techniques nouvelles, étudiant l'école de Vienne, Boulez, Berio, Nono et l'école allemande moderne. Depuis 1960, l'ensemble de son œuvre tend à assimiler des acquis techniques sans se départir d'une invention mélodique profonde. Sensible aux anciennes civilisations, il s'est penché sur des manuscrits extra-européens (sanskrits, sumériens, mongols, japonais anciens, arabes, etc.) afin d'en retrouver les réflexes musicaux et philosophiques. Travaillant avec Vostřák, il fut l'animateur des Musica viva pragensis, ensemble de musique contemporaine qui a fait rayonner la musique tchèque à Donaueschingen et à Darmstadt. Depuis quelques années, il semble avoir quitté le devant de la scène musicale. Par ses seules œuvres connues en Occident, il s'est affirmé comme l'une des personnalités les plus intéressantes et dynamiques de l'école tchèque actuelle.

Korngold (Erich Wolfgang)

Compositeur autrichien (Brno 1897 – Hollywood 1957).

Fils du critique Julius Korngold, enfant prodige, il fut recommandé à Mahler et à Zemlinski. Le triomphe remporté en 1920 à Hambourg, où il était devenu chef d'orchestre, par son opéra Die tote Stadt (d'après Bruges la morte de Rodenbach), marqua le sommet de sa carrière. Contraint d'émigrer aux États-Unis en 1934, il s'y spécialisa dans la musique de film, mais il devait constater, après son retour en Europe, que ses ouvrages, si fêtés un quart de siècle plus tôt, avaient quitté le répertoire. Sa musique de théâtre ­ citons aussi Violanta (1916) ­ s'inspire à la fois de Puccini et de Richard Strauss, mais en annexant leurs qualités les plus extérieures.

Kósa (György)

Pianiste et compositeur hongrois (Budapest 1897 – id. 1984).

Il a été l'un des premiers élèves de Bartók, non seulement en piano, mais également pour la composition. De 1908 à 1912, il a suivi les classes de Zoltán Kodály et de Viktor Herzfeld à l'académie Franz-Liszt de Budapest. Engagé comme corépétiteur à l'opéra (1916-17), il s'est perfectionné au clavier auprès de Dohnanyi. Il a fait une carrière de pianiste et accompagné tous les grands solistes de l'époque. Chef d'orchestre au théâtre Tripolis, il est ensuite revenu à Budapest comme professeur de piano à l'académie Franz-Liszt, où il remplace Bartók lors des déplacements de ce dernier.Compositeur prolixe, comparable sous cet angle à Darius Milhaud, il touche à tous les genres, jouant d'une écriture naturellement expressionniste et marquée de spiritualité. Ouvert à toutes les influences esthétiques, il a su s'enrichir auprès de Bartók et de Kodály, mais également auprès d'A. Habá et de Webern. Cet éclectisme rarissime ne lui enlève rien de son originalité, Kósa sachant passer, avec aisance, de la cantate dramatique, tel son Orpheus, Eurydike, Hermès (1967), à l'opéra-comique Kocsonya Mihály házassága (« le Mariage de M. Kocsonya », 1971). Le meilleur de son œuvre réside néanmoins plus dans sa musique de chambre (8 quatuors) que dans ses 10 symphonies.

Kosma (Joseph)

Compositeur français d'origine hongroise (Budapest 1905 – La Rochelle-Guyon 1969).

Il fit ses études à l'académie Franz-Liszt à Budapest et débuta à l'opéra de cette ville comme chef d'orchestre adjoint, puis, obtenant une bourse, alla travailler comme stagiaire à l'opéra de Berlin (1929). La même année, il se lia avec Bertolt Brecht et suivit son théâtre ambulant, ce qui l'amena à travailler avec Hans Eisler et Kurt Weill. Il se fixa à Paris en 1933 et remporta un succès avec ses premières musiques de film, notamment la Grande Illusion (1937) et la Bête humaine (1938) de Jean Renoir. Pendant l'Occupation, il entra dans la Résistance. Il rencontra Jacques Prévert, et tous deux écrivirent des chansons qui circulèrent rapidement dans les milieux de la Résistance. Ce n'est qu'après la guerre qu'elles furent popularisées et touchèrent un large auditoire grâce à des interprètes comme les Frères Jacques, Yves Montand, Juliette Gréco. Au demeurant, Kosma est un musicien authentique, auteur de pièces pour piano, de mélodies, de musique de scène (pour les Mouches de Sartre), de ballets (le Rendez-Vous, Hôtel de l'espérance, le Pierrot de Montmartre). Mais il fut surtout, avant et après la guerre, l'un des plus grands musiciens de cinéma, avec Maurice Jaubert. Parmi ses musiques de film, citons les Enfants du paradis (1944, écrit en clandestinité), les Amants de Vérone (1949), la Bergère et le Ramoneur (1952), Voici le temps des assassins (1955), Un drôle de paroissien (1963), et de nombreux courts métrages, dont le Sang des bêtes (1949) et En passant par la Lorraine (1951).

koto

Sorte de cithare japonaise, d'origine chinoise, caractérisée par des chevalets mobiles, qui permettent de modifier la hauteur du son fourni par les cordes. De forme oblongue, le koto se pose sur le sol.

Kotonski (Wlodzimierz)

Compositeur polonais (Varsovie 1925).

Il enseigne la musique électroacoustique à l'École supérieure de musique de Varsovie, après avoir été un des pionniers de cette technique dans son pays. Il a réalisé plusieurs œuvres électroniques dans le studio de musique expérimentale de la radio polonaise à Varsovie : Étude sur un seul son de cymbale (1959) et Microstructures (1963), toutes deux appliquant à un matériau « concret » des procédures de composition très abstraites ; Aela (1970), œuvre électronique conçue selon des techniques aléatoires. À la W. D. R. de Cologne, il a conçu Klangspiele (1967), pièce « mobile » pour 2 bandes magnétiques autonomes, au groupe de recherches musicales de Paris, Eurydice (1971) et, au groupe de musique expérimentale de Bourges, les Ailes (1973). Dans le domaine instrumental, il a été l'un des premiers compositeurs polonais à s'évader du « folklorisme » officiel pour entreprendre des œuvres sérielles comme la Musique de chambre (1958), pour ensemble instrumental, puis des pièces plus tachistes comme Selection I (1962), pour guitare électrique, piano et 2 saxophones. Ont suivi notamment Action pour sons électroniques (1969), Terre incognita pour orchestre (1984), Oiseaux pour clarinette, violoncelle et piano (1988).