Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
A

afro-cubain

Se dit d'une tentative d'enrichissement de la section rythmique de l'orchestre de jazz par l'apport d'instruments de percussion tels que le bongó et le congo drum, tendant à superposer à la pulsation purement jazzistique des rythmes de type antillais.

Il en est ainsi, par exemple, de certaines exécutions de l'orchestre de Dizzy Gillespie, vers 1946-1948, auxquelles participe le percussionniste cubain Chano Pozo. Le style afro-cubain n'a pas eu de prolongements notables.

Agazzari (Agostino)

Compositeur italien (Sienne 1578 – id. v. 1640).

Il fut musicien à la cour de Matthias, gouverneur de l'Autriche, puis, dès son retour en Italie, s'affirma comme un des premiers partisans de la basse continue, et un de ses premiers théoriciens ; son traité Del Sonare sopra il basso con tutti li stromenti fut publié à Sienne en 1607. Après un séjour à Rome où il occupa diverses fonctions, il revint à Sienne, vers 1630, pour diriger la musique de la cathédrale. Parmi ses œuvres, citons des messes, motets, psaumes, madrigaux et une pastorale, Eumelio (1606).

Agincourt (Françoisd')

Compositeur et organiste français (Rouen 1684 – id. 1758).

Élève de Boyvin à Rouen, il complète ses études auprès de Lebègue à Paris, où il est nommé organiste de Sainte-Madeleine-en-la-Cité (1701). En 1706, il retourne à Rouen pour succéder à son maître comme organiste à la cathédrale Saint-Jean, tout en étant titulaire des orgues de Saint-Ouen et, à partir de 1714, l'un des quatre organistes de la chapelle royale de Versailles. Influencé par Lebègue et surtout par François Couperin et la musique italienne, il a publié en 1733 un Livre de pièces de clavecin comptant quatre « ordres » ou suites. Ses 46 pièces d'orgue, regroupées en six suites et constituant autant de brefs interludes pour le Magnificat, sont restées manuscrites de son temps. Ses quelques airs à voix seule et basse continue apparaissent dans les recueils de Ballard, édités en 1713 et 1716.

agitato

Terme italien indiquant un mouvement musical agité et utilisé, surtout, pour indiquer le caractère d'un morceau, à partir du XIXe siècle.

Agnus Dei (lat. ; « agneau de dieu »)

Triple invocation faisant allusion à la métaphore employée par saint Jean-Baptiste pour désigner Jésus dans l'Évangile selon saint Jean (reprise par l'Apocalypse). Insérée au début du VIIIe siècle dans l'ordinaire de la messe par le pape Sergius Ier, elle répétait d'abord trois fois miserere nobis ; la dernière invocation fut remplacée au Xe siècle par dona nobis pacem pour préparer le baiser de paix, puis cette dernière phrase fut comprise comme une demande de délivrance des guerres, et l'est restée spécialement dans les messes avec orchestre des XVIIIe et XIXe siècles, où elle s'accompagne souvent d'un figuralisme guerrier (trompettes, etc.). Aux messes des morts, l'invocation devient dona ei(s) requiem (sempiternam) [« donnez-lui (leur) le repos » ­ on ajoute la 3e fois « éternel »].

   L'Agnus Dei était d'abord chanté a clero et populo (« par le clergé et le peuple »), puis il est passé au chant de la chorale au même titre que les quatre autres pièces chantées de l'ordinaire dont il forme ainsi le no 5 et dernier ; il fait partie à ce titre de la messe polyphonique normale, qu'il clôt à partir du XVe siècle. Au XVIe siècle, il n'est pas rare de le voir écrit à cinq voix quand le reste de la messe est écrit à quatre. Toutefois, les messes de Requiem ayant pris l'habitude de traiter polyphoniquement le propre aussi bien que l'ordinaire, il n'en est plus, sauf exception, la pièce terminale.

agogique

H. Riemann, en 1884, employa le premier ce terme pour désigner les légères fluctuations de mouvement, s'écartant du strict mouvement métronomique d'ensemble, qui peuvent parcourir l'exécution d'une œuvre, laissant une certaine marge d'interprétation et d'expression. C'est l'agogique qui permet le rubato.

Agostini (Paolo)

Compositeur et organiste italien (Vallerano v. 1583 – Rome 1629).

Il épousa la fille de son maître, B. Nanini. Organiste à Santa Maria in Trastevere et dans plusieurs autres églises romaines, il prit en 1626 la suite d'Ugolini à la chapelle Vaticane de Saint-Pierre de Rome. Une partie seulement de son abondante musique religieuse (psaumes, magnificat, messes) a été conservée. Il fut maître dans l'art du contrepoint.

agrégat
ou agrégation

Superposition de sons ne présentant aucune cohérence qui permette de les rattacher à un accord ou à ses renversements, dans le cadre de l'harmonie classique.

agrément

Note ou groupe de notes employés surtout dans la musique française vocale et instrumentale des XVIIe et XVIIIe siècles pour orner une phrase mélodique.

Le mot même évoque leur raison d'être : charmer, toucher, enchanter, être agréable à l'oreille. Les luthistes français utilisèrent les agréments pour orner leurs pièces, mais aussi pour prolonger la courte durée du son du luth ; les clavecinistes reprirent ce procédé d'écriture. Les agréments étaient indiqués par des signes bien connus des interprètes, mais dont le mode d'exécution pouvait varier selon les compositeurs, et qui, surtout, laissaient à l'instrumentiste une certaine liberté d'exécution liée à sa volonté d'expression. Une notation trop précise eût tendu à détruire cette liberté et cette souplesse caractéristique de la musique française, qui font toute la différence entre l'agrément et l'ornement habituel.

   Voici une liste des principaux agréments avec le terme musical courant auquel ils correspondent : le port de voix (appoggiature longue), le tremblement ou cadence (trille), le pincé (mordant), le doublé ou tour de gosier (grupetto), le coulé, l'aspiration (sorte de point d'orgue), l'arpègement dans la musique de clavecin, de luth ou d'orgue. On trouve une explication détaillée des différents agréments dans les tables d'ornements des clavecinistes français (Chambonnières, L. Marchand, et surtout F. Couperin, notamment dans son Art de toucher le clavecin, 1717). Quant aux ornements vocaux, essentiellement les mêmes d'ailleurs, on peut consulter à leur sujet les Remarques sur l'art de bien chanter, et particulièrement pour ce qui regarde le chant français (1668) de Bénigne de Bacilly.

   Les diminutions, chères aux compositeurs d'airs de cour, peuvent également entrer dans le cadre des agréments.