Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
G

Gaburo (Kenneth)

Compositeur et pédagogue américain (Somerville, New Jersey, 1926 – Iowa City, Iowa, 1993).

Il a fait ses études à l'Eastman School of Music, à l'académie Sainte-Cécile de Rome (avec Petrassi) et à l'université de l'Illinois, et a partagé sa carrière entre l'enseignement et la composition, fondant en 1964 le New Music Choral Ensemble. Son intérêt pour l'électronique et pour l'exploration des propriétés acoustiques, physiologiques et structurelles du langage se reflète notamment dans Lingua I-IV (1965-1970), œuvre de théâtre musical d'une durée de six heures.

Gabus (Monique)

Femme compositeur française (Cambrai 1924).

Élève de Jean Gallon, Tony Aubin et Olivier Messiaen au Conservatoire de Paris, elle y a obtenu des prix d'harmonie et de composition. Éprise de simplicité et d'intériorité, elle a écrit des œuvres symphoniques et chorales, de la musique de chambre, des mélodies, des vocalises, ainsi que divers recueils de pièces pour piano destinées à la jeunesse. Citons en particulier la Nuit obscure, cantate pour soprano, chœur et orchestre sur un texte de saint Jean de la Croix, créée en janvier 1961 par Albert Wolff au concert marquant ses cinquante ans de direction d'orchestre.

Gace Brulé
ou Gaces Brulez

Trouvère français (aux environs de Meaux v. 1159 – ? v. 1213).

D'origine champenoise et de petite noblesse, il fut l'un des plus importants trouvères de son époque. Il eut pour maître Conon de Béthune et fit partie de l'entourage de Marie de France et de Louis de Blois. Il a laissé une abondante production, environ 70 pièces dont la plupart sont notées. Ses chansons sont d'une grande aisance mélodique. On peut citer parmi les titres, Contre tems que voy frimer, les Oisillons de mon pais et de bone Amour, Blaus m'est estez. Pour un aperçu de son art, on peut consulter une édition moderne en fac-similé du Chansonnier Cangé par J. Beck (le Chansonnier des troubadours et des trouvères, no 1, Paris, 1927).

Gade (Niels Wilhelm)

Compositeur danois (Copenhague 1817 – id. 1890).

Il fut le premier compositeur important du Danemark après D. Buxtehude. Fils d'un modeste luthier, il étudia le violon avec F. T. Wexhall, un élève de L. Spohr, et la composition avec C. Weyse et A. P. Berggreen ; le succès de sa première œuvre, l'ouverture d'Ossian (1840), attira sur lui l'attention de F. Mendelssohn et de L. Spohr, ce qui lui permit d'obtenir une bourse pour étudier à Leipzig. Il se lia avec R. Schumann et F. Mendelssohn, devint professeur au conservatoire de cette ville, puis seconda Mendelssohn au Gewandhaus (il y créa le concerto de violon de son ami pendant la saison 1845-46) avant de lui succéder, à sa mort. En 1848, Gade retourna à Copenhague, où il prit la tête, en 1850, du Musikforeningen et fonda avec J. P. E. Hartmann et H. S. Paulli, en 1866, le Conservatoire royal. Jusqu'à sa mort, il occupa une place de plus en plus grande dans la vie musicale de son pays qu'il marqua de son conservatisme et de l'esthétique de Leipzig. Ces caractères s'expriment dans son œuvre par un délicat romantisme, légèrement teinté d'un discret lyrisme danois. Son style, élégant et aisé, et son expression pleine de mesure marquent ses meilleures œuvres, tels la 4e de ses huit symphonies (1850), le ballet Et Folkesagn (1853), l'opéra-ballet Elverskud (1853), et sous-tendent ses cinq ouvertures, cantates et lieder, tandis que sa musique de chambre, ses pièces pour piano l'apparentent aux meilleurs représentants de la musique de salon.

Gafori (Gaffurio Franchino)

Théoricien et compositeur italien (Lodi 1451 – Milan 1522).

Il vécut successivement à Mantoue, Vérone, Gênes et Naples. Il fut l'élève de Godendach et fut ordonné prêtre vers 1473. De 1478 à 1480, il vécut à Naples et fit la connaissance de Johannes Tinctoris ; il y publia son Theoricum opus, musicae disciplinae (1480). Chassé de Naples par la peste, il devint maître de chapelle à la cathédrale de Milan (1484). Il y resta jusqu'à la fin de ses jours, publiant ses autres traités : Practica musicae (1496), Angelicum ac divinum opus musicae (1508), De Harmonia musicorum instrumentorum opus (1518). Un autre ouvrage parut à Turin en 1520 : Apologia adversum … adversus Joannem Spatarium. Gafori se révèle comme le précurseur de Zarlino dans sa façon de concevoir la musique du point de vue harmonique. En tant que compositeur, il a laissé des œuvres de musique d'église (13 messes, stabat mater, litanies, motets, antiennes, hymnes, 11 magnificat) ainsi qu'un petit nombre de pièces profanes.

Gagliano

Famille de musiciens italiens.

 
Marco Zanobi, dit da Gagliano (Florence 1582 – id. 1643). Il est ordonné prêtre et devient l'élève de Luca Bati, maître de chapelle de San Lorenzo de Florence (1595-1608) avant de prendre sa place à sa mort. En 1611, il est musicien attitré du grand-duc de Toscane et, tandis qu'il s'élève régulièrement dans la hiérarchie ecclésiastique, il fonde en 1607 l'Accademia degl'Elevati, qui, comme celle du comte Bardi, réunit chanteurs, compositeurs et amateurs. À partir de 1607, il est protégé du cardinal Ferdinand de Gonzague avec lequel il entretient une intéressante correspondance parvenue en partie jusqu'à nous. En décembre de cette même année, il se rend à Mantoue pour y faire représenter La Dafne, son premier opéra, jugé par Jacopo Peri la meilleure mise en musique jamais tentée du poème de Rinuccini. Cette œuvre courte contient en particulier des danses fort attrayantes, et sa préface rédigée pour la publication reste un document fondamental sur l'opéra à ses débuts. Gagliano y combat notamment le goût des prouesses vocales et exige une parfaite diction de ses chanteurs. Il y manifeste la plus grande admiration pour les opéras de Peri ainsi que pour l'Arianna (1608) de Monteverdi. Il précise quels sont les usages instrumentaux en matière d'accompagnement et recommande l'emploi d'une sinfonia préliminaire… pour obtenir le silence du public. Il semble que La Dafne de Gagliano ait été donnée ensuite à Florence au cours du carnaval de 1610.

   Après avoir composé à Mantoue une série d'œuvres pour la semaine sainte, Gagliano revient à Florence en avril 1608. Puis, de nouveau à Mantoue, il travaille sur L'Idropica, (Guarini) aux côtés de Monteverdi, S. Rossi, Gastoldi. À Florence, il compose, pour les cérémonies du mariage de Ferdinand Gonzague avec une Médicis (1616), une sorte d'allégorie mythologique célébrant l'union du sang des deux maisons (La Liberazione di Tirteco e d'Arnea autori del sangue toscano). En 1624 et 1626, suivent deux oratorios sacrés (mais représentés sur scène), dont la musique n'a pas été conservée (La Regina Sant'Orsola et Istoria di Judit). On possède une partie du livret et de la musique d'un dernier opéra, La Flora, représenté à l'occasion du mariage du duc de Parme (Farnèse) et de Marguerite de Médicis (1628) au palais Pitti.

   En dehors des Responsoria publiées à Venise en 1630, on ne sait plus rien de l'activité ultérieure de Gagliano. On pense que, après 1624, sa santé, qui avait toujours été fragile, l'empêcha de poursuivre ses activités. Il est enterré à San Lorenzo de Florence le 26 février 1643. Très sévère pour lui-même, il n'avait publié que peu d'œuvres. Dans le domaine du madrigal, il laisse 6 livres à 5 voix. Les Musiche a 1 – 3 voci contiennent quelques morceaux admirables d'une grande expressivité. La monodie à voix seule, Valli profonde, doit être considérée comme une des plus réussies de tout le répertoire de l'époque.

 
Giovanni Battista Zanobi, dit da Gagliano, frère du précédent (Florence 1594 – id. 1651).Il remplaçait son aîné Marco à San Lorenzo de Florence lorsqu'il s'absentait, ou était écarté de l'office par sa santé fragile, et lui succéda à sa mort en 1643 comme maître de chapelle à la cathédrale et à la cour. Contrairement à son frère, il n'était pas prêtre. Il n'est guère cité dans les histoires de la musique que pour avoir participé (avec Caccini) à la composition d'une Rappresentazione di Martirio di Santa Agata donnée à San Giorgio de Florence le 10 février 1622, avant d'être reprise le 22 juin suivant chez le cardinal de Médicis. La musique de cet oratorio est perdue.