Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Diabelli (Anton)

Compositeur et éditeur autrichien (Mattsee, près de Salzbourg, 1781 – Vienne 1858).

Il fit ses premières études musicales avec son père, fut élève au collège bénédictin de Michaelbeuren, chanta à la chapelle de Salzbourg où il rencontra Michael Haydn, avec qui il perfectionna sa formation musicale. En 1803, après avoir fréquenté quelque temps le collège cistercien de Raitenhaslach, il alla s'établir à Vienne, où il se fit rapidement apprécier comme professeur de musique (piano et guitare). En 1818, s'associant avec Peter Cappi, il fonda une maison d'éditions musicales, qui publia notamment les œuvres de Schubert, et racheta les fonds de plusieurs autres éditions, dont celle de Johann Traeg. En 1852, elle fut reprise par C. A. Spina et plus tard, après la mort de Diabelli, par F. Schreiber en 1872. Ses activités de pédagogue et d'éditeur n'empêchèrent pas Diabelli d'être un compositeur fécond, à l'inspiration spontanée et agréable, quoique imitative et sans grande envergure. Ses nombreuses pièces, sonatines, arrangements pour piano, violon ou guitare continuent à faire partie du répertoire des musiciens débutants. Il écrivit aussi beaucoup de musique religieuse (chœurs, messes, offertoires), ainsi que des singspiele. Mais s'il acquit une certaine célébrité, c'est moins grâce à ses propres œuvres que grâce à Beethoven, qui écrivit sur une de ses valses son plus important cycle de variations (33 Variations sur une valse de Diabelli op. 120, 1822-23), répondant ainsi à une proposition que Diabelli avait lancée à de nombreux compositeurs de son temps pour rentabiliser sa maison d'édition.

diabolus in musica

Expression latine (" le diable dans la musique "), parfois employée pour désigner, en rappelant l'aversion qu'il suscitait au Moyen Âge, l'intervalle de triton (trois tons entiers de suite, par ex. fa-si bécarre), considéré par la grande majorité des théoriciens comme un écueil à éviter tant dans la mélodie que dans la polyphonie.

Toutefois, la croyance généralisée selon laquelle cette expression faisait partie du vocabulaire médiéval ne repose sur aucun document : bien qu'alors présentée comme traditionnelle, elle n'est attestée nulle part avant le XIXe siècle.

Diaghilev (Serge de)

Fondateur des Ballets russes (Nijni Novgorod 1872 – Venise 1929).

Homme du monde et dilettante, qui n'était ni musicien, ni peintre, ni danseur, mais qui possédait au plus haut point le goût et l'intelligence de tous les arts, il se fit connaître en 1899 en publiant la revue Mir Iskoutsva (« le Monde de l'art »). Presque aussitôt, il organisa la première exposition en Russie de peintres impressionnistes français, puis des concerts de musique contemporaine. En 1905, il présenta à Saint-Pétersbourg une exposition consacrée à Deux Siècles de peinture et de sculpture russes, qu'il transporta à Paris l'année suivante. Le succès de cette première manifestation parisienne l'encouragea à persévérer. Il revint en 1907 avec une série de cinq concerts, en 1908 avec Fedor Chaliapine dans Boris Godounov, en 1909 avec les Ballets russes qu'il venait de créer, et dont la saison inaugurale au théâtre du Châtelet connut un triomphe retentissant. La compagnie, recrutée à Saint-Pétersbourg, réunissait quelques étoiles promises à une célébrité mondiale (Nijinski, Fokine, Pavlova, Karsavina, Ida Rubinstein) et bénéficiait du concours de deux peintres russes qui devaient faire école : Léon Bakst et Alexandre Benois. Diaghilev en fit l'instrument de sa conception du ballet, spectacle total où la musique et la décoration sont aussi importantes que la danse. Jusqu'à sa mort, qui entraîna celle des Ballets russes mais non leur esprit, il resta fidèle à cette formule. Il avait également pour principe de ne jamais se répéter, au risque de déconcerter et même de choquer. Aussi favorisa-t-il des chorégraphies révolutionnaires (à commencer par celles de Nijinski) et fit-il appel à des musiciens contemporains (Stravinski, Debussy, Ravel, Prokofiev, Erik Satie, le groupe des Six), ainsi qu'à des peintres d'avant-garde (Picasso, Derain, Rouault, Matisse, Braque, Gontcharova, Larionov), sans parler de l'apport littéraire d'un Jean Cocteau. Vingt années durant, les Ballets russes (devenus de moins en moins russes) furent un extraordinaire foyer de création dans tous les domaines, y compris celui de la mode. Plus qu'un impresario ordinaire, Diaghilev était un mécène particulièrement doué, mais un mécène sans fortune qui s'entendait admirablement à mobiliser celle de ses brillantes relations.

dialogue

Morceau de musique comportant systématiquement une alternance soit entre deux groupes instrumentaux, soit entre un petit et un grand chœur, soit entre deux solistes, ou entre soliste et chœur, voire simplement entre plusieurs voix ou groupes de voix d'un même chœur.

Le terme apparaît dans la seconde moitié du XVIe siècle, principalement à Venise, et s'applique alors surtout à la musique vocale, tandis qu'on l'utilisera surtout aux XVIIe et XVIIIe siècles, pour la musique instrumentale, spécialement dans la musique d'orgue (dialogue entre deux jeux ou deux claviers). On trouve même alors des dialogues sans alternance, le terme signifiant simplement que les deux mains ne jouent pas sur le même clavier. Certains auteurs enfin, tel M. A. Charpentier, ont parfois employé le mot « dialogue » au sens de petit « oratorio à personnages ». Le terme est aujourd'hui parfois repris par archaïsme, mais a cessé d'appartenir au vocabulaire courant.

Diamond (David)

Compositeur américain (Rochester, New York, 1915 – id. 2005).

Il fait ses études à l'Institut de Cleveland, à l'Eastman School of Music de Rochester et à l'institut Dalcroze de New York, enfin avec Roger Sessions et, de 1937 à 1938, à Paris avec Nadia Boulanger. Dans ses premières œuvres, où les diverses influences de Bartók, Copland, Satie, Ravel et Stravinski vont bientôt se confondre, son orchestration témoigne d'une grande clarté. Il devient vite l'un des compositeurs américains les plus joués et les plus récompensés. Chef d'orchestre, chargé de cours et de conférences à l'université de Buffalo, président du département de composition à la Manhattan School of Music, il écrit dans presque tous les genres et dans un esprit de plus en plus traditionnel (mélodie diatonique, emploi des modes anciens, procédés cycliques, etc.).

   David Diamond a composé 8 symphonies, des Variations (1937) et un Concerto (1940) pour orchestre de chambre, Rounds pour orchestre de chambre (1944), des concertos pour violon, violoncelle, piano, etc., de la musique de chambre, dont 10 quatuors à cordes, une Sonate (1947) et une Sonatine pour piano, ainsi qu'un Concerto pour deux pianos seuls (1941), plus de 100 mélodies, dont plusieurs cycles (l'Âme de Debussy, 1949 ; Hebrew Melodies, 1967), des ballets, dont The Dream of Audubon (1941), des musiques de film et de scène, notamment pour la Tempête et Roméo et Juliette de Shakespeare ; des œuvres chorales, dont This Sacred Ground (1962), et une symphonie avec solistes et chœurs, To Music (1967).