Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Tabachnik (Michel)

Chef d'orchestre et compositeur suisse (Genève 1942).

Après des études de piano, de composition et de direction d'orchestre au Conservatoire de Genève, il suit les cours de Pousseur, Stockhausen et Boulez à Darmstadt. À Bâle, Pierre Boulez lui propose de devenir son assistant. Parallèlement, il dirige Xenakis. Sa carrière de chef prend peu à peu le pas sur celle de compositeur. En 1971, Karajan l'invite à diriger la Philharmonie de Berlin. À partir de cette époque, il dirige également le Concertgebouw d'Amsterdam, l'Orchestre national de France, celui de la Suisse romande. Chef permanent de la Fondation Gulbenkian de Lisbonne en 1973, il fonde en 1975 l'Orchestre philharmonique de Lorraine, qu'il dirige de 1976 à 1981. À partir de 1983, il dirige au Canada (Opéra national, Orchestre des jeunes du Québec, Orchestre symphonique de l'Université de Toronto). À la tête de ces diverses formations, il crée des œuvres de nombreux compositeurs, dont une dizaine de Xenakis.

tabl
ou tabûl
ou davul
ou dohol

Ces noms désignent les grosses caisses du monde arabo-irano-turc et des cultures voisines ou assimilées. Dans certaines régions, les membranes sont recouvertes par un réseau de cordes textiles ou métalliques qui en renforcent la vibration.

tablature

1. Nomenclature des instruments figurant dans une partition d'orchestre.

2. Méthode de notation propre aux instruments à clavier ou à cordes pincées, ayant pour objet soit d'abréger le graphisme en employant des lettres ou autres signes convenus (tablatures d'orgue), soit de guider les doigts de l'exécutant au lieu de figurer les sons de manière abstraite (tablatures de luth, guitare, cistre, etc.). Les tablatures d'orgue apparaissent au XIVe siècle et restent employées concurremment avec la notation usuelle jusque vers le milieu du XVIIIe siècle (Bach se sert normalement de cette dernière, mais note parfois encore ses corrections en tablature). On les trouve surtout en Espagne et en Allemagne aux XVIe et XVIIe siècles.

   Plus récentes (XVIe siècle), les tablatures d'instruments à cordes pincées ont d'abord été largement majoritaires, puis se sont peu à peu effacées devant la notation usuelle sans jamais disparaître tout à fait. Le principe le plus fréquent consiste pour elles à figurer les cordes de l'instrument par des lignes parallèles qui prennent ainsi l'aspect d'une portée, mais doivent être comprises de manière différente. Sur la ligne représentant la corde à pincer, on trace des lettres ou des chiffres indiquant l'emplacement du doigt au moment de l'attaque. Les signes de durée sont placés à part au-dessus de la portée, mais marquent seulement l'emplacement des attaques, non la durée de tenue des notes, qui dépend matériellement de la sonorité de l'instrument et ne figure pas sur la notation. Des signes annexes ont trait aux doigtés et aux divers artifices instrumentaux, et des séparations verticales analogues aux barres de mesure marquent les divisions des phrases. Plusieurs systèmes concurrents ont été simultanément en usage, le plus souvent groupés par pays (tablatures française, italienne, allemande, espagnole), mais presque tous se réfèrent aux principes ci-dessus.

   Par rapport à la notation usuelle, que l'on appelait autrefois « en musique », la tablature des instruments à cordes pincées possède plusieurs supériorités, parmi lesquelles celle de fixer sans équivoque le mode d'attaque des sons et la valeur des altérations, point sur lequel la notation usuelle est restée flottante jusqu'au XVIIe siècle ; par contre elle est parfois de lecture malaisée pour d'autres que pour l'exécutant, car elle exige la connaissance préalable de toutes les particularités de l'instrument réellement joué, y compris le mode d'accord de ses cordes, souvent variable ; elle ne rend pas compte, dans la superposition des voix, de la marche de celles-ci, et la perspicacité qu'elle exige du lecteur rend compte des divergences que l'on relève parfois entre différentes « transcriptions » de la même pièce en notation usuelle.

   On peut rattacher aux tablatures divers procédés guide-doigts que l'on emploie encore aujourd'hui, en dépit de leurs évidentes contre-indications pédagogiques, pour faciliter aux débutants l'exécution de morceaux faciles sur certains instruments (cithare, orgue électrique, etc.) en leur « économisant » l'apprentissage du solfège, au moyen de cartons mobiles que l'on place sur l'instrument et qui indiquent par des dessins appropriés les cordes ou touches à actionner pour obtenir l'air désiré.

table (musique de)

Cette expression, littéralement traduite de l'allemand Tafelmusik, ne désigne pas un genre particulier, mais toute musique accompagnant les repas de société, à plus forte raison les banquets et les festins exceptionnels, selon un usage qui remonte à l'Antiquité et qui s'est maintenu jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. C'est toutefois en Allemagne, à l'époque baroque, que la musique de table proprement dite a connu son apogée, servie par de petites formations composées essentiellement d'instruments à vent. Au XIXe siècle, âge d'or de la musique de brasserie et du café-concert, la musique de table n'était déjà plus le privilège des princes et des riches bourgeois. Elle a achevé de se démocratiser ­ et de dégénérer ­ depuis l'apparition des moyens de reproduction électromécaniques, qui mettent n'importe quel fond sonore à la portée de tous, pendant ou entre les repas.

table de résonance
ou table d'harmonie

Dans le piano, surface plane ­ le plus souvent en sapin ­ qui, en vibrant, accroît la sonorité des cordes tendues au-dessus d'elle.

Tacchino (Gabriel)

Pianiste français (Cannes 1934).

Il prend ses premières leçons de piano à l'âge de six ans dans sa ville natale, puis étudie au Conservatoire de Nice. Il entre en 1946 au Conservatoire de Paris dans la classe de J. Batalla. Après avoir obtenu un premier prix en 1952, il est dans les années qui suivent lauréat de plusieurs concours internationaux (Concours Busoni de Genève, Casella de Naples, etc.) En 1958, il joue à Paris sous la direction de Cluytens, puis se fait entendre avec Leinsdorff, Monteux, Karajan, Paray, etc. En 1962, il débute aux États-Unis, en 1965, au Japon et en U.R.S.S. En 1975, il est nommé professeur au Conservatoire de Paris. La même année il fonde les Nuits musicales du Suquet. À partir de 1992, il dirige aussi le Festival international de musique classique, qu'il a créé. Il a enregistré entre autres la première intégrale de l'œuvre pour piano de Poulenc, avec qui il a travaillé dans sa jeunesse.