Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Siohan (Robert)

Compositeur et chef d'orchestre français (Paris 1894 – id. 1985).

Il fait ses études au Conservatoire national, où il obtient des premiers prix d'alto, d'harmonie, de contrepoint et de direction d'orchestre. Il est, pendant une dizaine d'années, altiste et chef d'orchestre de diverses formations instrumentales, puis fonde, en 1929, les Concerts Siohan, qu'il dirige jusqu'en 1936 et au sein desquels il assure la création de nombreuses œuvres contemporaines françaises (Honegger, Messiaen, Milhaud, Ibert, etc.). Chef de chœur de l'Opéra à partir de 1932 et professeur de déchiffrage au Conservatoire de 1945 à 1962, il est nommé inspecteur général de la Musique en 1964. Ses œuvres, qui incluent des opéras, une symphonie, des concertos, de la musique de chambre, des pièces pour piano et des mélodies, sont de tendance néoclassique et souvent influencées par Debussy. Il a par ailleurs publié, à la suite de sa thèse de doctorat soutenue à la Sorbonne en 1954 (Théories nouvelles de l'harmonie), une série d'ouvrages et d'articles sur la musique contemporaine : Horizons sonores, évolution actuelle de l'art musical (1956), Stravinski (1959).

sirventès

Un des genres de chansons pratiqués par les troubadours. Le terme vient de « servir » et signifie que la chanson a été écrite par le serviteur d'un seigneur. Les sirventès de troubadours de langue d'oc ont un contenu polémique, satirique, politique, ou servent parfois à invectiver un adversaire. Passé ensuite chez les trouvères de langue d'oïl, le sirventès a rapidement changé de caractère et est devenu un chant d'inspiration religieuse. La forme du sirventès s'identifie à celle du canso. On en trouve dans l'œuvre de Peire Cardinal, Bertrand de Born, Richard Cœur de Lion. Chez les Minnesänger allemands, le « spruch » était le genre équivalent.

sixte

1. Intervalle produit entre deux notes dont les noms, points de départ et d'arrivée compris, et quelle que soit la grandeur de l'intervalle, se suivent en montant à une distance de six degrés (exemple : do-la). La sixte normale peut être majeure (quinte + 1 ton, ex. do-la) ou mineure (quinte + 1/2 ton, ex. do-la bémol). La sixte déformée peut être augmentée (quinte + 1 ton 1/2, ex. do-la dièse ; la sixte diminuée, homophone de la quinte (ex. do dièse-la bémol homophone de do dièse-sol dièse) est très exceptionnelle. Le renversement de la sixte (mêmes noms de notes, mais en descendant) est la tierce.

2. Note formant avec la note de basse d'un accord un intervalle de sixte.

3. On appelle accord de sixte (le nom complet serait « tierce et sixte » par oppositon à « quarte et sixte », voir ce terme) le 1er renversement d'un accord de triade, parfait ou non, comportant une sixte entre ses voix extrêmes, et une tierce en son milieu (ex. do-mi-la). Ce dernier point distingue l'accord de sixte de l'accord de quarte et sixte, qui lui aussi comporte une sixte entre extrêmes, mais avec une quarte en son milieu (ex. do-fa-la ; on rappelle que les intervalles partent toujours de la note de basse). L'accord de sixte est normal quand il ne contient aucun intervalle déformé tel que quarte diminuée ou augmentée ; il peut alors être majeur ou mineur, en prenant la qualification de sa tierce (accord majeur do-mi-la ; mineur do-mi bémol-la bémol). Il est déformé s'il contient une quarte augmentée (ex. do-mi-la dièse) ou diminuée (ex. do-mi-la bémol), et prend lui-même en ce cas le nom d'accord de sixte augmentée ou diminuée.

   Lorsqu'il est placé sur le 2e degré, ce qui crée entre ses extrêmes un intervalle de sixte dont la note supérieure est la sensible (ex. en do, ré-fa-si), l'accord de sixte augmentée est dit accord de sixte sensible ; il est alors le 1er renversement de la triade de quinte diminuée (si-ré-fa) construite sur la sensible, qu'on peut aussi analyser comme un accord de 7e de dominante à fondamentale sous-entendue (sol sous-entendu + si-ré-fa). On voit que contrairement à la règle habituelle, on a donné le nom de sixte « sensible » en considérant la note supérieure de l'accord, et non sa note de basse, ce qui n'est pas très logique.

   Sur les accords de grande sixte (ou quinte et sixte), sixte napolitaine, sixte et quarte (ou quarte et sixte), voir les articles correspondants.

sixte et quarte (accord de)
ou accord de quarte et sixte

Deuxième renversement d'un accord de triade, parfait ou non, formé d'une quarte et d'une sixte comme son nom l'indique. Si la quarte est juste, l'accord est normal, et peut être soit majeur (ex. sol-do-mi) soit mineur (ex. sol-do-mi bémol) selon que sa sixte est majeure ou mineure. On le chiffre 6/4 ou 4/6, mais non pas 6, qui est réservé à l'accord de sixte. Si la quarte est augmentée (elle ne peut pas être diminuée), l'accord est dit déformé et prend le nom d'accord de sixte et quarte augmentée, chiffré 6/+4 ou +4/6, ce qui lui donne souvent la signification d'un accord de 7e naturelle à fondamentale sous-entendue.

   L'accord de 6/4 majeur est un accord naturel, formé des harmoniques 3-4-5 d'une fondamentale sous-entendue, mais l'absence de cette fondamentale lui donne une grande instabilité qui se traduit par le besoin d'une résolution : celle-ci se fait le plus souvent sur la même basse, en considérant la quarte et la sixte comme des appoggiatures de triade (ex. sol-do-mi ] sol-si-ré). Si la résolution fait défaut, on obtient un effet de suspension qui a été souvent utilisé pour préparer les cadences de soliste dans les concertos. Quoique artificiel, l'accord de 6/4 mineur, formé par analogie avec le majeur, possède, à un degré moindre, les mêmes caractères et s'emploie de façon analogue.

sixte napolitaine

Nom, apparemment injustifié, donné à une altération descendante du 2e degré dans l'accord de sixte placé sur le 4e degré du mode mineur (ex. en do mineur, le bémol de l'accord fa-la bémol-bémol). Toujours employée dans un but de soulignement expressif (plainte ou assombrissement), la sixte napolitaine semble avoir été surtout introduite au début du XVIIe siècle par le Romain Carissimi ; elle se résolvait toujours sur la dominante, avec ou sans transition, par un accord de quarte et de sixte sur le 5e degré. Plus tard, son emploi s'est considérablement enrichi : on l'emploie aussi bien en majeur qu'en mineur, sa résolution a perdu son automatisme, et la dénomination aujourd'hui tend à se reporter sur l'altération en elle-même, qu'elle soit ou non du 2e degré, incluse dans une véritable sixte.