Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Kastalski (Alexandre)

Compositeur, musicologue et chef de chœur russe (Moscou 1856 – id. 1926).

Fils de théologien, il entra en 1875 au conservatoire de Moscou dans les classes de Hubert, Tchaïkovski et Taneiev (piano, harmonie et composition). Nommé professeur de piano à l'Institut synodal de Moscou (1887), il devint ensuite chef du chœur synodal, avec lequel il effectua des tournées de concerts, avant de prendre, en 1910, la direction de l'institut. Ses travaux portèrent simultanément sur la restitution du chant religieux traditionnel (surtout le chant « znamenny ») et sur l'étude du chant choral populaire. Remontant à leur source commune, Kastalski a contribué au renouveau du chant liturgique en élaborant un style d'harmonisation fondé sur la polyphonie populaire, par opposition à l'influence italo-germanique qui avait dominé au XIXe siècle.

   L'essentiel de son œuvre est donc vocal et Kastalski s'y montre un maître de « l'orchestration chorale ». Ses œuvres religieuses (harmonisations et compositions libres) sont fréquemment exécutées durant les offices. Son opéra Klara Militch (1907), d'après Tourgueniev, ne connut pas de succès. Dans le domaine de la musique populaire, il composa la fresque des Festivités populaires en Russie, qui reprend de nombreux chants rituels. Après la Révolution, il passa du côté du régime soviétique et consacra ses efforts à la chanson de masse. On lui doit deux ouvrages d'ethnomusicologie russe qui continuent à faire autorité : Osobennosti narodno-rousskoï mouzykalnoï systemy (« Particularités du système musical populaire russe », 1923) et Osnovy narodnovo mnogo-golossia (« Fondements de la polyphonie populaire », 1948).

Kastner (Jean Georges)

Compositeur et théoricien alsacien (Strasbourg 1810 – Paris 1867).

Il fit ses études à l'université de Strasbourg, où il suivit, notamment, les cours de théologie protestante. En même temps, il travailla la musique en autodidacte, et ses premiers petits opéras-comiques (dont la Reine des Sarmates, 1835) lui valurent une bourse de la ville, qui lui permit d'aller travailler à Paris avec Reicha et Henri Montan-Berton. Après avoir fait représenter, sans grand succès, la Maschera à l'Opéra-Comique (1841), il regagna Strasbourg. Kastner est l'auteur d'une dizaine d'œuvres lyriques, dont le Dernier Roi de Juda (1844), les Nonnes de Robert le Diable (1845, non représenté), et de cinq « livres-partitions », poèmes symphoniques écrits sur des sujets philosophiques ou historiques et accompagnés d'un texte détaillé rédigé par le compositeur (la Danse macabre, 1852 ; Stephen ou la Harpe d'Éole, 1856 ; les Cris de Paris, 1857). Il publia, d'autre part, plusieurs ouvrages didactiques, qui firent très vite autorité (Traité général d'instrumentation, 1837, 2e éd. augm., 1844 ; Grammaire musicale, 1840 ; Théorie abrégée de contrepoint et de fugue, 1842). Kastner fut élu à l'Institut en 1859, fut l'un des fondateurs de l'Association des artistes musiciens qu'il présida et l'instigateur du concours européen de musiques militaires, lors de l'Exposition universelle de 1867.

Katchen (Julius)

Pianiste américain (Long Branch 1926 – Paris 1969).

Issu d'une famille de musiciens russes, il commence ses études musicales auprès de ses grands-parents. Il étudie ensuite à New York avec David Saperton et fait ses débuts à l'âge de onze ans à Philadelphie. Sa carrière d'enfant prodige est interrompue pour lui permettre de faire ses études au collège d'Averford, où il se spécialise en philosophie. Doté d'une bourse du gouvernement français, il s'installe en 1946 à Paris : ses débuts en Europe sont marqués par sept concerts en onze jours avec l'Orchestre national et la Société des concerts du Conservatoire. Au long des vingt années de sa courte carrière, il se produit dans le monde entier, comme soliste et en formation de musique de chambre (à Prades en particulier, où il joue avec Pablo Casals et David Oïstrakh). En 1967, il reçoit le Grand Prix de l'Académie Charles-Cros pour son enregistrement de l'intégrale pour piano de Brahms, qu'il est le premier à réaliser.

Kaufmann (Dieter)

Compositeur autrichien (Vienne 1941).

Élève notamment de Gottfried von Einem, Olivier Messiaen et René Leibowitz, il s'est fait connaître par quelques œuvres sérielles avant de suivre en France le stage de musique électroacoustique du Groupe de recherches musicales de Paris, au cours duquel il a composé des œuvres qui l'ont révélé comme un héritier doué et personnel de la « musique concrète » et de la « musique anocdotique » française (Chutes et Ah, la nature [1970], deux pièces réunies en une seule dans Singular). De retour à Vienne, il est devenu responsable de l'enseignement de musique électroacoustique à la Hochschule de Vienne, qu'il a ouverte à des recherches d'improvisation et à des travaux faisant collaborer des artistes de diverses disciplines. Avec l'actrice Gunda König et le technicien Walter Stangl, il a fondé le groupe K et K, pour produire en tournée un répertoire d'œuvres électroacoustiques et multimédias, qu'il alimente en partie de sa propre production. Parmi celle-ci : une Sonate pour piano (1965), l'oratorio Évocation (1968, revu en 1974), sur des textes d'lngeborg Bachmann, Singular (1970), Pax (1970), pour dix-huit voix et bande, Concerto-mobil (1971), pour violon, bande et orchestre, Pupofon (1971), spectacle de marionnettes avec bande et acteur, Automne pathétique (1972), et Portrait d'une femme en miroir (1973), deux beaux poèmes de musique électroacoustique, Deklaration (1975) et Music Minus One (1977), œuvres multimédias. Quant à Volksoper (1973-1978), il s'agit d'une vaste pièce de théâtre musical pour solos, chœurs, orchestre et bandes magnétiques, d'après G. F. Jönke, qui s'annonce comme une somme où peut se satisfaire son appétit pour la plus large communication musicale (il est collaborateur des Jeunesses musicales autrichiennes et a fréquemment composé pour de grands ensembles) et où peuvent se conjuguer heureusement son expérience du théâtre musical et son souci de faire une musique en prise sur ce qu'on appelle, en allemand, l'Umwelt (le « monde autour »).