Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
F

Ferras (Christian)

Violoniste français (Le Touquet, Pas-de-Calais, 1933 – Paris 1982).

Il a fait ses études au conservatoire de Nice, puis à celui de Paris avec Calvet, et s'est perfectionné avec Enesco. Après avoir débuté à treize ans à Paris en concert, il a obtenu le premier prix au concours international de Scheveningen en 1948, ainsi que le prix Long-Thibaud. Il a alors entamé une grande carrière internationale. Le jeu de Ferras est d'une grande perfection et sa sonorité d'une pureté exceptionnelle. L'éclat de ses exécutions de grand concertiste n'exclut pas une approche très intérieure des œuvres. Dans la musique de chambre, il sait, dans le respect de la tradition française, faire apparaître le sentiment sans l'étaler. Comme interprète de musique de chambre, il a associé son nom à celui de Pierre Barbizet.

Ferrero (Lorenzo)

Compositeur italien (Turin 1951).

D'abord autodidacte, il a ensuite étudié la composition avec Massimo Bruni (écriture) et Enore Zaffiri (musique électronique) tout en s'intéressant particulièrement à John Cage, auquel il a consacré sa thèse. Il a travaillé également au Groupe de musique électronique de Bourges (1972-73), et participé à partir de 1974 aux activités du groupe Musik-Dia-LichtFilm-Galerie de Josef Anton Riedl à Munich. Il dirige depuis 1980, avec Sylvano Bussotti, le festival Puccini de Torre del Lago en Toscane. Il ne s'est jamais senti attiré par les systèmes sériels, privés, selon lui, de fondement psycho-acoustique, mais s'attache au contraire aux harmoniques et aux spectres sonores, par exemple dans Siglied pour orchestre de chambre (1975), ou dans Romanza senza parole pour 10 exécutants (1976).

   Son utilisation de la virtuosité vocale repose exclusivement sur les principes du bel canto italien du XVIIIe siècle, non sur la virtuosité expressionniste ou vériste. Ses principes d'instrumentation, issus de l'électroacoustique, cherchent à effacer la distinction entre les familles instrumentales traditionnelles au profit de groupes de timbres similaires émis pour différents instruments en fonction de leurs registres spécifiques.

   Il est notamment l'auteur de plusieurs œuvres destinées à la scène : Rimbaud, sur un texte de L. F. Caude (1974-1978), Invito a nozze, ballet en un acte (1978), et Marilyn, scènes des années 50 en deux actes, livret de L. Ferrero et F. Bossi (1979), Night (Munich, 1985), Salvatore Giuliano (Rome, 1986), Charlotte Corday (Rome, 1989), le Bleu Blanc Rouge et le Noir (Paris, 1989). On lui doit encore, entre autres, Ellipse II pour clavicorde ou clavecin (1975), Ellipse III pour quatre (ou plus) voix ou instruments (1975), Le néant où l'on ne peut arriver pour solistes, 2 chœurs, chœur d'enfants, cuivres et percussions, sur un texte de B. Pascal (1976), Arioso pour orchestre et instruments électroniques (1977), Ellipse IV (Waldmusik) pour 20 instruments à vent et instruments populaires (1977), Ellipse V-VIII pour violon, flûte, violoncelle, piano (1977-78), Ellipse en septuor pour 7 instruments (1980), Balletto per orchestra pour grand orchestre (1980), Ombres pour 17 instruments et électronique (1984), Concerto pour piano (1991), Requiem pour les victimes de la Mafia (Palerme, 1993).

Ferreyra (Béatriz)

Femme compositeur argentine (Córdoba 1937).

En France depuis 1961, elle a fait partie de 1964 à 1970 du Groupe de recherches musicales de Paris, où elle a collaboré avec Guy Reibel et Henri Chiarucci aux recherches sur le « solfège expérimental » conduites par Pierre Schaeffer, et commencé une production ­ qu'elle poursuit dans d'autres studios (celui de Bourges, notamment) ­ d'œuvres électroacoustiques d'un style intime et personnel, souvent dans des tonalités glauques et contemplatives (Demeures aquatiques, 1967 ; Étude aux sons flegmatiques, 1971 ; Siesta blanca, 1972), et dans lesquelles le thème de la voix humaine, enregistrée ou imitée électroniquement, sarcastique, insinuante ou démente, tient une grande place (Médisances, 1968 ; l'Orviétan, 1974 ; Canto del Loco, 1975 ; Ecos, 1978). Elle a également créé des musiques destinées à des expériences musicothérapiques et entrepris un cycle d'œuvres « mixtes » (pour instrument et bande) avec Tierra quebrada (1976-77), pour violon et bande, et la Symphonie concertante pour le chat et son astrologue (1978), pour piano et bande.

Ferrier (Kathleen)

Contralto anglaise (Higher Walton, Lancashire, 1912 – Londres 1953).

Elle avait désiré devenir pianiste, mais dut plusieurs années exercer le métier de téléphoniste, tout en donnant des leçons de piano et en se produisant comme accompagnatrice dans de modestes concerts. Sa voix fut découverte en 1937 et plusieurs personnalités telles que le chef d'orchestre Malcolm Sargent l'engagèrent à étudier le chant, ce qu'elle fit notamment avec Roy Henderson à Londres. Elle débuta en 1942 à Newcastle en chantant la partie d'alto dans la Passion selon saint Matthieu de Bach et se fit connaître à Londres lors d'une exécution du Messie de Haendel à l'abbaye de Westminster en 1943. Sa renommée d'interprète d'oratorio grandit vite. Elle fit ses débuts sur une scène au festival de Glyndebourne en 1946 dans le rôle de Lucrèce lors de la création du Viol de Lucrèce de Britten. Ce personnage et celui d'Orphée dans l'œuvre de Gluck, qui fut à son répertoire à partir de 1947, furent les deux seuls qu'elle joua au théâtre. C'est plutôt comme chanteuse d'oratorio (Bach, Haendel), de mélodies et de lieder (Schumann, Brahms, Mahler) qu'elle entreprit une carrière internationale que la maladie devait interrompre prématurément. Kathleen Ferrier avait une voix au timbre parfaitement homogène et d'une beauté rare. Elle en accroissait le pouvoir expressif par des interprétations d'une émotion sobre mais profonde fondées sur le raffinement d'inflexions liées, avec une rare intuition, aussi bien au sens des textes qu'à la ligne musicale.

Ferroud (Pierre Octave)

Compositeur et critique musical français (Chasselay, Rhône, 1900 – Debreczen, Hongrie, 1936).

Il se destinait à une carrière scientifique quand la rencontre d'Édouard Commette, organiste de la primatiale Saint-Jean à Lyon, l'amena à abandonner la chimie au profit de la musique. Il fut ensuite l'élève de Guy Ropartz à Strasbourg puis, de nouveau à Lyon, celui de Florent Schmitt qui enseignait alors l'harmonie au conservatoire. P. O. Ferroud, que sa fin prématurée a empêché de donner toute sa mesure, est l'auteur de plusieurs sonates, d'un trio d'anches, d'un quatuor à cordes, d'une symphonie, de mélodies sur des poèmes de Valéry, P. J. Toulet et Supervielle, de deux ballets et d'un opéra bouffe, reflétant des influences très diverses, mais caractérisés par le refus de tout lyrisme. Il fut aussi le fondateur en 1932 de la société « le Triton », et critique musical de Paris-Soir, Musique et Théâtre et Chantecler.