Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
C

Carcassi (Matteo)

Guitariste italien (Florence 1792 – Paris 1853).

Avec son compatriote Carulli, il fut célèbre à Paris à partir de 1820. Sa carrière se partagea entre l'enseignement et les tournées de concerts qui lui firent parcourir l'Allemagne, l'Italie et l'Angleterre avant qu'il ne se fixât en France. Également compositeur, il écrivit quelque quatre-vingts pièces diverses pour la guitare, mais la part la plus intéressante de son œuvre est constituée par sa Méthode et ses Études, qui témoignent d'une réelle expérience pédagogique.

Cardew (Cornelius)

Compositeur anglais (Winchcombe, Gloucestershire, 1936 – Londres 1981).

Choriste à Canterbury (1943-1950), élève de la Royal Academy of Music de Londres (1953-1957), il a étudié ensuite la musique électronique à Cologne (1957-58), où il fut aussi assistant de Stockhausen (1958-1960), et avec Petrassi à Rome (1964-65). Ses premières pièces, d'esprit sériel, et la plupart pour piano (February Pieces, 1959-1961 ; 2 Books of Study for Pianists, 1959), exigent beaucoup de l'interprète sur le plan technique. À partir de 1960, sous l'influence de Cage, il s'est orienté vers la notation graphique et l'aléatoire (Treatise, 1963-1967). Cofondateur en 1969 du Scratch Orchestra, censé pratiquer la création collective, il s'est, en 1971, détourné de cette expérience, à son avis toujours coupée de la réalité sociale, pour fonder l'Ideology Group. Il s'est efforcé, depuis lors, à partir d'analyses marxistes, d'explorer les rapports entre la classe prolétarienne et la musique, et ce aussi bien dans ses écrits (Stockhausen Serves Imperialism, 1974) que dans sa musique (Four Principles on Ireland and Other Pieces, 1974).

Cardon

Famille de musiciens français du XVIIIe siècle, qui s'illustra par deux compositeurs.

 
Jean-Guillain (Mons 1722 – Versailles 1788). Il arriva à Paris en 1761, entra, trois ans plus tard, à la chapelle royale comme violoniste et fut nommé en 1772 maître de violon du comte de Provence, futur Louis XVIII. Avant de devenir aveugle en 1780, il composa pour cet instrument des duos et des sonates, parus entre 1764 et 1770. Il publia également des recueils d'airs et d'ariettes avec accompagnement de violon, des trios à grand orchestre (1768 et 1772) et, à la fin de sa vie, un traité, le Rudiment de la musique ou Principes de cet art mis à la portée de tout le monde, par demandes et réponses (1786).

 
Jean-Baptiste (Rethel v. 1760 – Saint-Pétersbourg 1803). Fils du précédent, il se fit connaître comme harpiste et, après avoir été au service de la comtesse d'Artois, il enseigna l'instrument dont il jouait à la cour. La Révolution allait interrompre sa carrière en France et l'amena à s'exiler en Russie, où il entra au service de Catherine II (1794). Il écrivit pour la harpe plusieurs sonates, deux symphonies concertantes (1787), deux trios (1790), et lui consacra un traité paru en 1784, l'Art de jouer de la harpe.

Cardonne (Jean-Baptiste, dit Philibert)

Compositeur français (Versailles 1730 – ? apr. 1792).

Versaillais, il fit carrière à la cour en débutant comme page de la musique royale, sous la direction de Colin de Blamont. En 1743, son premier motet était exécuté et, deux ans plus tard, Cardonne entra comme chanteur à la chapelle royale, poste qu'il garda jusqu'à la Révolution. En 1755, il fut nommé maître de luth des pages, puis claveciniste et, en 1777, maître de musique de la Chambre, avant de devenir en 1781 surintendant honoraire. Son œuvre variée comprend des sonates en trio pour deux violons et basse (1764), des sonates pour clavecin et violon obligé (1765), des syrnphonies, des concertos, des motets (1743-1748), des ariettes, une tragédie lyrique, Omphale (1769), et Ovide et Julie, acte de l'opéra-ballet les Fragments héroïques (1773). Son œuvre lyrique, représentative de l'opéra français traditionnel, fut victime des attaques des partisans de la musique italienne.

carillon-lyre

Glockenspiel dont les lames sont disposées verticalement, dans un cadre en forme de lyre qui est lui-même monté sur une hampe, comme le chapeau chinois.

Cet instrument portatif, dont l'étendue ne dépasse pas l'octave, n'est employé que dans les ensembles de type militaire.

carillon

Jeu de cloches (sans battant), de timbres ou de tubes permettant un jeu mélodique plus ou moins étendu et varié suivant le nombre de ses éléments (quatre notes seulement pour les carillons primitifs et même ensuite pour certains carillons célèbres, comme le carillon de Westminster).

À l'origine, qui semble remonter au haut Moyen Âge en ce qui concerne l'Europe occidentale, les corps sonores étaient frappés à l'aide d'un ou deux petits marteaux tenus à la main, comme c'est encore le cas du carillon d'orchestre (CLOCHES). Mais, à partir du XIVe siècle et jusqu'au XVIe, qui vit son apogée aux Pays-Bas et sa large diffusion dans les pays voisins, le carillon connut des perfectionnements considérables. Les cloches se multipliant, chacune fut pourvue d'un marteau articulé, relié par câble à l'une des touches d'un gros clavier que le carillonneur frappait à coups de poing. Les modèles les plus importants étaient même munis d'un pédalier. Ainsi l'humble sonneur finit-il par se doubler d'un virtuose, voire d'un improvisateur, à l'occasion des fêtes carillonnées.

   D'autre part, le rôle fonctionnel du carillon en tant que complément des cloches d'église ou de beffroi entraîna l'invention de dispositifs mécaniques déclenchés par l'horloge elle-même. Le carillon put alors jouer automatiquement, à des heures déterminées, des airs préalablement « enregistrés » sur des cylindres à picots, ou plutôt à taquets, qui actionnaient les marteaux. Les carillons de ce type étaient parfois associés à des automates dont certains (jacquemarts) participaient à la percussion des cloches. Il en est qui fonctionnent encore, notamment en pays flamand où ils ont été soigneusement conservés, restaurés ou reconstitués. Par la suite, les marteaux ont été mis en mouvement par des systèmes pneumatiques, puis électriques, commandés par un clavier ordinaire qui peut éventuellement, dans le cas des carillons d'église, faire partie de la console de l'orgue. Signalons, enfin, les carillons électroniques, qui ne font qu'imiter la sonorité joyeuse et cristalline des cloches.

   Les carillons de porte, faits d'une grappe de tubes métalliques qui tintent en s'entrechoquant, ne sont pas à proprement parler des instruments de musique. En revanche, des carillons de bambou, tout à fait semblables aux carillons de porte sauf quant à la matière première, ont leur place parmi les percussions dans certains ensembles extrême-orientaux, et même dans les orchestres occidentaux modernes sous le nom anglais de wood-chimes, qui signifie littéralement « carillon de bois ».

   Le terme de carillon s'applique également aux morceaux de musique conçus non seulement pour le carillon, mais pour d'autres instruments chargés de l'évoquer (clavecin, piano, et, très fréquemment à l'époque moderne, orgue : Carillon de Marcel Dupré, Carillon de Westminster de Louis Vierne). Au XXe siècle, l'art des carillonneurs a connu une renaissance, actuellement personnifiée, en France, par exemple, par Jacques Launoy.