Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Bull (John)

Compositeur anglais (1562 ? – Anvers 1628).

D'abord enfant de chœur et élève de Blitheman à la chapelle royale de la reine Élisabeth, il fut nommé organiste à la cathédrale de Hereford en 1582. Il obtint le doctorat des universités d'Oxford et de Cambridge et devint le premier professeur de musique du Gresham College à Londres en 1596 sur la recommandation de la reine. Sa santé l'obligea à quitter l'Angleterre en 1601 et il voyagea sur le continent, en France et en Allemagne. La mort d'Élisabeth (1603) n'entama ni sa position sociale ni sa réputation. Honoré et distingué également par Jacques Ier, il conserva son rôle de musicien officiel. Il se maria en 1607, entra au service du prince Henry (1611) et, avec Byrd et Gibbons, publia le premier recueil anglais de pièces pour le virginal (Parthenia, 1611). En 1613, il composa un anthem pour le mariage de l'électeur palatin avec la princesse Élisabeth. Peu après, sans doute pour des raisons en partie religieuses, il s'enfuit et obtint l'un des postes d'organiste de la chapelle royale à Bruxelles. Il se rendit ensuite à Anvers (1617), où il fut organiste de la cathédrale jusqu'à sa mort. L'œuvre pour clavier de John Bull illustre parfaitement le génie de l'école des virginalistes anglais. L'écriture fait preuve d'un grand esprit d'invention, d'un sens remarquable des possibilités des instruments à clavier de l'époque et témoigne de la virtuosité de l'instrumentiste. Un certain nombre de ces pièces, dont un monument, les Walsingham Variations, figurent dans le Fitzwilliam Virginal Book. Avec Sweelinck, qu'il connaissait, Bull fut l'un des premiers musiciens à écrire de la vraie musique de clavier. Autour du cadre du portrait du musicien, un couplet pouvant se traduire ainsi : « Le taureau règne par la force dans les champs, mais Bull (= taureau) attire la bienveillance par son habileté. »

Bull (Ole Bornemann)

Violoniste et compositeur norvégien (Bergen 1810 – id. 1880).

Quoiqu'il se soit produit comme violoniste à neuf ans, son père n'était pas favorable à une carrière musicale et l'envoya à Christiana faire des études de théologie. Mêlé à des agitations politiques, Bull dut quitter la Norvège en 1829 et se rendit à Kassel où il travailla avec Spohr. En 1831, il entendit Paganini à Paris et s'attacha dès lors à perfectionner sa technique. Il donna à Paris son premier concert, en 1832, déchaîna l'enthousiasme en Italie et entreprit des tournées triomphales à travers l'Europe, puis, après 1843, en Amérique. Il vécut alors alternativement en Norvège et aux États-Unis, où il perdit en partie sa fortune, qui était considérable, en tentant de fonder une colonie norvégienne. Sa mort fut un deuil national. Sa technique éblouissante fut comparée à celle de Paganini. Bull utilisait un archet et un violon conçus spécialement pour lui ; son violon avait un chevalet plat. À l'exception de quelques œuvres de Paganini, il ne jouait en public que ses propres compositions qui, parfois inspirées du folklore norvégien, comprennent des œuvres pour violon seul, pour violon et piano, et 2 concertos (1834, 1841).

Bülow (Hans Guido von)

Pianiste, chef d'orchestre, compositeur et critique musical allemand (Dresde 1830 – Le Caire 1894).

Élève de Friedrich Wieck et de Franz Liszt, il fut l'un des pianistes les plus fameux de son temps, mais sa renommée comme chef d'orchestre ne fut pas moins grande. Il fut un merveilleux animateur de la vie musicale dans les villes où il exerça son activité de chef : Munich (1864-1869), Meiningen (1880-1885 ; il rendit célèbre dans l'Europe entière l'orchestre de la cour de ce petit duché d'Allemagne centrale), Hambourg et Berlin (1887-1892). Prototype du chef d'orchestre moderne, il se considérait comme entièrement au service des œuvres qu'il dirigeait et exigeait leur parfaite mise au point. Il défendait aussi bien les classiques que les jeunes compositeurs, et prenait souvent la parole devant son public pour expliquer les œuvres. Conquis par l'art wagnérien dès 1849, il dirigea les premières de Tristan et Isolde (1865) et des Maîtres chanteurs de Nuremberg (1868). En 1857, il avait épousé Cosima de Flavigny, fille de Liszt, qui le quitta pour devenir la compagne de Wagner. Le divorce fut prononcé en 1870, mais, jusqu'en 1880, Bülow continua à défendre la cause wagnérienne. Bülow contribua à faire connaître Bach, Beethoven (notamment les dernières sonates pour piano, longtemps jugées incompréhensibles), Chopin, Liszt, Brahms, Richard Strauss. Parallèlement à la direction d'orchestre, il écrivit quelques partitions et eut une activité d'éditeur, de critique et de musicographe. Il demeure l'une des plus grandes intelligences musicales du XIXe siècle.

Bunlet (Marcelle)

Soprano française (Fontenayle-Comte, Vendée, 1900 – Paris 1991).

Elle débuta en 1926 en concert, et, en 1928, à l'Opéra de Paris dans le rôle de Brünhilde du Crépuscule des dieux de Wagner. Elle acquit bientôt une grande renommée dans les rôles wagnériens et chanta Kundry de Parsifal au festival de Bayreuth en 1931. Ariane dans Ariane et Barbe-Bleue de Dukas et des rôles de Richard Strauss, comme Elektra et Arabella, comptèrent parmi ses spécialités. Elle fut aussi une chanteuse de concert réputée et la créatrice des Poèmes pour Mi d'Olivier Messiaen. Sa voix était ample, d'une belle couleur et très expressive.

bunraku

Terme japonais désignant un genre de théâtre de marionnettes, du nom du Théâtre Bunrakuza, fondé à Osaka en 1862 par Uemura Bunrakuken.

Vers le Xe siècle, on trouvait déjà au Japon des poupées articulées, sûrement importées du continent asiatique ; elles étaient le gagne-pain de mendiants errant à travers le pays. Puis les marionnettes se mirent au service de la foi, et les montreurs continuèrent à les présenter de village en village. En 1734, une nouvelle technique de manipulation des marionnettes, qui sont de grande taille et somptueusement vêtues, a donné à ce genre sa forme définitive.

   Les marionnettes s'expriment par le biais du joruri, musique alliant le chant épique aux complaintes populaires, avec accompagnement de shamisen. Un chanteur installé sur une plate-forme, à droite de la scène, donne les monologues et les dialogues de tous les personnages, soit en parlant, soit en chantant, accompagné par le shamisen. Le joueur de shamisen n'a pas le droit de prononcer des mots, mais peut accompagner le narrateur-chanteur par des bruits vocaux divers (soupirs, grognements, etc.). Il peut y avoir plusieurs narrateurs et plusieurs instrumentistes, des instruments comme le kokyu, luth à trois ou quatre cordes, étant susceptibles de s'ajouter au shamisen.