Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
C

Castérède (Jacques)

Compositeur français (Paris 1926).

Il a fait ses études au Conservatoire de Paris, y travaillant notamment le piano (premier prix en 1948), la composition (avec T. Aubin) et l'analyse (avec O. Messiaen). Premier grand prix de Rome en 1953 avec la cantate la Boîte de Pandore, il a été nommé professeur de solfège au C.N.S.M. de Paris en 1960, et y est devenu conseiller aux études en 1966, puis professeur d'analyse en 1970. Sa production, de caractère néoclassique, traduit nettement son appartenance à une tradition nationale. Au sein d'un catalogue de plusieurs dizaines d'œuvres de toutes formes et utilisant volontiers des voix et des instruments peu habitués à évoluer ensemble, on peut citer une symphonie pour cordes (1952) ; une sonate pour piano et violon (1955), une pour piano (1967) et une pour piano et alto (1968) ; l'oratorio le Livre de Job (1959) ; la Chanson du mal-aimé d'après Apollinaire (1960) ; Quatre Poèmes de Robert Desnos pour baryton et piano (1965) ; deux concertos pour piano (1968, 1972) ; Images pour un jour d'été, concerto pour 2 pianos et cordes (1969) ; Hymn pour récitant, chœurs, orgue, cuivres et percussion (1973) ; In Memoriam Ludwig van Beethoven pour orchestre (1975) ; Avant que l'aube ne meure pour piano, violon, alto et violoncelle (1976) ; Fanfares pour La Fayette pour ensemble de cuivres (1976) ; Pianologie pour 3 pianos, chant et percussion (1977) ; Concert on a boat pour clarinette et orchestre à vents (1978) ; un concerto pour guitare (1979) ; Psaume VIII pour orgue, violoncelle et soprano (1987), Miroirs du rêve pour orchestre à cordes. Il a reçu en 1991 le Grand Prix de la Ville de Paris.

Casti (Giovanni Battista)

Librettiste italien (Acquapendente, près d'Orvieto, 1724 – Paris 1803).

Rival de Da Ponte à Vienne, où il s'installa en 1783, il y écrivit le livret d'Il rè Teodoro de Paisiello (1784) et, pour Salieri, ceux de La grotta di Trofonio (1785), de Prima la musica e poi le parole (1786), avec attaques contre Da Ponte, de Cublai, Gran Can dei'Tartari (1788) et de Catilina (d'après Voltaire, 1792). En raison de leurs résonances politiques, ces deux derniers ouvrages ne furent pas représentés. Presque tous comiques, les livrets de Casti contiennent de nombreux traits satiriques. Fait poète de cour par l'empereur François II à la fin de 1792, il quitta définitivement Vienne en 1796.

Castiglioni (Niccolò)

Compositeur italien (Milan 1932 – id. 1996).

Il a fait ses études au conservatoire de sa ville natale avec Desderi, F. Ghedini, Margola et Fuga, puis au Mozarteum de Salzbourg avec Friedrich Gulda et Carlo Zecchi et, enfin, à partir de 1958, aux cours d'été de Darmstadt. Il a aussi eu comme maître Boris Blacher. Il s'est d'abord fait une renommée de pianiste virtuose au toucher et au jeu raffinés et, en 1961, a obtenu le prix Italia pour son opéra radiophonique Attraverso lo specchio (« À travers le miroir »). En 1966, il a émigré aux États-Unis, où il a d'abord été composer in residence au Center of Creative and Performing Arts de Buffalo. Nommé ensuite visiting professor in composition à l'université du Michigan à Ann Arbor, puis regent lecturer à l'université de Californie à San Diego, une sorte d'épuisement le força à rentrer en Europe, et, depuis le début des années 70, il a assez peu produit.

   Ses œuvres, de tendance postsérielle élargie, surtout instrumentales, témoignent d'un tempérament lyrique et dramatique extrêmement vif et d'une sensibilité aiguë pour laquelle la musique ne doit se justifier que d'elle-même : « Tout comme un dessin où le noir des traits n'a d'autre fonction que d'articuler le blanc du papier, les Disegni (1960) sont de par leur forme un continuum du silence au sein duquel les notes viennent s'insérer pour articuler le silence par les sons » (à propos de sa pièce d'orchestre Disegni). Ses ouvrages, volontiers très courts, ont souvent quelque chose d'éphémère, qui répugne à la durée, telles les images d'un kaléidoscope. À propos de Gyro, pour chœur mixte et 9 instruments (1963), il a d'autre part fait remarquer « que depuis toujours un mystère, une exigence religieuse existent dans la science, et que la religiosité de tout temps peut s'exprimer aussi à travers la science. C'est le besoin de ne rien renier ­ dans le meilleur sens du terme ­ de ce qui est profane ». Il a écrit notamment Aprèslude pour orchestre (1959), Gymel pour flûte et piano (1960), A Solemn Music I (1963) et II (1965) pour soprano et orchestre de chambre sur des textes de John Milton, une symphonie en ut pour chœur et grand orchestre (avec 4 pianos et 4 clavecins) sur des textes de Ben Johnson, Dante, Shakespeare et J. Keats (1969-70), Inverno In-Ver, 11 poésies musicales pour orchestre (1972), Quodlibet pour piano et instruments (1976) ; Hymne pour chœur à 12 parties a cappella (1988-89) ; Fantasia concertata pour piano et orchestre (1991). On lui doit également un intéressant ouvrage de synthèse : le Langage musical de la Renaissance à nos jours.

Castillon de Saint-Victor (Alexisde)

Compositeur français (Chartres 1838 – Paris 1873).

Venu à la musique assez tard, après une brève carrière militaire, il fit ses études avec Delioux et Victor Massé, puis César Franck dont il fut l'un des disciples les plus doués. Il participa en 1871 à la fondation de la Société nationale de musique et en fut le secrétaire. Ses œuvres symphoniques et instrumentales, présentées notamment dans le cadre des concerts de la Société nationale, se heurtèrent plus d'une fois à l'incompréhension et à l'hostilité du public, en raison de leur nouveauté. Castillon est l'un des premiers à avoir ressuscité, en France, la musique de chambre. La poésie, la fraîcheur et la force de son inspiration, écho d'un généreux tempérament romantique, font déplorer qu'il n'ait pas eu de connaissances assez solides en technique d'écriture pour affermir son style et son langage. Son œuvre comprend essentiellement des pièces symphoniques, dont une symphonie, de la musique de chambre (un quintette pour piano et cordes, 2 quatuors à cordes, un quatuor pour piano et cordes, 2 trios pour piano et cordes, etc.) et des pièces pour piano.