Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
S

strophe

En musique comme en poésie, la strophe est un ensemble cohérent, d'une dimension suffisante, nettement séparé de l'ensemble suivant et/ou précédent, avec lequel il présente un minimum d'analogies sans toutefois aller obligatoirement jusqu'à l'identité. La strophe constitue ainsi un moyen terme entre la séquence, qui ne préjuge pas des rapports avec les ensembles voisins, et le couplet qui, au contraire, exige une quasi-identité par rapport à eux.

   S'il y a d'un groupe à l'autre répétition de mélodie, de façon irrégulière, avec des timbres distribués différemment en fonction d'un groupement de vers différent ­ comme c'est le cas au Moyen Âge pour le lai ou la chanson de vers ­, il n'y a plus strophe, mais laisse.

   Outre les strophes régulières, les trouveurs ont souvent pratiqué la demi-strophe terminale, appelée tornada chez les troubadours. Elle se chantait sur la première ou la dernière partie de la mélodie.

   Dans la tragédie grecque, enfin, le système strophique était organisé en fonction d'un dialogue entre deux demi-chœurs : l'un énonçait la strophe, l'autre répondait sur la même mélodie par l'antistrophe. Une 3e partie, chantée sur une mélodie différente, constituait l'épode. Ce système, avec les mêmes noms, a été parfois imité par les musiciens de la fin de la Renaissance.

Strozzi (Giulio)

Poète, écrivain et librettiste italien (Venise 1583 – id. 1652).

Il fut très actif à l'Académie de Rome puis à celle de Venise ; dans cette dernière ville, il fonde, chez lui, en 1637, l'Accademia degli Unisoni. Surtout connu pour ses livrets d'opéras, il a pris une part importante à la création de l'opéra vénitien. Citons, en tout premier lieu, parmi les compositeurs qui ont utilisé ses textes, Monteverdi (La Finta pazza Licori, 1627 ; Proserpina rapita, 1630), F. Manelli (La Delia o sia La Sera sposa del sole, 1639), Sacrati (La Finta pazza, 1641), puis Cavalli (Veremonda, 1652). Ses poèmes ont aussi inspiré les madrigalistes, en particulier Monteverdi et sa fille adoptive Barbara Strozi.

 
Barbara Strozzi (Venise 1619 – id. ? apr. 1664), cantatrice de talent, se produisit surtout lors des séances de l'Accademia degli Unisoni créée par son père adoptif. Dans ses compositions, qui incluent des madrigaux, cantates, ariettes, duos, elle fait preuve d'une grande invention mélodique et laisse transparaître, parfois, l'influence de son maître Cavalli.

Strungk (Nicolaus Adam)

Violoniste, organiste et compositeur allemand (Brunswick 1640 – Dresde 1700).

Fils d'un organiste, il séjourna à Wolfenbüttel et à Celle, puis à Vienne (1661-1665). Il entra ensuite à Hanovre au service de l'Électeur Johann Friedrich, et fut nommé en 1688 vice-maître de chapelle et organiste de chambre, puis en 1692 maître de chapelle, de la cour de Dresde, poste dont il démissionna en 1696. Il donna à Hambourg les opéras Esther (1680) et Semiramis (1681), et obtint l'autorisation d'ouvrir à Leipzig un Opéra, inauguré en 1693 avec son Alceste.

Strunk (Oliver)

Musicologue américain (Ithaca, New York, 1901 – Grottaferrata, Italie, 1980).

Après des études à Cornell University, il travailla la composition en privé et passa une année à Berlin (1927-28). Entré à la bibliothèque du Congrès en 1928, il en dirigea le département de Musique de 1934 à 1937, et enseigna à Princeton de 1937 à 1966. Il participa, en 1928, à la fondation de l'American Musicological Society, qu'il présida en 1959-60 et dont il fut en 1948 le premier éditeur du journal. Spécialiste de musique byzantine (il édita, de 1961 à 1971, les Monumenta musicae byzantinae) et du chant liturgique des Églises d'Orient et d'Occident, il a écrit sur des sujets nombreux et variés, et fut un des principaux fondateurs de la musicologie américaine, comptant parmi ses élèves Joseph Kerman et Charles Rosen. Son ouvrage le plus célèbre est Source Reading in Music History, anthologie critique d'écrits sur la musique des Grecs anciens à Wagner (New York, 1950 ; réimpr., 1965 ; rééd., Londres, 1981).

Stuckenschmidt (Hans Heinz)

Musicologue et critique musical allemand (Strasbourg 1901 – Berlin 1988).

Musicien partiellement autodidacte, il prend, très jeune, parti pour la nouvelle musique et écrit dans diverses revues (Aufbruch, Auftakt, Melos, Modern Music, puis Bohemia, à Prague, et, à partir de 1929, Berliner Zeitung am Mittag), tout en animant des séries de concerts. Il est auditeur des cours d'analyse musicale de Schönberg de 1931 à 1933, mais doit, par suite de ses prises de position, cesser toute activité critique en Allemagne à partir de 1934. Il est nommé, après la guerre, directeur du Studio für Neue Musik de la RIAS à Berlin et critique musical de la Neue Zeitung (1947), puis de la Frankfurter allgemeine Zeitung (à partir de 1957). Il enseigne, par ailleurs, l'histoire de la musique à la Technische Universität de Berlin de 1948 à 1967. Il a écrit de nombreux ouvrages de référence sur la musique moderne : Neue Musik zwischen den beiden Kriegen (1951), Schöpfer der Neuen Musik (1958), Oper in dieser Zeit (1964), Twentieth Century Music (1968), Twentieth Century Composers (1970), Die Musik eines halben Jahrhunderts : 1925-1975 (1976), d'où se dégage un intérêt particulier pour Schönberg qu'il développe dans Arnold Schönberg (1951) puis Schönberg… (1974). Il a, d'autre part, publié des études sur I. Stravinski, B. Blacher, J. N. David, M. Ravel, F. Busoni.

Studer (Cheryl)

Soprano américaine (Midland 1955).

Elle étudie à l'Université du Tennessee, puis se perfectionne à Vienne avec Hans Hotter. De 1980 à 1986, elle chante dans les Opéras de Munich et de Hambourg, tout en intégrant la troupe du Deutsche Oper de Berlin. Si elle remporte de grands succès dans Bizet, Verdi et Mozart, c'est avant tout comme wagnérienne qu'elle acquiert une renommée précoce. Depuis 1985, elle a chanté à Bayreuth, puis à l'Opéra de Paris et à la Scala de Milan. En 1989, elle s'impose à Salzbourg dans le rôle de Chrysothemis d'Elektra, dirigé par Abbado. Richard Strauss est d'ailleurs, avec Wagner, son compositeur de prédilection.