Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
P

Pitz (Wilhelm)

Chef de chœur allemand (Breinig 1897 – Aix-la-Chapelle 1973).

Il étudia le piano, la théorie (avec Fr. Busch) et le violon à Aix-la-Chapelle, où il fut ensuite premier violon dans l'orchestre symphonique (1913-1933), maître de chapelle (à partir de 1933) et chef de chœur. À partir de 1949, il dirigea la Société chorale de Cologne ; à partir de 1957, le chœur de l'orchestre New Philharmonia de Londres, et, de 1951 à 1971, le chœur du Festival de Bayreuth. À tous ces titres, il joua pendant plus de vingt ans un rôle de premier plan dans la vie musicale internationale.

piuttosto

Italien pour « plutôt », en général employé dans les indications de tempo sous la forme « più tosto ». Le deuxième mouvement du quatuor à cordes en mineur opus 76 no 2 (les Quintes) de Haydn (1797) est par exemple indiqué « Andante o più tosto allegretto » (Andante ou plutôt allegretto), et la partie rapide du premier mouvement de la sonate en sol mineur pour violoncelle et piano opus 5 no 2 de Beethoven (1796) « Allegro molto più tosto presto » (Allegro molto, plutôt presto).

Pizzetti (Ildebrando)

Compositeur italien (Parme 1880 – Rome 1968).

Issu d'une famille de musiciens, marqué par l'enseignement de Giovanni Tebaldini, attaché au chant grégorien et à la polyphonie médiévale, il remporta ses premiers succès de compositeur à dix-huit ans, mais fut surtout révélé par sa musique de scène pour La Nave, de D'Annunzio (1908), pour qui il composa encore Fedra (1912, créée en 1915). Professeur, puis directeur du conservatoire de Florence, il fut nommé directeur du conservatoire G.-Verdi de Milan en 1924, puis enseigna la composition à Rome de 1946 à 1958, année où il donna également Meurtre dans la cathédrale. Il a déployé, sa vie durant, une vaste activité de critique, de chef d'orchestre et de musicologue, éditant notamment les madrigaux de Gesualdo.

   Cadet de Respighi, il constitua, avec Malipiero et Casella, cette « triade des années 1880 » qui œuvra pour la renaissance d'une musique nationale qui tournât le dos au vérisme et au romantisme. Pizzetti apparaît plus orienté vers le théâtre que ses deux condisciples, mais on trouve également dans son importante production instrumentale et dans sa musique de chambre un refus du chromatisme germanique et une adhésion à un diatonisme ou un modalisme trahissant des préoccupations semblables à celles de ses contemporains Bartók, de Falla, et même Debussy (concertos avec piano, harpe, violoncelle, violon).

   Au théâtre, il écrivit lui-même ses poèmes, et usa d'un lyrisme dépouillé se combinant avec une orchestration de dérivation vériste. Outre son éloquente Fedra et Meurtre dans la cathédrale, on peut retenir Debora a Jaele (Milan, 1922), Fra Gherardo (id., 1928), Orsoleo (Florence, 1935), La Figlia di Jorio, d'après D'Annunzio (1954), Il Calzare d'argento (1961) et Clitennestra (1965) ; parmi ses musiques de scène, outre La Nave, mentionnons La Pisanella (D'Annunzio, Paris, 1913), la Représentation sacrée d'Abraham et Isaac (1917), Agamemnon (1930), les Trachiniennes (1933), Œdipe à Colone (1936) et Il Campiello (1957).

pizzicato

Dans les instruments à cordes frottées, technique consistant à pincer la corde avec le doigt au lieu de la frotter avec l'archet. On peut le faire de la main droite, de la main gauche, en notes simples ou en accords, mêlé à des notes coll'arco, seul ou comme accompagnement à un chant coll'arco.

plain-chant

Terme employé dès le Moyen Âge (contrairement à grégorien qui est d'introduction récente) pour opposer le chant ecclésiastique monodique, dont les notes sont de durée égale (planus cantus), au chant dit mesuré (cantus mensuratus) soumis à la mesure en valeurs différenciées et incluant la polyphonie.

En préconisant le terme « chant grégorien » pour le plain-chant restauré selon sa méthode, l'école de Solesmes a quelque peu limité l'acception du mot plain-chant à la forme qu'il revêtait avant sa propre réforme, notamment depuis la réforme médicéenne qui avait suivi le concile de Trente à la fin du XVIe siècle. Paradoxalement, on appelle plain-chant mesuré une forme de plain-chant issue des séquences mesurées des XIIe-XIIIe siècles, et qui, sans pratiquer une mesure régulière battue, introduit par allongement de certaines notes une notion de longues et de brèves qui, dans certaines pièces (séquences), peut aller jusqu'à provoquer un rythme approximativement ternaire. Plusieurs écoles mensuralistes avaient, au XIXe siècle, préconisé un plain-chant mesuré selon le solfège usuel ; aucune d'elles n'a survécu.

   Dans la pédagogie du contrepoint traditionnel, on emploie parfois le terme plain-chant, même s'il n'appartient pas au répertoire de celui-ci, pour désigner le « chant donné » en valeurs longues égales sur lequel l'élève doit rédiger les autres parties selon des règles conventionnelles fixées à l'avance.

Plançon (Pol)

Basse française (Fumay, Ardennes, 1854 – Paris 1914).

Il étudia à Paris avec Duprez, et fit ses débuts à Lyon dans Saint-Bris des Huguenots de Meyerbeer en 1877. Engagé à l'Opéra de Paris, il y chanta régulièrement pendant dix ans. Après quoi, le Metropolitan Opera de New York se l'attacha à prix d'or. Également à l'aise dans les répertoires français, allemand et italien, Plançon fut un des plus grands chanteurs du XIXe et du XXe siècle. Son timbre de basse était puissant et d'une grande beauté. Son étendue vocale lui permettait d'aborder avec autant de bonheur les emplois de basse chantante et ceux de basse profonde. Sa diction possédait une grande noblesse et son phrasé était exemplaire. L'émission toujours naturelle de Plançon reposait sur une virtuosité technique qui lui permettait de vocaliser avec la plus extrême agilité (il possédait un « trille » célèbre). Ses dons d'acteur n'étaient pas moins admirés que ses dons de musicien, et il brilla dans le rôle de Méphisto.

planctus (planh, plainte, complainte)

Poème de lamentation chanté du Moyen Âge, qui se développe en Europe du IXe au XIIe siècle environ.

Écrit tantôt en latin, tantôt en langue vernaculaire, et de forme proche de la séquence, il semble avoir été tout d'abord profane. Le genre le plus répandu est la lamentation sur la mort d'un personnage important, dont fait partie l'un des plus anciens plancti conservés, A solis ortus usque ad occitua, sur la mort de Charlemagne (814). Le planh des troubadours, sorte de sirventès, appartient à ce type, le plus célèbre étant certainement la lamentation sur la mort de Richard Cœur de Lion de Gaucelm Faidit (Fortz chausa es que tot lo major dan). Ce genre est sans doute à l'origine des déplorations des XIVe et XVe siècles. Le planctus de thème biblique se développe surtout à partir du XIIe siècle, avec en particulier les six plancti de Pierre Abélard. C'est à cette époque qu'apparaît le Planctus beatae Virginis Mariae, dont les exemples sont nombreux aux XIIe et XIIIe siècles. Bien que non liturgique, il était sans doute néanmoins exécuté à l'église et a joué un rôle important dans le drame liturgique.