Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
M

milonga

Annonciatrice du tango, cette forme musicale se rencontre en Uruguay, au Paraguay, en Argentine et au Chili. On la trouve comme moyen expressif dans des duos vocaux, où les textes, de caractère léger, sont en forme de questions et de réponses. La mélodie procède par gammes descendantes, en mesures binaires contrastant avec l'accompagnement de guitare à 6/8. Lorsque des refrains sont ajoutés, ils sont harmonisés en tierces parallèles.

Milstein (Nathan)

Violoniste américain d'origine russe (Odessa 1904 – Londres 1992).

Il commence l'étude du violon à quatre ans et suit, de 1911 à 1914, l'enseignement de P. Stoliarski (également le maître de D. Oistrakh). Il joue à dix ans le Concerto de Glazounov, sous la direction du compositeur, mais ses véritables débuts prennent place à Odessa en 1920, après avoir terminé ses études auprès de L. Auer, à Saint-Pétersbourg. Seul ou en duo avec V. Horowitz, il fait à partir de 1925 des tournées en U. R. S. S. et en Europe. Il s'installe à Berlin (1925), joue à Paris (1926) et à Bruxelles, où Ysaye, devant sa maîtrise, renonce à le prendre comme élève. La même année, il fonde un trio avec Horowitz et G. Piatigorski, avec qui il part pour les États-Unis (1929). Il y fait ses débuts avec l'Orchestre de Philadelphie (dirigé par L. Stokowski). Naturalisé américain (1942), il réapparaît en Europe après-guerre, notamment aux festivals de Lucerne (1949), de Salzbourg (1954) et de Berlin (1966). Il donne des cours de perfectionnement au Muraltengut de Zurich et à la Juilliard School de New York. La carrière de Milstein offre un exemple unique de longévité violonistique ; sa sonorité s'est même épanouie avec le temps. Doué d'une main gauche exceptionnelle, d'un tempérament impétueux et entier, il ne conçoit la virtuosité que comme porteuse de vérité musicale et la pureté du son que comme révélateur de la charge poétique des œuvres. Celles-ci, peu nombreuses et souvent revisitées, vont des sonates de Bach aux concertos de Prokofiev en passant par les grands concertos romantiques, pour lesquels il écrit ses propres cadences. Il a composé également des Paganiniana (jouées à New York en 1954), en hommage au père des violonistes. Il jouait sur un stradivarius de 1716.

Mimaroglu (Ilhan)

Compositeur turc (Istanbul 1926).

D'abord critique musical dans son pays d'origine, il réside à New York depuis 1955 et y a réalisé, dans les studios de l'université Columbia Princeton, une production électroacoustique abondante et suivie. Il est un des rares compositeurs vivant aux États-Unis à s'être investi entièrement dans la musique pour bande magnétique, et à en avoir une conception engagée et personnelle, la considérant comme un art analogue au cinéma, qu'il oppose à la musique instrumentale plus proche, elle, du théâtre. Dans une grande partie de son œuvre (Préludes, Études visuelles, Hyperboles, les Ailes du démon délirant, la Ruche, Coucou Bazar, pour l'exposition de son ami Dubuffet, etc.), il joue surtout avec les couleurs et les textures sonores, en plasticien et en rythmicien séduisant, mais ses productions récentes se présentent comme de la musique politique, de l'« agit-pop-music », mêlant des éléments de musique vocale et instrumentale enregistrés (et écrits par l'auteur) à des sons électroacoustiques et à des textes de Mao, Allende, Che Guevara, etc., en une fusion audacieuse, sur le support unique de la bande magnétique, des matériaux et des styles. Comme exemple de cette tendance, citons : Sing me a song of Song My, avec le quintette de jazz de Freddie Hubbard (1971), Tract (1972-1974) et To Kill a Sunrise (1974). Dans le genre difficile de la « musique à message », Miraroglu sait atteindre, notamment avec son Tract, à une grande puissance d'émotion, à un souffle lyrique et chaleureux.

mimodrame

Action mimée accompagnée de musique descriptive, proche de la pantomime, mais sans les ambitions chorégraphiques de celle-ci.

Généralement incorporée à un opéra, comme l'entrée de Beckmesser au troisième acte des Maîtres chanteurs, elle constitue parfois une œuvre autonome, comme l'Orphée de Roger-Ducasse (1913, 1re repr., Paris 1926).

mineur

1. Se dit d'un intervalle qui, par référence à sa note inférieure considérée comme tonique, appartiendrait à une tonalité « mineure » (par ex. : ré-fa = tierce mineure, car fa appartiendrait à mineur).

2. Se dit d'un accord parfait quand sa tierce est « mineure » (par ex. : do-mi bémol-sol). Se dit aussi des accords de septième et de neuvième quand ces derniers intervalles sont « mineurs » sans que la tierce le soit forcément (par ex. : ré-fa-la-do = accord de septième mineure ; do-mi-sol-si bémol-bémol = accord de neuvième mineure). L'accord de septième mineure avec tierce majeure, dont la fondamentale est la dominante, est dit accord de septième de dominante.

3. Se dit d'une tonalité quand elle est dans le mode mineur (par ex. : do mineur).

4. Se disait, au Moyen Âge, d'un mode rythmique, ou d'une division rythmique binaire. En ce sens, mineur était parfois synonyme d'« imparfait », imperfectus (INTERVALLE, ACCORD, MODE, TONALITÉ, BINAIRE, TERNAIRE).

minime

Dans la notation proportionnelle du XIVe au XVIe siècle, c'est la valeur de note inférieure à la semi-brève (1/2 ou 1/3 selon les cas), obtenue en ajoutant une queue au losange de la semi-brève. Variablement, la minime pouvait être blanche (évidée) ou noire (losange plein), avec des valeurs différentes. En se transformant et en arrondissant le losange, la minime noire est devenue la noire, la minime blanche est devenue la blanche. En notation blanche, la forme de la minime noire a parfois été employée comme semi-minime, ce qui n'a pas été sans entraîner diverses confusions.

Minkowski (Marc)

Chef d'orchestre français (Paris 1962).

Il étudie d'abord le basson auprès de A. Sennedat et A. Wallez. Parallèlement, il aborde la direction d'orchestre puis se perfectionne aux États-Unis auprès de C. Bruck. Après ce séjour, il commence à s'intéresser également à la musique ancienne, se produit comme bassoniste dans les ensembles la Chapelle royale, les Arts florissants, Clemencic Consort. Premier prix en 1984 du Concours international de Bruges, il fonde l'ensemble les Musiciens du Louvre et donne d'abord avec eux plusieurs opéras de Purcell. Très intéressé par le répertoire instrumental et lyrique des XVIIe et XVIIIe siècles, il dirige des œuvres de Haendel, Lully, Rameau et aborde aussi les opéras de Mozart (Idoménée à l'Opéra Bastille en 1996) et de Gluck.