Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
B

Bolet (Jorge)

Pianiste cubain naturalisé américain (La Havane 1914 – Moutain View, Californie, 1990).

Il étudie au Curtis Institute de Philadelphie avec Saperton, Hofman, Godowski et Moritz Rosenthal, puis à Vienne et à Paris. À l'âge de seize ans, il fait ses débuts à Carnegie Hall sous la direction de Fritz Reiner. De 1939 à 1942, il est l'assistant de Rudolf Serkin à la direction du Curtis Institute de Philadelphie. Sa carrière se partage d'emblée entre le piano et la diplomatie. En 1946, il prend la direction de la musique au Quartier général américain de Tokyo, où il dirige principalement des opérettes, dont la première japonaise de The Mikado de Gilbert et Sullivan. En 1960, il double Dirk Bogarde interprétant le rôle de Liszt dans le film Song without End. Ses interprétations des œuvres de Liszt et de Chopin, ses deux compositeurs de prédilection, se réclament d'une tradition pianistique qui remonte à Rachmaninov et Lhevine mais aussi à Cortot.

Bolivie

La fondation du conservatoire de La Paz (1908) marque le début de l'activité musicale bolivienne, qui s'est surtout attachée à l'étude du folklore (musique des Aymaras sur les hauts plateaux) et à ses rencontres possibles avec l'esprit néoromantique et le style traditionnel. Avec Antonio Gonzalez Bravo, Eduardo Caba et Humberto Vizcarra Monje, qui ont successivement dirigé le conservatoire, les personnalités les plus importantes de la musique en Bolivie sont les folkloristes Teofilo Vargas et Siméon Roncal, ainsi que José María Velasco Maidana, fondateur de l'Orchestre symphonique national.

Bologne (école de)

La période la plus glorieuse de cette école, qui concerne en particulier la musique de violon, se situe dans la seconde moitié du XVIIe siècle et au début du XVIIIe. Cependant, on peut déjà citer, à la fin du XVe siècle, le nom de Giovanni Spataro, maître de chapelle de la basilique San Petronio et auteur d'ouvrages théoriques. C'est en raison de l'importante activité musicale à San Petronio qu'une véritable école se développa à Bologne. Après Girolamo Giacobbi (1567-1629), qui fit toute sa carrière attaché à la basilique, Maurizio Cazzati (v. 1620-1677) y devint maître de chapelle en 1657 et établit les bases formelles et stylistiques de l'école. Cazzati est l'auteur d'une œuvre considérable (musique religieuse, sonates), mais sa musique n'a pas le souffle de celle de son élève Giovanni Battista Vitali (1632-1692), chez lequel l'invention thématique, qui se prête à un traitement en contrepoint, et la rigueur de l'écriture, alliées à une grande connaissance du violon, donnèrent naissance aux premiers chefs-d'œuvre de l'école de Bologne.

   À San Petronio, Giovanni Paolo Colonna (1637-1695), puis Giacomo Antonio Perti (1661-1756) succédèrent à Cazzati. À cette époque, Bologne comptait un grand nombre d'académies, dont la plus importante était l'Accademia dei Filarmonici, fondée, en 1666, sur l'initiative de Colonna. Mozart devait y appartenir plus tard. Parmi les élèves de Perti, on trouve Giuseppe Torelli (1658-1709), Giuseppe Jacchini ( ?-1727) et le padre Martini (1706-1784). À l'Accademia dei Filarmonici, on rencontre, outre Torelli et Martini, Giovanni Battista Bassani, les Bononcini, Arcangelo Corelli. À l'intense vie musicale de Bologne sont également associés Giuseppe Felice Tosi et Domenico Gabrielli.

   Formé à Bologne, Corelli (1653-1713) poursuivit sa carrière à Rome. De Bologne, il hérita l'assurance avec laquelle il écrivit pour le violon et le talent avec lequel, dans ses concertos, il établit le contraste entre mouvements mélodiques et mouvements en contrepoint.

   Demeuré à Bologne et, depuis 1686, attaché à San Petronio, Torelli continua à cultiver le style du concerto et fixa la forme tripartite qui allait demeurer longtemps en vigueur : allegro-adagio-allegro. À sa mort, le centre de la création violonistique italienne se déplaça de Bologne à Venise. Cependant, le padre Martini continua d'attirer dans sa ville, durant tout le XVIIIe siècle, des disciples venus des quatre coins de l'Europe.

bombarde

1. Instrument à vent en bois,de la famille du hautbois, en usage essentiellement du XVe au XVIIe siècle. Munie d'une anche double large et courte, d'un pavillon très ouvert et souvent d'une clé, elle existe en plusieurs tailles, correspondant à des tessitures différentes, et produit des sons d'une justesse approximative, mais d'une rare puissance. Le modèle aigu percé de sept trous s'est maintenu en Bretagne comme instrument folklorique.

2. Jeu d'orgue à anche, du type trompette, dont le tuyau est de forme conique régulière et de grande longueur, à grosse taille, fabriqué en étain ou en bois. Il sonne à l'octave grave de la trompette (16 pieds) ou à la double octave (32 pieds), prenant alors parfois le nom de contre-bombarde ou de bombardon. La bombarde est associée à la trompette et au clairon pour constituer une batterie d'anches complète, utilisée dans les tutti de l'instrument. On trouve la bombarde au pédalier, pour soutenir les basses, ou aux claviers manuels, soit au grand-orgue, soit, dans les grands instruments, à un clavier spécialement consacré à la batterie d'anches et prenant alors le nom de clavier de bombarde.

bombardon

Nom donné à la basse de la famille des bombardes en Allemagne et en Italie, aux XVIe et XVIIe siècles. Le terme bombardone était employé en Allemagne au XIXe siècle pour désigner un instrument grave, en cuivre et à vent, semblable à ce que nous appelons en France ophicléide. Enfin, bombardon est devenu le nom familier et général des instruments de cuivre de la tessiture la plus grave (saxhorn, contrebasse, tuba).

Bomtempo (João Domingos)

Pianiste et compositeur portugais (Lisbonne, baptisé en 1775 – id. 1842).

C'était l'un des dix enfants d'un musicien italien au service du roi Joseph. Il étudia le hautbois, le contrepoint et le piano, et devint premier hautbois de l'Orchestre royal (1795). En 1801, il partit à Paris pour s'y perfectionner ; jusqu'alors, les musiciens portugais se rendaient en Italie. En 1802, il rencontra dans la capitale française Muzio Clementi et son élève John Field ; le nouveau style pianistique de Clementi l'influença. À partir de 1804, plusieurs concerts établirent, à Paris, sa renommée de pianiste et compositeur ; il fit publier chez Leduc ses premières œuvres. En 1810, après la création de sa 1re symphonie (1809), il se rendit à Londres, où Clementi publia, dans sa propre maison d'édition, plusieurs de ses partitions. En 1814, il regagna son pays natal, mais fit encore plusieurs séjours à Paris et à Londres, avant de s'installer définitivement à Lisbonne, en 1820. À son initiative naquit, en 1822, une société philharmonique, qui, par ses concerts, allait beaucoup contribuer, jusqu'en 1828, à l'évolution du goût des mélomanes portugais. En 1833, à la création du conservatoire de Lisbonne, Bomtempo en fut nommé directeur. Il finit sa vie entouré de respect.

   Son activité de pianiste, compositeur, pédagogue et organisateur alla à l'encontre de la prépondérance du style italien et fit place à la musique instrumentale face à l'opéra. Le modernisme de son écriture pour le piano contribua à définir la technique de cet instrument alors en pleine évolution. Outre ses nombreuses compositions pianistiques, Bomtempo a écrit de la musique symphonique et concertante, des cantates et œuvres religieuses, et de la musique de chambre.