Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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MIDEM (Marché international du disque et de l'édition musicale)

Marché international réservé aux professionnels du disque et de l'édition musicale, créé en 1967.

Il se déroule chaque année en janvier à Cannes et comporte, depuis 1983, une section dédiée spécialement à la musique classique (MIDEM Classique). Un MIDEM Radio existe depuis 1984. Pendant les éditions du MIDEM, des concerts et des conférences sont organisées.

Mieg (Peter)

Compositeur suisse (Lenzburg, Aargau 1906 – id. 1990).

Outre la musique, il a étudié l'histoire de l'art, l'histoire de la littérature et l'archéologie à Zurich, Bâle et Paris, et s'est largement consacré à la peinture. Après avoir travaillé la composition avec Frank Martin (1942-1945), il s'est tourné, pour l'essentiel, vers ce type d'activité à partir des années 50. Dans un style traditionnel, il a écrit de la musique de chambre et d'orchestre, ainsi que des œuvres vocales, parmi lesquelles la cantate Der Frühling (1956).

Miereanu (Costin)

Compositeur français d'origine roumaine (Bucarest 1943).

Il a fait des études de piano (1954-1960) et de composition (1960-1966) à Bucarest, suivi les cours de Darmstadt avec Stockhausen, Ligeti et Karkoschka (1967-1969), participant notamment sous la direction de Stockhausen à l'œuvre collective Musik für ein Haus, et arrive à Paris en 1968. Il a travaillé à la Schola cantorum et avec Jean-Étienne Marie (1969-70), et, depuis 1973, enseigne au département de musique de l'université de Paris-VIII (transformations de la notation musicale actuelle, rapports entre image et son, organologie des timbres, analyse, composition). Professeur à l'École nationale supérieure des arts décoratifs (1977-78), il a obtenu successivement un doctorat de 3e cycle sur la sémiologie musicale et un doctorat ès lettres et sciences humaines (1979). Il recherche des formes polyartistiques unissant son, geste et image, et fait souvent appel dans ses œuvres à l'électroacoustique. On lui doit notamment Couleur du temps (1966-1968), première version orchestre à cordes, deuxième version quatuor à cordes et bande magnétique, troisième version double quatuor à cordes et contrebasse ; Espaces II pour orchestre à cordes, piano et bande magnétique (1967-1969) ; Night Music pour une ou plusieurs bandes magnétiques (1968-1970) ; Rosario pour grand orchestre et 2 chefs (1973-1976) ; Luna Cinese pour un ou plusieurs électrophones, un exécutant et un récitant (1975) ; Planetarium pour piano, 2 flûtes, un trombone, un vibraphone (1975) ; Musique tétanique pour un ou plusieurs claviers acoustiques ou électroniques (1977) ; Musique climatique pour 2 actants, un commentateur polyartistique, claviers acoustiques et/ou électroniques, bande magnétique et film 16 mm ad libitum (1979) ; Musique climatique no 2 (1980) ; L'avenir est dans les œufs, opéra pour 9 chanteurs, 15 instruments et bande magnétique d'après E. Ionesco (1980) ; Rosenzeit pour orchestre (Metz, 1982) ; le Mur d'airain pour 9 instrumentistes (1987) ; la Porte du paradis, fantaisie lyrique (1989-1991) ; Un temps sans mémoire pour orchestre (1989-1992). Il est également l'auteur de plusieurs écrits, dont De la Textkomposition au Poly-Art. Sémiotique de la partition, thèse de doctorat ès lettres (Paris, 1979). Il a été jusqu'en 1992 directeur artistique des éditions Salabert.

Migenes (Julia)

Soprano américaine (Manhattan 1945).

Dès son plus jeune âge, elle est formée à l'Académie Moser pour les enfants artistes. Adolescente, elle effectue trois années de tournée avec une comédie musicale de Rodgers et Hammerstein. Bernstein la choisit comme soliste de ses Young People's Concerts, et elle incarne Maria dans West Side Story au City Center de Broadway. Elle suit cependant une formation classique à la Juilliard School et, en 1965, débute à l'opéra avec la Sainte de Bleecker Street de Menotti. En 1981, elle remplace Teresa Stratas au Metropolitan, dans Lulu. Elle part ensuite en Allemagne, où elle chante au Volksoper de Vienne et devient très populaire à la télévision, remportant deux Bambis d'or. En 1984, son incarnation de Carmen dans le film de Rosi lui vaut une gloire mondiale. Chantant Porgy and Bess, l'Opéra de quat'sous, mais aussi la Voix humaine de Poulenc, elle poursuit une carrière peu orthodoxe, où ses talents d'actrice et de danseuse ont une grande part.

Migot (Georges)

Compositeur français (Paris 1891 – Levallois 1976).

D'ascendances franc-comtoises, ouvert à toutes les formes de la culture, il s'éveilla très tôt à la musique, composant un Noël à quinze ans. Admis au Conservatoire en 1909 dans la classe de composition de C. M. Widor, il assista en auditeur à toutes les classes instrumentales et suivit les cours d'histoire de la musique de M. Emmanuel.

   Mobilisé en 1914, il fut grièvement blessé dès le mois d'août et, après une longue convalescence, reprit ses études que vinrent couronner les prix Lily-Boulanger (1918), Lepaulle (1919) et Halphen (1920). Enfin, en 1921, le prix de la fondation Blumenthal pour la Pensée et l'Art français lui fut décerné pour l'ensemble de son œuvre, qui comprenait déjà quelques-unes de ses partitions les plus importantes de musique de chambre (Trio, Quintette) et de musique symphonique (les Agrestides). Son ballet Hagoromo fut créé à l'Opéra de Monte-Carlo (1922). Ses Deux Stèles, sur des poèmes de Segalen (1925), confirmèrent l'intérêt qu'il portait alors aux arts de l'Extrême-Orient. Mais la tradition française demeura pour lui essentielle, et il l'affirma non seulement en écrivant un livre sur Jean-Philippe Rameau (1930), mais en composant son Livre des danceries pour orchestre (1929). L'œuvre de Georges Migot atteignit sa pleine maturité avec le Zodiaque, 12 études de concert pour piano (1931-32), les 17 Poèmes de Brugnon, du poète Klingsor, pour chant et piano (1933) et le Trio pour violon, violoncelle et piano (1935). La musique religieuse prit ensuite chez lui une place prépondérante : en témoignent le Sermon sur la montagne (1936), la Passion (1941-42) et Saint-Germain d'Auxerre, oratorio a cappella pour solos et 3 chœurs mixtes (1947). Suivirent le Petit Évangéliaire (1952), le Psaume 118 (1952) et le Requiem (1953). Son langage ne cessa de tendre vers une écriture plus souple, plus transparente, plus dépouillée et plus libre à la fois.

   Spiritualiste, il fut aussi un indépendant. Son seul poste officiel fut celui de conservateur du Musée instrumental, qui lui fut confié en 1949 et qu'il occupa jusqu'en 1961. Ses dernières années furent éclairées par la ferveur de quelques disciples, mais on le joue assez peu. En 1973, la ville de Besançon lui rendit hommage en exposant ses tableaux et ses œuvres graphiques (car il fut aussi peintre, et peintre de talent) au Musée des beaux-arts.

   L'art de Georges Migot est celui d'un humaniste qui n'a jamais dissocié la pensée de la technique. Le langage personnel qu'il s'est forgé en usant de modes mélodiques libres et d'harmonies qui recherchent l'apaisement plus que la tension, la couleur instrumentale qu'il emploie avec le souci de l'unité de ton (au sens pictural du terme), le recours à des formes musicales qui excluent les contrastes trop affirmés, tout cela s'inscrit dans une vision religieuse, sereine et sensible de l'univers. Il y a aussi, chez lui, le poète : sa musique possède une délicatesse de touche, une grâce souriante qui la situent dans la meilleure tradition française.