Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Petit (Pierre)

Compositeur et critique musical français (Poitiers 1922 – Paris 2000).

Il a étudié avec G. Dandelot (analyse), N. Boulanger (harmonie), N. Gallon (fugue) et H. Büsser (composition), obtenu en 1945 un premier prix de composition et l'année suivante un premier grand prix de Rome. Nommé en 1951 professeur d'histoire de la civilisation au Conservatoire, il fonda la Revue du Conservatoire et mena de front des activités de compositeur, de pédagogue (directeur de l'École normale de musique de Paris depuis 1963 et maître de conférence à l'École polytechnique depuis 1973) et d'animateur musical, notamment à la radio et à la télévision. On lui doit des pièces pour piano, de la musique de chambre, quelques pièces pour orchestre (Garden Party, 1958 ; Tarentelle, 1965 ; Storia, 1971), des mélodies, de nombreux ballets (Zadig, 1948 ; Romanza romana, 1950 ; Orphée, 1975), et des ouvrages lyriques, en général comiques. Depuis 1975, il est critique musical au Figaro.

Petits Chanteurs de Vienne (en all. Wiener Sängerknaben)

Chorale de jeunes garçons, dont les fonctions furent légalisées par un décret de l'empereur Maximilien Ier en 1498.

Cette très ancienne institution fut étroitement associée à l'histoire de l'empire autrichien. Lorsque la cour perdit le monopole de la vie musicale, les Petits Chanteurs élargirent le domaine de leurs activités et participèrent notamment aux nouveaux concerts d'oratorios de la Gesellschaft der Musikfreunde, apportant, par exemple, leur concours à l'exécution de Thimotheus de Haendel en 1812 et de Elias de Mendelssohn en 1847. C'est en 1925 qu'ils donnèrent leur première représentation d'opéra avec Bastien et Bastienne de Mozart, suivi en 1926 de l'Apothicaire de Haydn. C'est en 1926 également qu'ils commencèrent à faire des tournées de concerts. Depuis 1928, ils sont installés dans le palais de l'Augarten, où ils reçoivent une double formation, générale et musicale. Parmi les musiciens les plus célèbres associés à l'histoire des Petits Chanteurs de Vienne figurent Franz Schubert, lui-même petit chantre à partir de 1808, et Anton Bruckner, nommé en 1875 professeur et organiste des Sängerknaben. La chorale est scindée en deux groupes, l'un assumant les tournées de concerts, l'autre se faisant entendre chaque dimanche dans la chapelle du château.

Pétrarque, en ital. Francesco Petrarca

Poète et humaniste italien (Arezzo 1304 – Arqua, Padoue, 1374).

Connu surtout de son vivant comme lettré et écrivain en langue latine, il ne manquait pas de musiciens parmi ses amis. Mais il nous reste peu d'œuvres musicales sur des textes de lui réalisées durant son siècle (Non al suo amante de Jacopo de Bologna). Ce n'est qu'au XVIe siècle que furent composés, sur ses vers, de très nombreux madrigaux, parmi lesquels ceux de Willaert et de l'école de Venise. Outre les madrigaux de Luca Marenzio, on citera encore le recueil de 1545 Musica sopra di alcuni canzoni del divini poeta F. Petrarca. En 1798, Haydn composa, sur un sonnet de Pétrarque, l'air de concert Solo e pensoso Hob.XXIVb.20. Les romantiques se sont intéressés à la poésie de Pétrarque, surtout pour ses sonnets amoureux dédiés à Laure, sa bien-aimée. Schubert, en 1818, mit en musique 3 sonnets (D.626, 629 et 630) dans les traductions de Schlegel et Gries. Liszt composa également des lieder sur ces sonnets, et il évoqua Pétrarque par le piano seul dans les 3 Sonnets de Pétrarque des Années de pèlerinage (1838-1849) : Sonetto 47 del Petrarca, Sonetto 104 del Petrarca, Sonetto 123 del Petrarca. Au XXe siècle, Schönberg mit en musique un sonnet de Pétrarque dans sa Sérénade op. 24.

Petrassi (Goffredo)

Compositeur et pédagogue italien (Zagarolo 1904 – Rome 2003).

Il fit ses premières études musicales à la Schola cantorum di San Salvatore de Lauro (1913-1919), puis étudia le piano avec A. Bustini, dont il devint en 1928 élève de composition au conservatoire Sainte-Cécile de Rome. Il y suivit également la classe d'orgue de F. Germani, puis la classe de direction d'orchestre de B. Molinari. De 1934 à 1936, il fut professeur d'écriture à l'académie Sainte-Cécile, puis de 1939 à 1959, professeur de composition au conservatoire de Rome. Il a également été professeur invité au Mozarteum de Salzbourg (1951) et à Tanglewood (1956). Trois années durant (1937-1940), il fut directeur du théâtre de la Fenice à Venise. En 1944, il fonda le groupe Musica Viva, consacré à la propagation du répertoire contemporain.

   L'œuvre multiforme de Petrassi l'a souvent fait comparer à Stravinski. Dès le début, il a manifesté son attachement à l'héritage de la Renaissance et du baroque (Partita, 1926 ; Toccata, 1930) ; mais son langage harmonique porte l'influence de Casella, dont il fut l'ami, et de Hindemith. Cette union de l'esprit du passé et de la technique du présent est particulièrement sensible dans le Psaume IX (1936), très apparenté à Stravinski, dans le Magnificat (1940), dans le madrigal Coro di morti (1941) et dans la Sonata da camera pour clavecin et dix instruments (1948). Ses ballets La Follia di Orlando (1943), Il Ritratto di Don Chischiotte (1945), son opéra Il Cordovano (1949) sont des regards personnels sur le néoclassicisme. La cantate Noche oscura (1951), sur un texte de saint Jean de la Croix, œuvre à la fois grave et sensuelle, contient en germe l'écriture sérielle, à laquelle Petrassi est arrivé avec quelques réticences, mais qu'il va désormais développer. Au centre de son œuvre instrumentale se trouvent les 8 concertos pour orchestre, échelonnés entre 1934 et 1972. Le genre fait évidemment référence à Bartók, et à une conception particulière de l'écriture orchestrale. Toutefois, seul le 4e concerto, pour orchestre à cordes (1954), s'apparente réellement à Bartók. Dans l'ensemble, le langage des concertos marque une affirmation du dodécaphonisme, à partir du 3e (1951) et tout particulièrement dans le 6e (1957). L'étape suivante de Petrassi fut le renoncement au principe thématique, dans la Sérénade (1958) et le Concerto pour flûte (1960), où la dislocation du matériau musical et du rythme s'inscrit dans l'héritage webernien. Dans ses œuvres des années 1960-1970, (7e concerto pour orchestre, Propos d'Alain, pour voix et 12 instruments, Estri, Octuor, pour trompettes et trombones), il s'adonne surtout à une recherche de timbres et de registres. Le 8e concerto, Orationes Christi, pour chœur mixte, vents, altos et violoncelles (1974-75), Poema, pour cordes et 4 trompettes (1977-1980), marquent un certain assagissement et une tendance à renouer avec l'esthétique de Coro di morti et de Noche oscura. Petrassi a également composé de la musique de film et s'est fait connaître par des articles de réflexion et de critique musicale.

   Il est, aux côtés de Dallapiccola, le compositeur italien le plus marquant de sa génération.