Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Genève

La vocation internationale de Genève, qui s'exerce dans le domaine culturel tout autant que dans les domaines financier ou diplomatique, remonte à la Réforme calviniste. Celle-ci, en coupant la « Rome protestante » de ses voisines immédiates la France et la Savoie, l'obligea à tisser un réseau de liens avec des nations plus lointaines d'Europe et d'outre-mer. En matière musicale, les réformateurs genevois exercèrent leur influence à travers les hymnes, ou plus précisément les versions métriques des Psaumes, que les réfugiés rapportèrent à leur retour dans la mère patrie. Ainsi, c'est du psautier de Marot et de Bèze (publié à Genève en 1552 et mis en musique notamment par Bourgeois et Goudimel, réfugiés d'origine française) qu'est issu le célèbre psaume Old Hundreth, si important pour les protestants anglo-saxons. Les Écossais rapportèrent de Genève leur propre recueil datant de 1561 qui, une fois complété, allait devenir le Psautier de John Knox. Genève a aussi contribué, d'une façon plus inattendue, au patrimoine musical britannique : le God Save the Queen est en grande partie calqué sur une chanson patoise, Cé qu'é lainô, sorte d'hymne national du canton de Genève célébrant la bataille de l'Escalade, au cours de laquelle le duc de Savoie échoua dans sa tentative de s'emparer de la ville en 1602. Le Genevois Jean-Jacques Rousseau a, quant à lui, enrichi le répertoire lyrique français avec son intermède musical le Devin du village (1752). Aujourd'hui, la vocation internationale de Genève en matière de musique se concrétise dans un ensemble d'institutions donnant à la ville un prestige culturel sans commune mesure avec son importance démographique.

Orchestres et ensembles instrumentaux

L'Orchestre de la Suisse romande (O. S. R.) a été fondé en 1918 par Ernest Ansermet, qui en demeura le chef permanent jusqu'à sa mort (1969) et rendit cette formation mondialement célèbre en l'emmenant en tournée aux États-Unis, au Japon et dans les principaux pays européens. Les successeurs d'Ansermet ont été Wolfgang Sawallisch (1970), Horst Stein (1980) et Armin Jordan (1985). L'O. S. R. compte 115 musiciens et donne environ 80 concerts par an. En outre, il se produit régulièrement à la radiotélévision suisse romande (« Concerts de Genève ») et assure les représentations lyriques et chorégraphiques du Grand Théâtre. La plupart de ses chefs de pupitre sont professeurs au conservatoire. Existent également le Collegium Academicum (fondé en 1958, spécialisé dans les œuvres hors répertoire ou contemporaines), l'Ensemble à percussions de Genève, l'Ensemble instrumental de Genève (musique du XXe s.), la Camerata vocale de Genève, le Quatuor de Genève, le Convivium musicum (œuvres pour instruments à vent).

Théâtre lyrique

L'opéra se donne à Genève depuis 1766, mais les représentations se multiplièrent à partir de 1783, lorsque fut construit un théâtre de 1 200 places, qui allait être remplacé en 1879 par une nouvelle salle, réplique de celle de l'Opéra de Paris et malheureusement détruite par un incendie en 1951. L'actuel Grand Théâtre (1 488 places), inauguré le 10 décembre 1962, dirigé successivement par Marcel Lamy, Herbert Graf, Jean-Claude Riber, de 1980 à 1995 par Hugues Gall et depuis 1995 par Renée Auphan, propose chaque année une dizaine d'ouvrages au cours d'une saison s'étendant de septembre à juin. Le Grand Théâtre a créé en 1968 un Centre international d'opéra, destiné à fournir à de jeunes chanteurs la possibilité de se perfectionner en participant à ses spectacles.

Enseignement musical

Le Conservatoire de musique, fondé en 1835, a compté parmi ses professeurs des artistes et des compositeurs aussi prestigieux que Franz Liszt, Dinu Lipatti, Henri Marteau, Émile Jaques-Dalcroze et Ernest Bloch. Toutes les disciplines d'écriture, de théorie et d'exécution musicales y sont enseignées. Sa bibliothèque est particulièrement riche en opéras du XVIIIe siècle et en musique russe. Depuis 1963, le conservatoire organise tous les deux ans, en été, de grands cours d'interprétation qui attirent des étudiants de tous les pays. L'université de Genève possède une chaire de musicologie.

Concours internationaux

Genève est le siège de la Fédération des concours internationaux de musique, forte de 49 membres, qui a pour but d'établir et d'harmoniser le calendrier des concours et d'aider leurs lauréats à se faire connaître. Genève organise elle-même, tous les ans au mois de septembre, le Concours international d'exécution musicale (C. I. E. M.), qui intéresse 4 disciplines différentes à chaque session. Fondé en 1939, ce concours a pris rang parmi les plus importantes manifestations du genre. En collaboration avec la radiotélévision suisse romande, la ville de Genève a également institué le Concours international de composition musicale réservé à la musique d'opéra et de ballet. À Genève se tient le Festival Archipel, consacré à la musique d'aujourd'hui.

genouillères

À l'aide d'une bande de cuir attachée autour du genou de l'exécutant, celui-ci pouvait ainsi actionner un système de genouillères situées sous le clavier de l'instrument qui lui permettait de changer rapidement de registre sans qu'il ait besoin d'ôter les mains du clavier. Le célèbre facteur de clavecins français, Pascal Taskin, au XVIIIe siècle, est généralement considéré comme l'inventeur de ce système ingénieux. Employées également sur les premiers pianos, les genouillères furent peu à peu remplacées par des boutons manuels (comme à l'orgue), puis par des pédales.

genre

Terme vague, aujourd'hui employé sans attribution déterminée : on parle du « genre lyrique » aussi bien que du « genre variétés » ou du « genre descriptif », du « genre symphonie » ou du « genre concerto », voire du « genre gai » ou du « genre ennuyeux ».

Dans la musique grecque antique, par contre, le mot genre (genos) avait un sens précis, et désignait le mode de répartition des intervalles entre les bornes fixes (quarte) du tétracorde. On distinguait 3 genres théoriques : le diatonique, le chromatique et l'enharmonique ; mais par l'emploi des nuances, ce nombre pouvait être considérablement accru ; ainsi, Aristoxène dénombre 2 subdivisions du diatonique et 3 du chromatique, ce qui, avec l'enharmonique, donne 6 formes en tout ; encore précise-t-il que cette liste n'est absolument pas limitative.