Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Du Mont (Henry de Thier, dit)

Organiste et compositeur wallon (Villers-l'Évêque, près de Liège, 1610 – Paris 1684).

Il se fixe très tôt avec sa famille à Maestricht, où il est chantre, puis organiste (1630) de la collégiale Notre-Dame. Il perfectionne vraisemblablement sa formation au cours de séjours à Liège, où il travaille sans doute avec Léonard de Hodemont. Vers 1635, il adopte le nom de Du Mont ­ traduction française de De Thier ­, et arrive à Paris en 1638. Il devient organiste de Saint-Paul en 1640 (il conserve ce poste toute sa vie) et, peu avant 1653, claveciniste et organiste du duc d'Anjou. Il abandonne cette position en 1660 pour celle de claveciniste de la reine et, à la suite d'un concours organisé pour la succession de Jean Veillot en 1663, est nommé, avec Pierre Robert, maître de la chapelle royale (qui compte quatre musiciens). En 1672, Du Mont obtient avec Robert la charge de compositeur de la chapelle du roi, libre depuis la mort de Thomas Gobert, et, en 1673, est nommé maître de la musique de la reine. Il laisse cette position en 1681 et se retire de la cour en 1683.

   À part quelques pièces de clavecin parues dans des anthologies de l'époque et de menues chansons, il a composé uniquement, mais en très grande quantité, de la musique sacrée. Il a fait paraître un recueil de Cantica sacra suivi de Litanies, puis un livre de Meslanges (à II, III, IV et V parties), contenant des chansons, motets, magnificat, préludes et allemandes pour orgue et pour violes et des Litanies à la Vierge, auquel il ajoute un recueil de Préludes. Il est enfin l'auteur d'un recueil d'Airs à 4 parties sur la paraphrase des psaumes d'Antoine Godeau, de plusieurs livres de motets, de Cinq Messes en plain-chant et d'un oratorio, Dialogus de anima. Les cinq messes, ou Messes royales, sont demeurées célèbres, car elles ont été chantées (surtout celle du premier ton) dans les églises françaises jusqu'au XIXe siècle. On les appelle « royales » à tort, car elles ont été composées à l'usage des couvents et paroisses et n'ont jamais été exécutées à la cour.

   Les compositions les plus intéressantes de Du Mont sont ses motets : des petits motets à 1, 2 ou 3 voix accompagnées de la basse continue et parfois de quelques instruments, et des Motets à deux chœurs. Les premiers étaient chantés à la cour après l'élévation, aux vêpres et au salut du saint sacrement. Les Motets à deux chœurs sont écrits non pas pour deux chœurs égaux mais pour un petit chœur de cinq solistes et un grand chœur composé du reste des chanteurs, accompagnés d'un orchestre complet, qui devient de plus en plus indépendant des voix. On exécutait ces motets avant l'élévation et à la fin de la messe (Domine salvam fac regem) et lors des offices solennels.

   Le rôle de Du Mont est considérable dans l'histoire de la musique sacrée en France. Il a tout d'abord importé certains traits stylistiques de la musique italienne, avec laquelle il s'était familiarisé à Liège. Sans avoir été le premier compositeur à avoir publié en France des pièces avec basse continue, il en a systématisé l'usage. Il a introduit de même le genre du petit motet à 1, 2 ou 3 voix, qui devait devenir si populaire. Mais surtout, il a, sur la base des essais de ses prédécesseurs, Nicolas Formé et Jean Veillot, édifié le grand motet français et ouvert la voie à M. A. Charpentier et Michel-Richard Delalande.

Du Pre (Jacqueline)

Violoncelliste anglaise (Oxford 1945 – Londres 1987).

Elle a étudié à la Guildhall School of Music de Londres, puis à Paris avec Paul Tortelier et enfin avec Pablo Casals et Mstislav Rostropovitch, se révélant très rapidement du niveau de ses maîtres. En 1967, elle épouse Daniel Barenboïm, avec qui elle forme un duo très remarquable, enregistrant avec lui, entre autres, une version exceptionnelle des Sonates pour violoncelle et piano de Brahms. Tous deux se produisent aussi en trio avec Pinchas Zuckermann. En 1972, atteinte d'une sclérose en plaques, elle doit interrompre sa carrière. Elle a légué l'un de ses violoncelles, un stradivarius de 1712, à Yo-Yo Ma.

Du Puy (Édouard Jean-Baptiste Camille)
ou Édouard Jean-Baptiste Camille Dupuy

Compositeur, violoniste, chanteur et chef d'orchestre (Corcelles, Suisse, 1770 ou 1771 – Stockholm 1822).

Après ses études à Paris avec Dussek, il devient successivement maître de chapelle du prince Henri de Prusse, puis musicien et chanteur à la cour de Suède, d'où il est expulsé en 1809. Réfugié à Copenhague où il participe à la défense de la ville avant d'en être également expulsé, il retourne en Suède en 1811 avec l'établissement de la cour de Bernadotte. Plus que par ses aventures, ses talents d'interprète et son surnom de « Don Juan du Nord », il survit grâce à un remarquable opéra, Ungdom og galskab (« Jeunesse et folie », 1806), dont l'ouverture est toujours inscrite au répertoire des orchestres danois et suédois.

Düben

Famille de musiciens allemands puis suédois des XVIe et XVIIe siècles.

Parmi les nombreux compositeurs de cette famille, il faut citer.

 
Andreas I (Lützen 1558 – Leipzig 1625). Il fut organiste à Wurtzen et à Saint-Thomas de Leipzig.

 
Andreas II, fils du précédent (v. 1597 – Stockholm 1662). Élève de Sweelinck, il fut organiste de la cour de Suède (1621), puis maître de la chapelle royale (1640).

 
Gustav I, fils d'Andreas II, organiste et compositeur (Stockholm v. 1628 – id. 1690). Il entre à la chapelle royale en 1647, puis en devient maître en 1663, année où il succède à son père. Il est surtout connu pour sa collection de manuscrits autographes et d'éditions imprimées (environ 1 500 œuvres vocales et 300 œuvres instrumentales tant allemandes que françaises et italiennes, et dont beaucoup sont des unica), conservée à la bibliothèque d'Uppsala (Dübensamlingen). La dynastie des Düben se poursuit avec Gustav II (1660-1726) puis Anders (1673-1738) qui se succèdent au poste de leur père Gustav I.

Dubois (Théodore)

Compositeur francais (Rosnay, Marne, 1837 – Paris 1924).

Il fit ses études à Reims, puis au Conservatoire de Paris avec Marmontel, Benoist, Bazin et Ambroise Thomas. En 1861, il obtint le grand prix de Rome avec la cantate Atala. Il devint maître de chapelle à Sainte-Clotilde et composa les Sept Paroles du Christ (1867). Puis il fut nommé maître de chapelle à la Madeleine où il succéda à Saint-Saëns comme organiste en 1877. Au Conservatoire de Paris, il fut professeur d'harmonie (1871), professeur de composition (1891) et directeur de 1896 à 1905. Ses œuvres, très nombreuses (3 symphonies, des concertos, 2 quatuors à cordes, de la musique religieuse, etc.), sont pour la plupart aujourd'hui oubliées ; en revanche, son Traité d'harmonie (Paris, 1921 et 1968) sert toujours de référence.