Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
P

Pogorelich (Ivo)

Pianiste serbe (Belgrade 1958).

Il étudie à l'École centrale de musique de Moscou puis au Conservatoire Tchaïkovski. L'événement déterminant de sa formation est sa rencontre avec la pianiste Alice Kezeradzé, qui lui ouvre de nouveaux horizons, tant pour la technique que pour l'interprétation. Lauréat du Concours Casagrande en 1978 et de celui de Montréal en 1980, année de son mariage avec A. Kezeradzé, il fait ses débuts aux États-Unis en 1981 au Carnegie Hall, et joue depuis dans le monde entier. Outre son activité de soliste, il enseigne et dirige le Festival de Bad Wörishofen, qu'il a créé.

Pohl (Carl Ferdinand)

Musicologue, organiste et compositeur allemand (Darmstadt 1819 – Vienne 1887).

Il s'installa à Vienne en 1841, y devint élève de Simon Sechter, et, de 1849 à 1855, y fut organiste de l'église protestante du faubourg de Gumpendorf. De 1863 à 1866, il vécut à Londres, et ce séjour fut à l'origine de son Haydn und Mozart in London (Vienne, 1867, réimpr. New York, 1970). Nommé en 1866 archiviste et bibliothécaire de la Société des amis de la musique, il s'intéressa à l'histoire de la vie musicale dans la capitale autrichienne, ce qui se traduisit notamment par Denkschrift aus Anlass des hundertjährigen Bestehens des Tonkünstler-Societät… in Wien (Vienne 1871). Sa grande tâche fut sa biographie de Haydn, base de toutes les recherches ultérieures sur ce compositeur : Joseph Haydn (vol. I, Leipzig, 1875, 2e éd. 1878, réimpr. Wiesbaden, 1971 ; vol. II, Leipzig, 1882, réimpr. Wiesbaden, 1971). Le volume III fut rédigé après la mort de Pohl, et largement d'après ses notes, par Hugo Botstiber (Leipzig, 1927, réimpr. Wiesbaden, 1970).

point (d'arrêt, d'orgue, piqué)

1. Un point placé après une note augmente la durée de celle-ci de la moitié de sa valeur. La note est dite pointée.

2. Le point d'orgue est un signe conventionnel (

), qui, placé au-dessus ou au-dessous d'une note ou d'un silence, en augmente la durée autant que peut le souhaiter l'exécutant. Le point d'orgue est de durée indéterminée.

3. Le point d'arrêt remplit la même fonction que le point d'orgue, mais pour une durée plus brève. Il a souvent la valeur d'un ou deux temps. Il est beaucoup moins employé. Il se note parfois par le signe (

), ou, même, s'indique aussi par une simple virgule.

4. Un point placé au-dessus de la note indique que cette note doit être détachée (staccato). Certains théoriciens disent incorrectement que la valeur de la durée de cette note est diminuée de moitié. Ce point est dit piqué.

Pokorny (Franz Xaver)

Compositeur originaire de Bohême (Mestec Kralove 1728 – Ratisbonne 1794).

Élève de J. Stamitz, Filtz et F. X. Richter à Mannheim, il entra en 1753 au service du prince d'Oettingen-Wallerstein, puis en 1770 du prince de Thurn und Taxis à Ratisbonne. Il est l'auteur de plus de 160 symphonies, de très nombreux concertos (pour clarinette, hautbois, cor et surtout clavecin) et d'œuvres de chambre avec ou sans basse. (Schacht.)

Polak (Jacub) , également Jacob Reys, ou Jacob Retz, ou Jacob Le Polonais

Luthiste et compositeur polonais (Pologne v. 1540 – Paris v. 1605).

Certaines parties de sa biographie restent obscures. On sait cependant qu'il a compté parmi les musiciens d'Henri III, qu'il a passé la fin de sa vie à la cour de France, et qu'il a fait un séjour à Tours vers 1593. Il était en relation avec le facteur d'instruments Robert Denis et l'éditeur Ballard. Jacub Polak est l'auteur de fantaisies, de préludes, de gaillardes pour luth, dans lesquelles les techniques d'imitation et l'improvisation jouent un grand rôle. Nombre de ses compositions s'apparentent au ricercar. Certaines de ses pièces se trouvent dans les tablatures de Besard (Novus partus) et de Van Hove (Deliciae).

polka

À l'origine, danse paysanne tchèque (et non polonaise), à deux temps, caractérisée par le demi-pas qui lui a donné son nom (pulka signifiant « moitié »). Adoptée à Prague en 1837 comme danse de société, la polka gagna rapidement Vienne, puis Paris, où elle connut une vogue extraordinaire, largement entretenue par les compositions de Johann Strauss fils.

Pollarolo (Carlo)

Organiste et compositeur italien (Brescia v. 1653 – Venise 1723).

Organiste de la cathédrale de Brescia où il succède à son père (1676), il devint en 1690 second organiste et en 1692 second maître de chapelle à Saint-Marc de Venise, et composa ou fit reprendre pour les principaux théâtres de cette ville de très nombreux opéras. Il échoua dans sa tentative de devenir premier maître de chapelle à Saint-Marc (1702), mais fut à partir de 1696 maître de chapelle aux Incurables, composant pour cette institution des oratorios latins. Son fils Antonio (Brescia 1676 – Venise 1746), auteur d'opéras et d'œuvres sacrées, assuma à partir de 1702 ses fonctions à Saint-Marc, et y devint maître de chapelle en 1740 comme successeur d'Antonio Lotti.

Pollet (Françoise)

Soprano française (Boulogne-Billancourt 1949).

Elle étudie au Conservatoire de Versailles, puis à la Hochschule für Musik de Munich. Grâce à sa formation allemande, elle acquiert une grande connaissance de Wagner et de Richard Strauss. De 1983 à 1986, elle chante dans la troupe de l'Opéra de Lübeck, où elle incarne la Maréchale du Chevalier à la rose et Elisa dans Tannhaüser. En même temps, elle aborde Mozart. En 1986, elle dé

   1010

   bute en France, et fait redécouvrir au Festival de Montpellier un lied inédit de Strauss, Malven. En 1990, elle chante Bérénice de Magnard et Ariane et Barbe-Bleue de Dukas en 1991, année de ses débuts à l'Opéra-Bastille. Elle y incarne la Comtesse des Noces de Figaro. En 1992, elle est Sieglinde dans le Ring dirigé par Janowski, et en 1993 elle joue les Troyens de Berlioz au Metropolitan de New York et au Colon de Buenos Aires. En 1994, elle donne son premier récital de mélodies salle Gaveau. En 1995, entre autres prestations, elle crée Freispuch für Medea de Liebermann à Hambourg.

Pollini (Maurizio)

Pianiste italien (Milan 1942).

Manifestant des dons exceptionnels dès l'âge de cinq ans, il entreprend des études de piano avec C. Lonati et C. Vidusso, en marge de sa formation générale, et donne son premier concert à onze ans à Milan. Malgré un second prix (premier prix non attribué) au concours de Genève obtenu à quinze ans, un premier prix, en 1959, au concours E.-Pozzoli et un diplôme du conservatoire de Milan (où il apprend la composition et la direction d'orchestre), il choisit la carrière musicale seulement après avoir brillamment remporté en 1960 le concours Chopin de Varsovie. Encore ne répond-il à cette vocation tardive qu'à la fin d'une semi-retraite de quatre ans, consacrée à réfléchir sur son art et à mûrir son jeu au contact d'Arturo Benedetti Michelangeli.

   Ce lent cheminement conforte une personnalité d'une grande richesse intérieure, qui, au lieu de se refermer sur elle-même, est profondément engagée dans son temps, comme le confirment ses choix politiques et artistiques. Il participe aux Concerts populaires organisés par Paolo Grassi à la Scala de Milan, aux côtés de Claudio Abbado et de Luigi Nono, ou bien, toujours en compagnie de ses amis, va au-devant des publics ouvriers dans les usines avec l'atelier Musica Realtà, fondé en 1972. Il met son piano au service des bonnes causes (reconstruction du Viêtnam, lutte contre le fascisme renaissant) et des œuvres engagées de Luigi Nono, dont il crée Como una ola de fuerza y luz (Venise, 1972) et Sofferte onde serene (1976). Le répertoire contemporain ­ Boulez, Schönberg, Bartók, Webern, Stockhausen ­ lui fait redécouvrir la part de modernité des œuvres du passé. Il poursuit avec méthode et économie (pas plus de 80 concerts par an) une carrière exemplaire, arrêtée un temps en 1975 par un grave accident de voiture et jalonnée par quelques enregistrements d'une plénitude impressionnante, mais qui reflètent incomplètement la tension irremplaçable des concerts, où il fait toucher, à force de nudité et d'introspection poétique, la vérité de chaque œuvre. Il a donné des cours d'interprétation en 1972 à l'Accademia Chigiana de Sienne et fait ses débuts de chef d'orchestre en 1982, dirigeant à Pesaro La Donna del Lago de Rossini.