Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Schneider (Alexander)

Violoniste russe naturalisé américain (Vilnius 1908 – New York 1993).

Il est l'élève d'Adolph Rebner à Francfort, et hérite de l'école franco-belge de violon en étudiant avec Carl Flesch, élève de Martin Marsick. Violoniste d'orchestre, il est de 1933 à 1944 le second violon du Quatuor de Budapest, où son frère Misdra est violoncelliste. En 1938, il émigre aux États-Unis, où il réside à la Library of Congress de Washington, qui lui confie un stradivarius de 1699. En 1944, il crée et dirige le Dumbarton Oaks Orchestra, et rejoint le New York Piano Quartet de Horszowski. En 1950, avec le Quatuor Schneider, il entreprend une intégrale discographque des quatuors de Haydn, mais n'en enregistre que quarante-six. La même année, il joue en trio avec Istomin et Casals, et en 1957 fonde avec ce dernier l'Orchestre et le Festival de Porto-Rico. De 1955 à 1967, il est à nouveau membre du Quatuor de Budapest, et fonde en 1972 les Brandenburg Players. À la fois soliste, chambriste et chef d'orchestre, il a animé plusieurs festivals en Amérique et en Israël.

Schneider (Hortense)

Soprano française (Bordeaux 1833 – Paris 1920).

Elle fait ses débuts à Agen à l'âge de vingt ans. Sa première apparition parisienne a lieu aux Bouffes-Parisiens, où elle interprète le Violoneux d'Offenbach ; elle se produit dans les années qui suivent dans les opéras-comiques en vogue à l'époque, surtout ceux d'Offenbach. Créatrice du rôle-titre de la Belle Hélène en 1864, de celui de la Grande-Duchesse de Gérolstein en 1867, elle connaît un très grand succès.

   Après la guerre de 1870, elle chante aussi à Saint-Pétersbourg. Dotée d'une personnalité volcanique et d'une vie privée un peu trop agitée au goût de ses contemporains, elle conquiert le public par la qualité de sa diction et de son chant et un grand talent dramatique.

Schneiderhan (Wolfgang)

Violoniste autrichien (Vienne 1915 – id. 2002).

Enfant prodige, il donne son premier concert à cinq ans avant de suivre en 1923 l'enseignement de Otakar Ševčik aux cours d'été de Pisek et celui de Julius Winkler à Vienne. Premier violon de l'Orchestre symphonique de Vienne (1933-1937), puis de la Philharmonie (1937-1951), il fonde son propre quatuor (1937-1951) et crée un trio avec Edwin Fischer et Enrico Mainardi (1949-1960). En 1951, il abandonne orchestre et quatuor pour se consacrer à la carrière de soliste, mais continue d'enseigner au Mozarteum de Salzbourg (1938-1956), à l'Académie de musique de Vienne (1939-1950) et au conservatoire de Lucerne (à partir de 1949), et participe à la création en 1956, avec Rudolf Baumgartner, du festival Strings de Lucerne. Schneiderhan a également dirigé, notamment en 1975, la Notre-Dame de Franz Schmidt.

   Ce musicien sobre vaut plus par sa profonde musicalité que par sa sonorité âpre, peu soucieuse de virtuosité. Il s'est particulièrement attaché à défendre l'œuvre de Stravinski, de Henze et de Frank Martin ; ces deux derniers ont composé pour sa femme, Irmgard Seefried, et lui-même des œuvres originales pour soprano, violon et orchestre : Ariosi de Henze (1963) et Maria Triptychon de Frank Martin (1968).

Schnittke (Alfred)

Compositeur soviétique (Ingels, région de Saratov, 1934 – Hambourg 1998).

Il est l'élève, en composition, de E. Goloubev au conservatoire de Moscou (1953-1958). Il enseigne, depuis 1960, la composition instrumentale et la lecture de partitions à ce conservatoire. En tant que compositeur, il est passé en moins de dix ans de l'admiration pour Prokofiev (1er Concerto pour violon, 1957) à une musique spirituellement engagée s'en tenant au strict cadre de la musique de chambre. Ainsi, son Quatuor à cordes (1966), sa 2e Sonate pour violon (1968) semblent avoir assimilé l'héritage simultané de Berg, Bartók, de l'école polonaise contemporaine sans perdre leur personnalité.

   Citons encore ses Hymnes (I, II, III, 1974-75), son Quintette avec piano (1976), le Concerto grosso pour 2 violons, clavecin et cordes (1977). Dans une production déjà importante, on peut distinguer trois groupes de partitions : celles héritées de Prokofiev (1er Concerto pour violon, 1re Sonate pour violon), celles rationnellement organisées sur une base sérielle (2e Concerto pour violon, 1966 ; Dialogues pour violoncelle, 1965), celles influencées par Lutoslawski (Sérénade, 1968 ; 2e Sonate pour violon, 1968 ; Symphonie, 1972 ; Concerto grosso, 1977 ; Prélude à la mémoire de Chostakovitch, 1975 ; Quintette avec piano, 1976 ; 2e Quatuor à cordes [Évian, 1981]). Citons encore un Quatuor à cordes no 3 (1983), un Concerto pour alto (1985), Concerto grosso no 4/Symphonie no 5 (1988), un Concerto pour Violoncelle (Évian 1990), l'opéra Vie avec un idiot (Amsterdam, 1992).

Schnorr von Carolsfeld (Ludwig)

Ténor allemand (Munich 1836 – Dresde 1865).

Il étudia à Karlsruhe avec Édouard Devrient et débuta dans cette ville en 1858. Il s'affirma rapidement comme l'un des plus remarquables chanteurs produits par l'Allemagne au XIXe siècle. Il fut lié, de 1860 à 1865, par contrat à l'Opéra de Dresde, où Wagner l'entendit dans Lohengrin. Sa voix, au médium solide, correspondant au type nouveau dont Wagner avait besoin, celui-ci le fit engager à Munich pour créer le rôle de Tristan (sa femme Malvina incarnait Isolde). Ludwig Schnorr devait mourir, peu après, d'insuffisance cardiaque. On a dit, à l'époque, que le rôle de Tristan l'avait épuisé.

 
Malvina, soprano danoise (Copenhague 1825 – Karlsruhe 1904), moins célèbre que son époux, abandonna sa carrière peu après la mort de celui-ci et se consacra à l'enseignement.

Schnyder von Wartensee (Xaver)

Compositeur et pédagogue suisse (Lucerne 1786 – Francfort 1868).

Il fit ses études à Vienne avec Kienlen et fut peut-être conseillé par Beethoven. Il fut professeur à l'institut Pestalozzi d'Yverdon, puis à Francfort, où son influence fut grande sur toute une génération de jeunes musiciens, notamment dans le domaine du rythme. Influencé par Beethoven et Weber, il a écrit deux symphonies et un opéra féerique, Fortunat, créé à Francfort en 1831. On possède également de lui un oratorio, Zeit und Ewigkeit (1838), des cantates et de nombreuses pages d'inspiration religieuse. Il fut critique musical et correspondant à Francfort de la Caecilia de Mayence et de l'Allgemeine musikalische Zeitung de Leipzig.