Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
G

gigue

Danse d'origine anglaise ou irlandaise.

On retrouve l'étymologie dans le mot allemand pour l'instrument populaire à faire danser par excellence (Geige = violon). En vogue en Angleterre à l'époque élisabéthaine, la gigue se répandit très vite en France et en Italie (giga). Chez les virginalistes anglais, la gigue pouvait adopter une mesure binaire ou ternaire (Bull, Farnaby et les maîtres du Fitzwilliam Virginal Book) et ce fut le cas également chez les luthistes français (D. Gaultier). Cependant, en France, le rythme allait devenir généralement pointé et être noté soit à 6/8, soit à 6/4. Le thème est souvent repris en imitation par les différentes voix et, au début de la seconde section de la forme binaire, est présenté sous sa forme renversée. En Italie, le tempo est nettement plus rapide, mais ni l'imitation ni le renversement ne sont pratiqués. À l'époque baroque, la gigue est très fréquemment la pièce finale de la suite instrumentale, par exemple chez Haendel et J.-S. Bach, dans leurs suites ou partitas pour le clavecin, où, en général, le style français est préféré. Après la mort de Rameau, la mode pour la gigue semble avoir été dépassée et Rousseau écrivit en 1768 : « L'on n'en fait plus guère en France. » Néanmoins quelques exemples réapparurent dans les œuvres des compositeurs du XXe siècle.

Gilbert (Anthony)

Compositeur anglais (Londres 1934).

Élève de M. Seiber et de W. Goehr, influencé par O. Messiaen, il a écrit notamment l'opéra en 1 acte The Scene-Machine, version modernisée de la légende de Faust (1971), et une symphonie jouée à Cheltenham en 1973.

Gilbert (Kenneth)

Claveciniste, organiste et musicologue canadien (Montréal 1931).

Il a étudié au conservatoire de Montréal et a été l'élève de R. Gerlin (clavecin) et de G. Litaize (orgue). Professeur à Montréal, à Ottawa et à Anvers, il a notamment réalisé des enregistrements des œuvres complètes pour clavecin de Couperin et de Rameau, et édité celles de Couperin et de Domenico Scarlatti.

Gilles (Jean) , dit de Tarascon

Compositeur français (Tarascon 1668 – Toulouse 1705).

Il fait ses études musicales à la maîtrise d'Aix-en-Provence sous la direction de Guillaume Poitevin auquel il succède, en 1693, comme maître de chapelle à la cathédrale Saint-Sauveur. On le trouve à Agde (1695), puis, en 1697, à Montpellier où il dirige la musique des états généraux du Languedoc. Il s'installe ensuite à Toulouse, ayant la charge de la maîtrise de Saint-Étienne. À sa mort, il laisse une œuvre de qualité qui a conquis, depuis longtemps, tout le midi de la France. Il semble qu'il n'ait écrit que de la musique religieuse.Le style mélodieux de Jean Gilles est ensoleillé et italianisant. C'est ce qu'on peut remarquer particulièrement dans les motets à voix seule. D'autre part, il sait aussi bien que Delalande, le grand maître du motet à grand chœur, illustrer le genre pratiqué à la chapelle royale de Versailles (Motets à grand chœur et symphonie). Une œuvre importante de Gilles, restée longtemps célèbre, est le Requiem, écrit probablement à Toulouse et publié seulement en 1764.

Gillis (Don)

Compositeur américain (Cameron, Missouri, 1912 – Columbia 1978).

Après des études à l'université du Texas, il a débuté comme trompettiste avant d'être directeur des programmes musicaux de la radio de New York, puis professeur dans différentes universités. Sa musique, d'approche aisée, aimable et divertissante, ne comporte aucune recherche particulière de langage et de style. Elle ne se propose que de plaire et d'amuser. Parmi un catalogue immense, comprenant notamment 12 symphonies (dont la Symphonie no 5 1/2, 1948, dite Symphonie pour rire, créée par Toscanini), 4 poèmes symphoniques et 9 pièces orchestrales avec récitant, 8 opéras et de nombreuses pièces de musique de chambre, citons l'essai dramatique Let us pray (1973), pour récitant, chœurs, orchestre, bande et images en mouvement.

Gilson (Paul)

Compositeur et pédagogue belge (Bruxelles 1865 – id. 1942).

Élève de l'Athénée de Bruxelles, Paul Gilson termina ses études avec Gevaert avant d'obtenir le grand prix de Rome (1889). Sa brillante carrière de pédagogue, à Anvers puis à Bruxelles, a peut-être fait davantage pour sa réputation que son œuvre pourtant solide, vivante et prestigieusement orchestrée, comprenant environ 400 numéros : la Mer et Variations symphoniques (orch.), des opéras (Princesse rayon de soleil et Gens de mer), la cantate dramatique Francesca de Rimini, des pièces pour piano (Suite nocturne), la Captive (drame chorégraphique), etc.

Gimenez (Jeronimo)
ou Jeronimo Jimenez
ou Jeronimo Ximenez

Compositeur espagnol (Séville 1854 – Madrid 1923).

Il vint à Paris pour étudier au Conservatoire avec Alard, Savard et A. Thomas. Il fut directeur de théâtre à Madrid, fondateur de l'Union des musiciens espagnols et animateur de la Société des concerts de Madrid fondée par Chueca. Il composa des symphonies, des mélodies et surtout des zarzuelas d'une verve et d'un souffle irrésistibles. Il a grandement contribué au développement du genero chico (musique théâtrale légère). L'intermezzo des Noces de Luis Alonzo (1897) est devenu un véritable symbole de la musique populaire espagnole, au même titre que la Danse du feu de Manuel de Falla. Parmi ses autres œuvres célèbres, il faut citer le Bal de Luis Alonzo (1896), La Tempranica, « Précocité » (1900), La Torre del Oro (1900), Enseignement libre (1901). Falla reconnaissait en lui l'un des créateurs de l'école nationale espagnole.

Ginastera (Alberto Evaristo)

Compositeur et pédagogue argentin (Buenos Aires 1916 – Genève 1983).

Les références au folklore argentin ont longtemps été sa principale préoccupation, d'abord dans une écriture inspirée du franckisme (les ballets Estancias et Panambi), puis dans un style de tonalité élargie (Sonate pour piano, Variations concertantes). Il s'en est ensuite évadé, au moins en ce qui concerne l'écriture, allant désormais de la technique sérielle (à partir du deuxième quatuor, 1958) au total chromatique et à l'écriture « spatiale » où des clusters se superposent aux structures de base, pour évoquer un monde fantastique et hallucinant où la réalité est recréée par l'imagination (la Cantata para América mágica, 1960 ; les opéras Don Rodrigo [1964], Bomarzo [1967], et Beatrix Cenci [1971] ; les concertos pour piano et violoncelle, etc.). Professeur au conservatoire de Buenos Aires, il est, depuis des années, le principal animateur de la vie musicale en Argentine et a formé une génération de compositeurs largement informée des techniques compositionnelles d'aujourd'hui. Parmi ses dernières œuvres, un troisième quatuor à cordes (1973), la cantate dramatique Milena (1973), l'opéra Barabbas (1976-77) d'après Ghelderode, une sonate pour violoncelle et piano (1979), Jubilum pour orchestre (pour le quatrième centenaire de Buenos Aires, 1980), un deuxième concerto pour violoncelle (Vienne, 1981), une Symphonie no 2 (Saint-Louis, 1983).