Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Stendhal (Henri Beyle, dit)

Écrivain français (Grenoble 1783 – Paris 1842).

Il a maintes fois exprimé sa passion pour l'opéra italien et son regret de ne pas avoir pu consacrer sa vie à la musique : ses études musicales (un peu de violon et de clarinette) étaient très sommaires. Ses grandes admirations étaient Cimarosa, Mozart, Rossini et Pergolèse ­ en tant qu'auteurs de musique vocale, naturellement.

   En 1814, il publia, sous le pseudonyme de César Bombet des Lettres sur le célèbre compositeur Haydn, suivies d'une vie de Mozart, et de considérations sur Métastase, rééditées en 1817, toujours sous pseudonyme, sous le titre de Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase. En fait, une grande partie de cet écrit était un plagiat éhonté d'un ouvrage de Giuseppe Carpani, publié en 1812. Celui-ci s'en plaignit publiquement, dans deux lettres au Constitutionnel. Enfin, en 1824, Stendhal publia sa Vie de Rossini, un compositeur alors très célèbre et dont Stendhal se donnait comme le familier, bien que Rossini ne le connût pas du tout. On peut voir dans ces traits un signe de malhonnêteté, mais aussi la marque d'un authentique regret de ne pas vivre au sein de la musique, que Stendhal aimait sincèrement.

   Surtout et avant tout, il aimait la musique vocale, car, pour ce qui est de la musique instrumentale, ses goûts étaient assez conventionnels (témoin cette critique sur certaines symphonies « savantes et pleines de recherches » de Mozart et de Beethoven, qui par « la quantité et la bizarrerie des modulations […] n'ont produit aucun effet sur le public »). Il était l'amateur d'opéra par excellence, celui qui va chercher à la Scala de Milan (lieu qu'il fréquenta assidûment) la plus pure jouissance physique.

Stenhammar (Wilhelm)

Compositeur et pianiste suédois (Stockholm 1871 – Göteborg 1927).

Admirateur de Beethoven et de Wagner, il se rattache davantage à la tradition germanique qu'à l'école nationale romantique du Nord. Son œuvre comprend un grand nombre de mélodies, parmi les plus belles de toute la littérature musicale suédoise (Visor och stämningar op. 25, 1906-1909), 6 quatuors à cordes écrits entre 1894 et 1916, quelques œuvres pour piano, 2 sonates (pour piano, 1890 ; pour violon et piano, 1899-1900), 2 concertos pour piano et orchestre, les 2 très célèbres Romances, pour violon et orchestre (1910), 2 symphonies (1902-03 et 1911-1915), des œuvres chorales dont la cantate Sången (1921), sa dernière grande œuvre, 2 opéras, Gildet på Solhaug (1892-93) et Tirfing (1897-98), et des musiques de scène.

Stephanie (Johann Gottlieb) , dit Stephanie le Jeune

Acteur et librettiste allemand (Breslau 1741 – Vienne 1800).

Arrivé en Autriche comme prisonnier durant la guerre de Sept Ans, il se fit un nom à Vienne comme acteur, devint en 1776 l'un des cinq directeurs du Théâtre national et fut nommé en 1781 directeur du National Singspiel, fondé en 1778 par Joseph II et inauguré le 17 février de cette même année avec Die Bergknappen d'Igaz Umlauf. Stephanie adapta les livrets des deux singspiels suivants d'Umlauf (Die schöne Schusterin et Das Irrlicht). Pour Mozart, arrivé à Vienne sur ces entrefaites et désireux de composer pour le National Singspiel, Stephanie possédait au moins deux qualités : il « peut tout auprès de l'empereur » et « s'y connaît en matière de théâtre ». Le 30 juillet 1781, Stephanie remit à Mozart un livret qui, après modifications, devint celui de l'Enlèvement au sérail. Il confectionna également en 1786 celui de Der Schauspieldirektor.

stéréophonie

Littéralement, le mot signifie « écoute en relief ». On l'a forgé pour désigner les techniques d'enregistrement et de reproduction des sons qui, après la monophonie, permettaient de restituer une impression de relief à la source sonore reproduite. Cette technique fait appel à deux canaux séparés véhiculant les informations sonores, mais une stéréophonie, au sens strict, peut être obtenue avec un nombre plus grand de canaux. On a ainsi procédé à des expériences plus ou moins abouties de stéréophonie à quatre canaux (tétraphonie, ou quadriphonie), à six canaux (hexaphonie) et même huit canaux (octophonie).

   La stéréophonie phonographique consiste à enregistrer à travers deux voies différentes les informations provenant de la gauche et de la droite d'un auditeur idéal situé à un emplacement privilégié devant la source sonore. Les informations de ces deux canaux sont gravées dans les deux flancs du sillon d'un disque (ou fixées sur les deux pistes d'une bande magnétique). À la lecture du disque ou de la bande, les informations captées par le phonolecteur (ou cellule de lecture) ou la tête magnétique sont dirigées au travers de deux circuits électroniques d'amplification et de correction à deux systèmes de haut-parleurs restituant les informations sonores captées lors de la prise de son dans une disposition correspondant à l'émission originale à gauche et à droite ; l'auditeur se trouve ainsi placé face à une « image » sonore dans une position analogue à celle de l'auditeur idéal devant l'« objet » sonore lors de l'enregistrement.

   Les techniques de la stéréophonie phonographique ont été pressenties dès les origines du disque. Les premiers brevets ont été déposés dans les années 20 de notre siècle, et les premières expériences, tentées ­ avec succès ­ dans les années 30, aux États-Unis (avec la participation du chef d'orchestre Léopold Stokovski) et en Grande-Bretagne (avec sir Thomas Beecham). Il faudra cependant attendre le milieu des années 50 pour que se généralise l'enregistrement stéréophonique sur bande magnétique, et 1959-60, pour qu'apparaissent dans le commerce les premiers disques stéréophoniques gravés et pressés industriellement, ainsi que les premiers équipements techniques capables de les lire.

   Pour éviter que les possesseurs d'appareils de reproduction seulement monophoniques ne soient pénalisés par la généralisation de disques stéréophoniques incompatibles avec leurs équipements, on a mis au point un procédé de gravure dans lequel les fréquences basses (jusqu'à 600 Hz environ) sont mises en commun dans les deux canaux. Cet artifice, appelé stéréo compatible (ou parfois « gravure universelle »), permet de lire sans difficultés mécaniques le sillon stéréophonique au moyen d'une cellule monophonique, avec un résultat sonore (monophonique) tout à fait cohérent, sans pour autant affecter sensiblement la restitution du relief sonore en lecture stéréophonique. Cette technique se fonde sur le fait que l'effet stéréophonique est dû aux déphasages subis par les seules fréquences élevées dans leur cheminement pour atteindre les deux oreilles de l'auditeur.

   On a utilisé le terme de stéréophonie pour désigner les effets de spatialisation recherchés par de nombreux compositeurs : Sinfonie de Gabrieli à Saint-Marc de Venise, effets scéniques au théâtre lyrique, depuis l'Orfeo de Monteverdi, œuvres à double chœur, double orchestre, jusqu'aux dispositions « éclatées » d'œuvres contemporaines comme Gruppen ou Carré de Stockhausen, Kamakala d'Éloy, Terretektorh de Xenakis, etc. Ces formules de dispersion des sources musicales ont été expérimentées et utilisées dès le Xe siècle, avec la répartition sur plusieurs tribunes de certaines églises des chanteurs exécutant le plain-chant et se répondant les uns aux autres. C'est là, cependant, une application impropre du terme de « stéréophonie », impuissant à rendre compte de l'extrême variété des formules de spatialisation imaginées au cours des siècles par les compositeurs.