Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
C

capodastre (en ital. capotasto)

Petite barre d'ébène, d'ivoire ou de métal, placée transversalement en haut de la touche de certains instruments à cordes pincées (luth, guitare), et qui sert à raccourcir la longueur des cordes afin de modifier l'accord de l'instrument.

Un type de doigté appelé le « barré » sert à obtenir le même résultat.

   Enfin, pour le violoncelle et la contrebasse, l'emploi particulier du pouce gauche, délimitant la longueur de vibration des cordes, constitue une technique qui fut connue parfois, jadis, sous le nom de capodastre.

Cappuccilli (Piero)

Baryton italien (Trieste 1929 – id. 2005).

Après avoir étudié l'architecture en même temps que le chant, il a débuté, en 1957, au Teatro Muovo de Milan dans le rôle de Tonio de Paillasse de Leoncavallo. Il a ensuite acquis peu à peu une réputation internationale. Une grande partie de sa carrière s'est effectuée à la Scala de Milan. Sa voix est ample et aisée, et la qualité de son chant est soignée. Il excelle dans les opéras de Verdi.

capriccio (ital. ; « caprice »)

Au XVIIe siècle, ce terme désigne une forme instrumentale, généralement courte, de caractère léger et souvent amusant, improvisée et pleine de fantaisie. Le capriccio emploie une écriture contrapuntique et ressemble à la canzona ; en effet, il n'y a guère de différence entre ces deux termes. On trouve les meilleurs exemples de capriccio chez Frescobaldi où un thème, comme celui du Capriccio sopra l'aria di Ruggiero, est exposé et suivi de plusieurs sections traitées en variations. Au XVIIIe siècle, J. S. Bach écrit un Capriccio sopra la lontananza del suo fratello dilettissimo. La forme contrapuntique du capriccio a contribué à la naissance de la fugue.

   Plus tard, prenant un sens plus général, le terme désigna une pièce libre, brillante et rapide, indiquant plutôt une manière de jouer. Le capriccio est soit un morceau pour instrument seul (les 24 Capricci de Paganini), soit une œuvre concertante (Rondo capriccioso pour piano et orchestre de Mendelssohn), mais, dans les deux cas, prime le côté virtuose.

   Enfin, le capriccio peut être une pièce pour orchestre : par exemple, les évocations lors du mouvement des écoles nationales de la seconde moitié du XIXe siècle (Capriccio espagnol de Rimski-Korsakov, Capriccio italien de Tchaïkovski).

Caproli (Carlo) , dit Carlo del Violino
ou Carlo Caprioli, dit Carlo del Violino

Compositeur italien (Rome v. 1615 – id. v. 1693).

Élève de Luigi Rossi, il entra au service du prince Ludovisi, neveu du pape Innocent X. Sa réputation était déjà considérable lorsque l'abbé Francesco Buti, poète, librettiste et agent de Mazarin, le fit venir à Paris avec une troupe de chanteurs. Son opéra Le Nozze di Peleo e di Theti fut représenté le 14 avril 1654 à l'hôtel du Petit-Bourbon. Le spectacle, heureux mélange de comédie italienne et de ballet de cour français, connut un immense succès. Malheureusement, la partition de Caproli est aujourd'hui perdue. Seuls les airs du ballet, œuvre de musiciens français, ont été conservés. Malgré cette réussite, le musicien regagna Rome, accompagné de sa femme, la Signora Vittoria, qui avait chanté le rôle de Theti. Sur la recommandation de Mazarin, il entra au service du cardinal Barberini (jusqu'en 1665). Gardien de la section des instruments de l'Accademia di Santa Cecilia, il fut nommé maître de chapelle de Saint-Louis-des-Français (1667). Bien que son œuvre demeure quasi inconnue, on sait que Caproli fut considéré, en son temps, comme l'un des meilleurs compositeurs de cantates. Quelque 70 canzoni e cantate témoignent de l'art subtil et extrêmement raffiné de ce musicien, tout comme l'oratorio Davide prevaricante e poi pentito (1683).

Capron (Nicolas)

Violoniste et compositeur français ( ? v. 1740 – Paris 1784).

Élève de Gaviniès, Capron fut l'un des violonistes les plus célèbres de son temps. Il fit carrière à l'Opéra-Comique, où il figure parmi les musiciens dès 1756, puis dans l'orchestre de La Pouplinière et au Concert spirituel, où il occupa, à partir de 1765, le poste de premier violon, qu'il conserva jusqu'à sa mort. Virtuose et excellent professeur, il composa pour l'instrument dont il jouait un recueil de sonates. Premier Livre de sonates à violon seul et basse op. 1 (1768), des concertos, dont la musique n'est pas conservée, et Six Duos pour 2 violons op. 3 (1777). Ses œuvres témoignent des préoccupations de ses contemporains par l'adoption de la forme tripartite, du bithématisme dans l'allegro initial et du jeu de nuances préconisé par l'école de Mannheim.

Cara (Marco Marchetto)

Compositeur italien (Vérone ? – Mantoue 1527).

De 1495 à 1525, Cara résida à Mantoue, à la cour du marquis de Gonzague et dans le cercle musical qui entourait son épouse, Isabelle d'Este. ll suivit son maître à travers l'Italie du Nord (Venise, Milan), à une époque marquée par les vicissitudes de la guerre, notamment avec la France. Célèbre en son temps comme luthiste et comme chanteur, il fut, avec Tromboncino, l'un des compositeurs les plus importants de frottole, forme qui engendra le madrigal ; il en composa au moins une centaine. Cosimo Bartoli devait voir en lui l'un des successeurs les plus doués de Josquin Des Prés. En revanche, les frottole de Cara rendaient grand service à Isabelle d'Este, qui cherchait, avec ces compositions simples et attrayantes, le moyen de détrôner l'art franco-flamand en Italie. Ces œuvres ont été publiées dans les recueils parus chez Petrucci à Venise (1504-1514), ainsi que dans d'autres publiés à Rome. Quelques pièces religieuses sont également attribuées à ce compositeur.

Carafa di Colobrano (Michele)

Compositeur italien naturalisé francais (Naples 1787 – Paris 1872).

Fils d'un prince de Colobrano, formé à Naples et à Paris, il fut officier de l'armée de Murat en Russie et ne se consacra définitivement à la composition qu'après Waterloo. Il triompha aussitôt avec une Gabriella di Vergy écrite pour Isabelle Colbran (Naples, 1816), et fit représenter à Paris Jeanne d'Arc d'Orléans (1821) et le Solitaire (1822). Fixé en France en 1827, naturalisé en 1834, il succéda à Lesueur à l'Institut, puis enseigna l'écriture au Conservatoire de Paris de 1840 à 1858. Outre plusieurs messes, un Stabat Mater et un Requiem, il donna de 1814 à 1838 quelque trente-six opéras francais ou italiens, enrichissant le style napolitain traditionnel par une écriture orchestrale extrêmement raffinée. Michele Carafa di Colobrano eut la malchance de mettre en musique plusieurs livrets qui devaient plus tard être repris par Auber, Donizetti ou Mercadante dans des œuvres dont le succès effaça les siens. Il demeura un peu dans l'ombre de Rossini, qui le chargea d'écrire un ballet pour la reprise de sa Sémiramis à Paris en 1860.