Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
L

Lalo (Pierre)

Critique musical français (Puteaux 1866 – Paris 1943).

Fils d'Édouard Lalo, il écrivit pour le Journal des débats, la Revue de Paris, puis dans le Temps, où il succéda à J. Weber (1898). Il apporta également sa collaboration au Courrier musical et à Comoedia. Une sélection de ses articles fut rassemblée dans la Musique (Paris, 1898-99), Richard Wagner ou le Nibelung (Paris, 1933) et De Rameau à Ravel, portraits et souvenirs (Paris, 1947). Il collabora enfin à la publication collective de conférences sur la musique données à la radiodiffusion : le Théâtre lyrique en France depuis les origines jusqu'à nos jours, où il signa en particulier le chapitre introductif Défense et illustration de la musique française. Pierre Lalo était membre du conseil supérieur du Conservatoire et de celui de la radiodiffusion.

Laloy (Louis)

Musicologue français (Gray 1874 – Dole 1944).

Docteur ès lettres en 1904 avec une thèse sur Aristoxène de Tarente et la musique de l'Antiquité, il fonda en 1905, avec Jean Marnold, le Mercure musical et enseigna l'histoire de la musique à la Sorbonne (1906-1907) et au Conservatoire (1936-1941). Il fut l'ami de Claude Debussy et l'un de ses premiers partisans. Nommé secrétaire général de l'Opéra en 1914, il écrivit, la même année, pour Albert Roussel, le livret de Padmavâti. Fin lettré, écrivain élégant, critique subtil, Louis Laloy publia, en 1928, un livre de souvenirs, la Musique retrouvée, où il retrace son évolution esthétique.

Principaux écrits : Jean-Philippe Rameau (1908) ; Claude Debussy (1909) ; la Musique chinoise (1912), la Musique retrouvée (1928).

Lambert (Constant)

Compositeur, chef d'orchestre et musicologue anglais (Londres 1905 – id. 1951).

Sa première partition majeure, le ballet Roméo et Juliette (1926), résulta d'une commande de Diaghilev. De son intérêt pour le jazz témoignent Elegiac Blues pour orchestre (1927) et surtout The Rio Grande (sur un poème de Sacheverell Sitwell) pour piano, chœur et orchestre (1927), ainsi que le Concerto pour piano et neuf instrumentistes (1930-1931). Citons également Summer's Last Will and Testament pour baryton, chœur et orchestre, d'après T. Nashe (1932-1935), et le ballet Horoscope (1937). Son livre Music Ho  ! A Study of Music in Decline (1934) est une étude pénétrante et provocante à la fois de l'état de la musique en Europe de 1910 à 1930 environ, les trois figures clés de l'époque étant pour lui Debussy, Sibelius et Schönberg, suivis de près par Stravinski.

Lambert (Michel)

Chanteur et compositeur français (probablement Champigny, Vienne, v. 1610 – Paris 1696).

Grâce à sa jolie voix d'enfant, il entra à Paris au service de Gaston d'Orléans. Devenu adolescent, il dut enseigner la musique à la fille du prince, la duchesse de Montpensier, dite la Grande Mademoiselle. Afin de perfectionner son chant selon la méthode italienne, il reçut les conseils de Pierre de Nyert avant de devenir, lui-même, le meilleur maître d'un art du chant spécifiquement français et le chanteur-compositeur préféré des salons de la société précieuse. En 1661, à la mort de Jean de Cambefort, Lambert fut nommé maître de musique de la Chambre du roi. Deux mois après, sa fille Madeleine épousait J.-B. Lully. Ainsi, et au moment de la création de l'Académie royale de musique, c'est Lambert qui forma les « actrices » et les instruisit dans l'art de la déclamation chantée. Sa réputation dépassa bientôt très largement les frontières.

   Les airs et dialogues de Michel Lambert (plus de 200) appartiennent à un nouveau type, l'air sérieux, qui, proche encore de l'air de cour mais accompagné de la basse continue, annonce Lully. Ces airs ne comportent en général que deux strophes poétiques, le « simple » et le « double », ce dernier étant destiné à recevoir une ornementation vocale virtuose en laquelle Lambert excella. Il mit en musique la plupart des poètes précieux (Bouchardeau, G. Gilbert, F. Sarasin, J. Pascal, Pelisson, Benserade, P. Perrin). Il semble qu'il prit l'habitude de chanter ses airs en compagnie de sa belle-sœur, Mlle Hylaire (lui, la basse, et elle, le dessus), et de les accompagner lui-même au théorbe. C'est sous cette forme que parut, en 1669, à Paris, la réédition de vingt Airs de Monsieur Lambert…, dédiés à son maître Pierre de Nyert (1re éd., 1660). En 1689, il fit graver un livre d'Airs à une, deux, trois, quatre parties avec la basse continue (Ch. Ballard). Les pièces de ce recueil, souvent précédées de ritournelles instrumentales, qui témoignent d'une belle inspiration et d'une grande maîtrise technique, proviennent en majeure partie des ballets de cour auxquels il participa en tant que compositeur et interprète de petits rôles. Lambert serait également l'auteur des premières leçons de ténèbres pour voix seule et basse continue parues en France.

lamentation

1. Chant lyrique déplorant une mort, qu'il s'agisse d'un parent, d'un ami ou d'un haut personnage. Le genre est très ancien (thrénodie grecque antique, naenia romaine, etc.) et s'est conservé dans de nombreuses traditions populaires (mirologue grec moderne, vocero corse, etc.). On le retrouve sous forme écrite dans la lyrique carolingienne sous le nom de planctus, puis dans le drame liturgique et les chansons de trouveurs (planh provençal), qui y adjoignent aussi des lamentations amoureuses (plaintes d'amants délaissés) ou d'autres sur des événements douloureux (lamentation sur la perte de Constantinople). Aux XIVe et XVe siècles, la mort de grands compositeurs (par exemple, Machaut, Dufay, Ockeghem) a été saluée par des lamentations écrites par leurs disciples. Le genre, relayé au XVIIe siècle par le tombeau, ne semble pas s'être prolongé au-delà.

2. Dans la liturgie catholique, terme réservé à la lecture chantée des plaintes (threni) du prophète Jérémie sur la décadence de Jérusalem, insérées comme leçons de matines en neuf lectures échelonnées du jeudi au samedi saint. On les appelle aussi leçons de ténèbres.

   Les lamentations se chantent sur un timbre de lecture particulier (6e ton), avec des formules spéciales d'intonation et de conclusion. Sauf pour le dernier chapitre, les versets sont numérotés par une lettre de l'alphabet hébreu, qui formait acrostiche dans l'original et qui est également chantée. Du XVe au XVIIIe siècle, les lamentations ont été fréquemment mises en musique par les compositeurs, d'abord a cappella, puis avec orchestre ou orgue. Parmi les plus célèbres, on cite celles de Tallis, Lassus, Victoria, Palestrina, M. A. Charpentier, F. Couperin, Zelenka, Stravinski (Threni), etc.

3. LAMENTO.