Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
C

Collectif de recherche instrumentale et de synthèse sonore (C.R.I.S.S.)

Organisme fondé en 1977 par Hugues Dufourt, Alain Bancquart et Tristan Murail, dans le but d'assimiler et de fondre dans un système d'expression cohérent les innovations encore éparses de la technologie électronique.

Son idée-force est que cette technologie affecte non seulement la production des sons, mais aussi la sensibilité et mêmes les catégories de la pensée musicale, et il regroupe compositeurs et interprètes, avec comme objectifs une recherche systématique et collective des possibilités de production et de transformation des sons électriques en direct, un programme d'équipement favorisant ce travail, une investigation méthodique des nouvelles ressources de l'instrument traditionnel et de la voix, une entreprise de réflexion collective sur les nouvelles catégories de la pensée musicale et l'élaboration dans la composition musicale de nouveaux principes d'organisation formelle appropriés à l'emploi de la technologie électronique. Parmi les œuvres suscitées par cette réflexion, Saturne de Hugues Dufourt (1979). Le C. R. I. S. S. a été un élément moteur dans les manifestations du groupe de l'Itinéraire.

collectif musical international 2e2m (Études expression des modes musicaux)

Ensemble créé à la fin de 1971 par Denise Foucard, maire adjoint (chargée des Affaires culturelles) de Champigny, et le compositeur Paul Méfano, dans le but d'offrir un débouché à la jeune musique, de permettre aux compositeurs français et étrangers de se faire jouer, de mettre le public en contact avec les œuvres nouvelles, notamment au moyen d'animations pré-concerts, et de favoriser l'éducation musicale du plus grand nombre en liant très étroitement l'expression musicale de référence et les voies nouvelles de la création.

Avec ses quelque 40 concerts par an, tant à Paris et dans la région parisienne qu'en province et à l'étranger, le Collectif musical international 2e2moccupe une des toutes premières places dans l'action menée en faveur de la musique contemporaine sans sacrifier pour autant à la politique du vedettariat. À partir de lui ont été fondés un quintette à vent et un quatuor à cordes (Quatuor français 2e2m), et il a réalisé plusieurs disques.

collegium Aureum

Ensemble instrumental allemand, fondé en 1964 par Franzjosef Maier, qui en est, depuis cette date, le premier violon.

Il joue sur des instruments originaux et/ou authentiques : les cordes sont pour la plupart des XVIIe et XVIIIe siècles et d'origine italienne, les vents, des originaux ou des copies. Il se consacre surtout au répertoire baroque (Bach, Haendel, Rameau), préclassique (fils de Bach, Carl Stamitz) et classique du XVIIIe siècle (Haydn, Mozart), mais a fait également quelques incursions dans le début du XIXe siècle, jouant par exemple l'Héroïque de Beethoven dans les mêmes conditions (effectifs, types d'instruments) que lors de sa première audition en 1804.

Collegium musicum

Libre association d'amateurs et éventuellement de professionnels pratiquant la musique.

L'héritage des Kantorei, des groupements de maîtres chanteurs et autres confréries fut repris, du XVIe au XVIIIe siècle, en Allemagne et dans les régions soumises à l'influence allemande (Suisse, Suède, Bohême), par des cercles d'amateurs, d'abord inorganisés, puis structurés, ayant pour objet l'exécution en commun de musique, vocale à l'origine, et par la suite instrumentale. Ces cercles se donnèrent des noms en langue commune, par exemple, en Allemagne, das Musikkränzlein (« le petit cercle musical »). Mais, avec la participation croissante d'étudiants à ces activités, l'appellation latine de collegium musicum, qui apparaît pour la première fois à Prague en 1616, vint à être la plus largement répandue. Les réunions étaient en général hebdomadaires ; la plus pure tradition de cette pratique excluait la présence de tout auditeur ; en tout cas, les séances n'étaient pas largement ouvertes au public.

   Le développement de ces cercles entraîna l'enrôlement de professionnels. Les collegia musica atteignirent un haut niveau de qualité et connurent un grand rayonnement, en particulier à Hambourg, Francfort et Leipzig. J. Kuhnau, Telemann, J. F. Fasch et J.-S. Bach comptent au nombre des musiciens qui dirigèrent les activités du collegium musicum de Leipzig. Dans cette ville, Bach s'assura le concours des étudiants pour l'exécution de ses Passions.

   Au fur et à mesure que les collegia musica rendaient leurs activités publiques, la notion de concert au sens moderne s'imposait. Ainsi les collegia sont-ils à l'origine de nombreuses institutions de concert, et, en particulier, à Leipzig, du Gewandhaus.

   Au XIXe siècle, les collegia musica furent presque oubliés. C'est le nouvel essor des mouvements de jeunesse qui provoqua leur renaissance. À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, sous l'impulsion de Hugo Riemann, puis de Willibald Gurlitt, presque chaque université allemande mit un point d'honneur à constituer ou reconstituer un collegium musicum actif. Pour répondre aux besoins de cette pratique musicale, Riemann, qui créa à Leipzig le premier collegium moderne, exhuma de nombreuses partitions anciennes, qu'il publia d'ailleurs dans un vaste recueil portant le titre de Collegium musicum (Leipzig, sans date). Dans les années qui suivirent la Grande Guerre, les collegia musica furent des foyers où l'on redonna vie à la musique baroque en cherchant à en respecter le style exact. Les collegia musica ont aussi été, très tôt, à la pointe du combat pour le retour à la pratique des instruments anciens.

Collet (Henri)

Compositeur, critique et musicologue français (Paris 1885 – id. 1951).

À la suite des deux articles qu'il publia les 16 et 23 janvier 1920, dans Comoedia, sous les titres : Un livre de Rimsky et un livre de Cocteau ­ les Cinq Russes, les Six Français et Erik Satie, et les Six Français, le nom d'Henri Collet est resté attaché à la formation du groupe des Six. Il faut également retenir les travaux d'Henri Collet sur la musique espagnole qu'il contribua grandement à faire connaître en France. Docteur ès lettres en 1913 avec une thèse sur le Mysticisme musical espagnol au XVIe siècle, il avait déjà publié en 1911 une étude sur les Cantigas d'Alphonse le Sage. Allaient suivre des ouvrages sur Victoria, puis sur Albéniz et Granados. Élève de Pedrell, conseillé par Déodat de Séverac, Henri Collet a composé des œuvres d'inspiration ibérique qui, peut-être injustement, sont aujourd'hui oubliées.