Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Papineau-Couture (Jean)

Compositeur canadien (Montréal 1916 – id. 2000).

Petit-fils de Guillaume Couture, qui, formé à l'école française, avait été l'un des pionniers de la musique au Québec, il travailla le piano et étudia plusieurs années (1940-1945) aux États-Unis, en particulier avec Nadia Boulanger, qui l'initia à Stravinski. De retour à Montréal, il se consacra à l'enseignement et à la composition, jouant un rôle actif dans la vie musicale de son pays comme président de l'Académie de musique de Québec (1961-1963), président du Conseil canadien de la musique (1967-68), président de la Ligue canadienne des compositeurs (1957-1959 et 1963-1966), membre fondateur et premier président de la Société de musique contemporaine du Québec (1966-1973), doyen de la faculté de musique de Montréal (1968-1973), ou encore comme vice-président du Conseil canadien sur les humanités (1976).

   Dans un esprit néoclassique orienté à partir des années 60 vers les recherches de timbres, il a écrit notamment une Symphonie en do (1948, rév. 1956), un Concerto pour violon et orchestre de chambre (1951-52), Psaume CL (1954), Contraste pour voix et orchestre (1970), Chanson de Rahit pour voix, clarinette et piano (1972), Slano pour violon, alto et violoncelle (1976), Nuit polaire pour contralto et 10 instruments (1986), Clair-obscur pour contrebasson, contrebasse et orchestre (1986). C'est une des personnalités les plus importantes de la musique canadienne actuelle.

Paque (Désiré)

Compositeur belge (Liège 1867 – Bessancourt, Val-d'Oise, 1939).

Il fit ses études au conservatoire de Liège et, immédiatement après, fut nommé professeur dans cet établissement. Il fut professeur de composition au conservatoire d'Athènes (1900) et professeur d'orgue à celui de Lisbonne (1904), et, après plusieurs années de voyage, se fixa à Paris (1914). Il fut naturalisé français en 1927. Parti du chromatisme franckiste, il s'orienta (avant Schönberg) vers l'atonalité, ce qui pourtant ne l'éloigna pas d'une esthétique postromantique et des formes les plus traditionnelles. Ses œuvres, en grande partie inédites, comprenant notamment l'opéra en un acte Vaima (1903, créé en 1904), 8 symphonies (1895-1936), 2 concertos pour piano (1888 et 1935), 10 quatuors à cordes (1892-1939) et 20 leçons de lecture musicale atonale.

Paradies (Pietro Domenico Paradisi, dit Pietro Domenico)

Compositeur et professeur italien (Naples 1707 – Venise 1791).

On sait peu de chose de ses années de formation et on le prétend élève de Porpora. Après avoir fait quelques tentatives malchanceuses dans le domaine lyrique en Italie (opéra Alessandro in Persia à Lucques en 1738 et serenata Il Decreto del fato à Venise en 1740), il part s'établir à Londres vers 1746-47. Sa première production dans cette ville est aussi un échec (Fetonte, 1747). De 1753 à 1756, il compose des airs pour les productions pastiches du King's Theatre au Haymarket, puis consacre la majeure partie de son séjour à Londres à l'enseignement du chant et du clavecin, ce qui assure sa célébrité. Il compte en particulier parmi ses élèves Gertrude Schmeling, la future Mme Mara. Il rentrera en Italie à la fin de sa vie.

   Il a composé, outre son œuvre pour la scène, des symphonies-ouvertures, un concerto pour orgue ou clavecin, assez typique du concerto pour orgue anglais, et 12 sonates pour clavecin, qui ont été unanimement louées à l'époque et souvent rééditées.

paraphrase (littéralement, désigne une œuvre musicale dérivée, par transformation, d'une œuvre existante)

1. On a eu tendance à appeler ainsi toute œuvre polyphonique des XVe et XVIe siècles (messes et motets), écrite sur un thème emprunté servant de cantus firmus. C'est le cas, en particulier, des nombreuses messes l'Homme armé, qui sont en fait des messes à teneur. La paraphrase nécessite un travail du thème à toutes les voix, se présentant le plus souvent sous forme d'un développement par sections : la mélodie utilisée est divisée en sections qui sont tour à tour développées et ornées, la pièce se terminant après le développement de la dernière section. Cette technique fut plus particulièrement mise au point par Josquin (messes Pange lingua, Ave maris stella, …) et devint par la suite une composante du style de Palestrina, qui a écrit environ 36 messes-paraphrases (la Messe du pape Marcel, par exemple). Il faut également se garder de confondre ce type d'écriture avec la parodie, qui n'est qu'une adaptation assez libre d'un modèle polyphonique existant (la moitié des messes de Palestrina sont des messes-parodies).

2. Désigne au XIXe siècle des pièces instrumentales basées sur des mélodies célèbres de l'époque, souvent tirées (mais pas toujours) d'un opéra, et développées très librement de façon à permettre à l'interprète d'exhiber sa virtuosité. Elles portent également le nom de transcriptions, fantaisies, etc., et ont surtout été écrites pour le piano (une grande partie de l'œuvre de F. Busoni est constituée de paraphrases, comme celle sur la Chaconne de J.-S. Bach). Les plus réussies sont sans aucun doute celles de Fr. Liszt, qui paraphrase des opéras (Rigoletto, Tannhäuser, Lucia di Lammermoor, etc.), des lieder de Schubert (la Truite, le Roi des aulnes, etc.) et diverses pièces instrumentales célèbres.

Paraskivesco (Théodore)

Pianiste roumain naturalisé français (Bucarest 1940).

Il obtient cinq premiers prix au Conservatoire de Bucarest et, en 1961, il est lauréat du Concours Enesco. En 1966, il arrive à Paris et étudie avec Nadia Boulanger et Yvonne Lefébure. Il s'impose dans le répertoire français, enregistrant une intégrale remarquée des œuvres pour piano de Debussy. Ne cédant pas à l'impressionnisme, son jeu restitue toute la clarté maîtrisée de ces pages.

   Il joue aussi les œuvres pour deux pianos de Ravel avec Jacques Rouvier, interprète Beethoven, Brahms, Enesco, et se révèle comme accompagnateur. Il fonde un trio avec Jean Estournet et Michel Strauss. Depuis 1987, il enseigne au Conservatoire de Paris.

Paray (Paul)

Chef d'orchestre et compositeur français (Le Tréport 1886 – Monte-Carlo 1979).

Il étudia l'orgue à Rouen avec son père, puis entra au Conservatoire de Paris en 1910. L'année suivante il obtint le grand prix de Rome pour sa cantate Yanitza. Mobilisé à la Première Guerre mondiale et prisonnier jusqu'en 1918, il débuta en 1920, à la faveur d'un remplacement, à la tête des concerts Lamoureux, dont il devint le chef en 1923, au départ de Camille Chevillard. En 1928 il s'installa à Monte-Carlo où il fut chef titulaire. Il dirigea également les orchestres de la radio de Marseille, de Strasbourg et de Vichy. Gabriel Pierné lui proposa ensuite la direction de l'orchestre Colonne, dont il devint président en 1932. Jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, Paul Paray partagea son temps principalement entre Monte-Carlo et Paris. À la demande de Jean Rouché, alors directeur de l'Opéra de Paris, il eut l'occasion d'y diriger quelques représentations de Siegfried de Wagner. En 1945, il partit pour les États-Unis où, comme chef invité, il conduisit les orchestres de Boston, Philadelphie, Chicago, Pittsburgh. En 1950, J. B. Ford lui offrit un poste de chef permanent de l'Orchestre de Detroit, qui devait avoir sous sa direction une renommée mondiale.

   Le répertoire de Paul Paray fut principalemet symphonique (il n'a dirigé que quelques opéras : Tristan et Isolde, Siegfried, Ariane et Barbe-Bleue). Tous les grands compositeurs de la fin du XIXe siècle y figurent : Saint-Saëns, Wagner, Franck. Il sut, pendant son séjour à Detroit, faire connaître la musique française la plus récente : Debussy, Ravel, Fauré, Dukas, Roussel. On retiendra de lui, comme compositeur, une messe pour le 500e anniversaire de la mort de Jeanne d'Arc (1931), le ballet Artémis troublée (Paris, 1922), 2 symphonies et des mélodies.