Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Thierry (Pierre)

Facteur d'orgues français (Paris 1604 – id. 1665).

Élève de Crespin Carlier, il rénova l'orgue de Saint-Gervais sur les indications de Louis Couperin (ajout d'un nasard et d'une tierce au positif et d'un clavier d'écho), travailla sur ceux de l'hôtel-Dieu de Pontoise (1637-1641) et de Saint-Paul à Paris (1644-1649, et construisit celui de Saint-Germain-des-Prés (1661). Il devint facteur du roi en 1664. Il eut trois fils : Jean ( ? v. 1638 – Paris 1689), qui construisit l'orgue de Saint-Père de Chartres, Charles (Paris 1641 – ?), qui travailla aux orgues de Saint-Séverin et de Saint-Merri, et Alexandre ( ? v. 1646 – Paris 1699), qui travailla comme son père sur l'orgue de Saint-Gervais, termina celui de Saint-Séverin (1675) et construisit ceux de Saint-Eustache (168?-1689), de l'école de Saint-Cyr de Mme de Maintenon (1685) et de Saint-Louis-des-Invalides (1687). François (Paris 1677 – id. 1749), fils de Jean, construisit l'orgue des Innocents (1723) et reconstruisit celui de Notre-Dame (1730-1733) en y introduisant le premier manuel de bombarde.

Thill (Georges)

Ténor français (Paris 1897 – Lorgues, Var, 1984).

Il étudia avec Fernando de Lucia et fit ses débuts à l'Opéra de Paris, en 1924, dans Thaïs (rôle de Nicias). Il y chanta jusqu'à la guerre les principaux rôles du répertoire français, ainsi que quelques rôles wagnériens dont Lohengrin et Walter (les Maîtres chanteurs). Dans le répertoire italien, son interprétation de Radamès (Aïda) était justement admirée. Dans le même temps, il paraissait à l'Opéra-Comique, où Don José et Werther furent ses plus grands triomphes. Il fit également une carrière internationale au Metropolitan Opera de New York, au Covent Garden de Londres, au théâtre Colón de Buenos Aires et à la Scala de Milan. Il possédait un timbre incomparable à la fois chaud et vibrant et une voix parfaitement homogène sur toute l'étendue de son registre. À ces qualités, il convenait d'ajouter une parfaite maîtrise des demi-teintes et une articulation parfaite. Georges Thill compta parmi les artistes lyriques majeurs du XXe siècle dont le chant français peut s'enorgueillir.

Thiollier (François-Joël)

Pianiste français (Paris 1943).

Issu d'une famille de musiciens, enfant prodige, il prend ses premières leçons avec sa mère et donne son premier concert à l'âge de cinq ans. Il entre trois ans plus tard au Conservatoire de Paris, où il étudie avec Robert Casadesus. À la Juilliard School (1953-1962), il est l'élève de Gorodnitzki. Lauréat de nombreux concours internationaux, dont les Concours Tchaïkovski en 1966 et Reine Élisabeth de Belgique en 1968, il se produit avec un grand succès pendant les années qui suivent, interprétant la musique russe (en particulier Rachmaninov) et Gershwin parallèlement aux pièces plus courantes du répertoire classique.

Thiriet (Maurice)

Compositeur français (Meulan 1906 – Puys 1972).

Ayant commencé à composer dès l'âge de treize ans, il soumit ses premiers essais à Ravel, qui reconnut son talent. Il travailla au Conservatoire de Paris avec Silver, Koechlin et Roland-Manuel. On lui doit de nombreuses musiques de scène dont Œdipe roi pour la pièce de Cocteau (1941, écrit en captivité), des ballets (la Nuit vénitienne, 1938 ; l'Œuf à la coque, 1949 ; Psyché, 1950) et des musiques de film, notamment pour Marcel Carné (les Visiteurs du soir, 1942 ; les Enfants du paradis, 1945 ; Thérèse Raquin, 1953).

Thiry (Louis)

Organiste français (Fléville 1935).

Il étudie d'abord au Conservatoire de Nancy avant de devenir l'élève d'André Marchal à Paris. De 1956 à 1958, il est au Conservatoire de Paris dans la classe d'orgue de Rolande Falcinelli, et en écriture avec Simone Plé-Caussade. De 1951 à 1972, il est titulaire des orgues de Saint-Martin-de-Metz. Il aborde alors l'œuvre pour orgue de Messiaen, dont il est un grand spécialiste : sur les orgues de la cathédrale Saint-Pierre de Genève, il enregistre toutes les œuvres comprises entre le Banquet céleste de 1928 et le Livre d'orgue de 1951. Depuis 1971, il enseigne au Conservatoire de Rouen, et poursuit une carrière internationale de soliste. Il joue aussi le répertoire baroque français, et exécute le Clavier bien tempéré à l'orgue.

Thomas (Ambroise)

Compositeur français (Metz 1811 – Paris 1896).

Fils d'un maître de musique, il entra en 1828 au Conservatoire de Paris où il fut l'élève de Kalkbrenner (piano), Dourien (harmonie), Barbereau (contrepoint) et Lesueur (composition). Il obtint un premier prix de piano en 1829 et le premier prix de Rome en 1832. Il passa trois ans à la villa Médicis, où il rencontra Berlioz, qui admira ses premières compositions. En 1837, il débuta à l'Opéra-Comique avec la Double Échelle, et bientôt à l'Opéra avec le ballet la Gipsy (1839), puis avec une comédie musicale, le Comte de Carmagnola (1841). S'ils furent accueillis avec sympathie, ces ouvrages ne se maintinrent cependant pas. Les premiers vrais succès de Thomas furent le Caïd (1849), spirituel pastiche de la musique bouffe italienne, et le Songe d'une nuit d'été (1850). En 1851, il fut admis à l'Institut en succession de Spontini.

   Pendant quinze ans, il connut, comme compositeur, des fortunes diverses. C'est en abandonnant le style léger de l'opéra-comique au profit du sérieux et de la grandeur qu'il connut ses deux véritables triomphes : Mignon (1866) et Hamlet (1868).

   En 1871, il fut nommé directeur du Conservatoire, où depuis plusieurs années il secondait A. Adam comme professeur de composition. Il se révéla un administrateur habile, consciencieux mais autoritaire et d'esprit étroit dans ses jugements esthétiques. Il se montra l'adversaire de compositeurs dont les audaces lui paraissaient inadmissibles (Franck, Lalo, Bizet, Fauré). Cette attitude lui valut plus tard beaucoup d'animosité.

   Après avoir subi l'influence italienne, Thomas a fait un effort pour s'en affranchir et s'affirmer comme un compositeur français doté d'un solide métier. Mais bien que Mignon et Hamlet se soient longtemps maintenus à l'affiche, le compositeur, adulé de son vivant, est devenu aussitôt après sa mort le symbole du conformisme. Outre ses vingt ouvrages lyriques et ses trois ballets, il a laissé de nombreuses compositions vocales profanes et religieuses, quelques œuvres de musique de chambre, de piano et d'orgue, et des recueils de leçons de solfège.