Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
C

Correa de Azevedo (Luis Heitor)

Musicologue et folkloriste brésilien (Rio de Janeiro 1905 – Paris 1992).

Après avoir exercé différentes fonctions de journaliste et d'organisateur de la vie musicale brésilienne, il fut le premier musicologue à occuper, en 1939, la chaire de folklore national de l'actuelle École de musique de l'université fédérale de Rio de Janeiro. Membre de la Commission nationale du livre didactique (1945-1948), il fut appelé, à partir de 1947, à diriger les services musicaux de l'Unesco à Paris. On lui doit la fondation du Conseil international de la musique et la publication de la série Archives de la musique enregistrée. À la suite de la création de l'Institut des hautes études de l'Amérique latine à l'université de Paris, entre 1954 et 1958, Correa de Azevedo donna une série de cours sur l'histoire de la musique. Il fut, par ailleurs, invité à différentes reprises par plusieurs universités des États-Unis. Enfin, il a publié plusieurs ouvrages au Brésil : Gammes, rythmes et mélodies dans la musique des Indiens brésiliens ; Musique et musiciens du Brésil ; Cent Cinquante Ans de musique au Brésil (1800-1950).

Corrette (Michel)

Organiste, compositeur et pédagogue français (Rouen 1709 – Paris 1795).

Fils de Gaspard Corrette, qui publia en 1703 une messe pour orgue, il reçut de son père une formation d'organiste qui lui permit d'occuper plusieurs tribunes à Paris : en 1726, celle de Sainte-Marie-en-la-Cité ; en 1737, celle du grand prieur de France ; en 1750, celle des jésuites de la rue Saint-Antoine ; en 1759, celle du prince de Condé ; et, en 1780, celle du duc d'Angoulême. Ces postes allaient le conduire à écrire deux livres d'orgue (1737, 1750) et de nombreuses pièces, qui tantôt s'inscrivent dans la tradition, avec des préludes ornementés ou des versets fugués, tantôt témoignent du goût de l'époque, avec les concertos de symphonie ou les musettes.

   Corrette se tourna également vers la musique profane et composa, à partir de 1733, des vaudevilles pour les spectacles des foires de Saint-Laurent et Saint-Germain. Il s'intéressa aussi à des instruments divers, en leur consacrant des ouvrages pédagogiques, publiés entre 1738 et 1784, et en recherchant dans ses œuvres de nouvelles combinaisons de timbres : il mêla aux cordes, dans ses concertos comiques ­ qui comptent parmi les premiers concertos écrits pour instruments à vent ­ des flûtes, des hautbois, des musettes ou des vielles. Il manifesta un même souci de variété dans ses sources d'inspiration : il ne se contenta pas, comme beaucoup de ses contemporains, de puiser dans des modèles italiens, mais il sut aussi faire appel à des thèmes choisis dans des chansons populaires ou dans des noëls.

Corteccia (Francesco)

Compositeur italien (Florence 1502 – id. 1571).

Ordonné prêtre, il s'installe à Florence, où il est nommé organiste de San Lorenzo en 1531 et, plus tard, maître de chapelle à la même église (1542). Entre-temps il entre au service de Cosme Ier de Médicis, en 1539, comme maître de chapelle et compositeur de la Cour, poste qu'il réussit à garder jusquà sa mort. Francesco Corteccia est un compositeur loin d'être insignifiant. Doué d'un sens dramatique toujours en éveil, il a contribué à l'éclosion de la monodie accompagnée, écrivant des intermèdes musicaux pour des pièces de théâtre (Il Commodo de A. Landi, Il Furio, La Cofanario de F. d'Ambra). Il a publié à Venise deux livres de madrigaux à 4 voix (1544-1547) et d'autres à 6 voix (1547). Dans le domaine de la musique religieuse, il a composé deux livres de respons à 4 voix (Venise, 1570), des psaumes et deux livres de motets à 5 et à 6 voix (Venise, 1571). Plus intéressantes encore sans doute sont ses deux passions (Passio secundum Joannem, 1527 ; Passio secundum Matthaeum, 1532), le récit étant déclamé sans musique par le testo et commenté par des chœurs à 4 voix, harmonisé généralement avec simplicité mais d'une expressivité émouvante ; l'écriture homorythmique est au service de la parole. Ces deux oratorios comptent parmi les tout premiers en Italie.

cortège

Variété de marche instrumentale ayant un caractère aristocratique (Cortège solennel pour orchestre de Glazounov) ou visant à parodier ce caractère (Cortège burlesque pour piano à 4 mains de Chabrier).

Cortot (Alfred)

Pianiste, chef d'orchestre et pédagogue français (Nyon, Suisse, 1877 – Lausanne 1962).

Né d'un père français et d'une mère suisse, il commença l'étude du piano avec ses sœurs, et eut l'occasion d'entendre jouer Clara Schumann. Il entra au Conservatoire de Paris dans les classes d'Émile Decombes (qui avait reçu les conseils de Chopin) et de Louis Diémer pour le piano, de Raoul Pugno et de Xavier Leroux pour l'écriture. Il obtint son premier prix de piano en 1896. Fervent wagnérien, il fut chef de chant à Bayreuth et, dans le cadre d'une Société des festivals lyriques qu'il avait fondée, dirigea en 1902 à Paris, en première audition, Tristan et Isolde et le Crépuscule des dieux. L'échec financier de ces exécutions l'obligea à reprendre ses activités de pianiste, mais non à renoncer à la direction d'orchestre et à l'organisation de concerts : il fonda en 1903 l'Association des concerts Cortot et y donna les premières auditions à Paris de la Missa solemnis de Beethoven, de Parsifal de Wagner, de la Légende de sainte Élisabeth, du Requiem allemand de Brahms, de mélodies de Moussorgski, mais aussi d'œuvres de D'Indy, Chausson, Lekeu, Magnard, Roussel, Ladmirault, etc. En 1905, il forma avec le violoniste Jacques Thibaud et le violoncelliste Pablo Casals un trio demeuré fameux ; il joua aussi beaucoup en duo avec Casals et plus encore avec Thibaud. De 1907 à 1917, il fut professeur de piano au Conservatoire de Paris. En 1918, il fonda, avec A. Mangeot, l'École normale de musique, en demeura longtemps le directeur et y donna des cours d'interprétation réputés où il eut notamment pour disciples Dinu Lipatti, Clara Haskil, Magda Tagliaferro, Yvonne Lefébure, Vlado Perlemuter et Samson François. Il donna son dernier concert à Prades en 1958, avec Pablo Casals.

   Ce grand ambassadeur de l'art français a mérité plus qu'aucun autre d'être appelé un « poète du piano ». Ses interprétations, servies par un toucher admirable, par une sonorité très particulière, liquide, profonde, sans dureté même dans la plus grande force, étaient le reflet d'un véritable univers spirituel, d'une ample vision d'humaniste, le fruit d'une profonde réflexion parcourue d'intuitions qui donnaient à son phrasé un tour très personnel. Son répertoire était vaste, mais son jeu s'accordait particulièrement à la musique de Chopin, Schumann, Liszt et Debussy. Sa pédagogie s'orientait beaucoup plus vers une compréhension profonde des œuvres que vers la technique pure ou vers des recettes d'exécution. Elle rattachait sans cesse une analyse précise à un vaste contexte esthétique. On en trouve l'image dans le Cours d'interprétation recueilli par Jeanne Thieffry (2 vol., Paris, 1934), mais aussi dans des ouvrages écrits par Cortot lui-même d'une plume brillante : la Musique française de piano (3 vol., Paris, 1930-1932), Aspects de Chopin (Paris, 1949). Cortot a également laissé des éditions de travail d'œuvres de Chopin, Schumann, Franck, etc.