Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
L

Lejet (Édith)

Femme compositeur française (Paris 1941).

Élève de Marcel Beaufils (esthétique générale), Jean Rivier et André Jolivet (composition) au Conservatoire de Paris, elle a obtenu le prix de la Vocation en 1967, un premier second grand prix de Rome en 1968, et le prix de musique de chambre de la S. A. C. E. M. en 1979. De 1968 à 1970, elle a été pensionnaire de la Casa Velázquez à Madrid. On lui doit, notamment, Quatre Mélodies pour chant et piano sur un poème de F. García Lorca (1966), Monodrame pour violon et orchestre (1969), Journal d'Anne Frank pour chœur de jeunes filles et 8 musiciens (1968-1970), Musique pour René Char pour ensemble de chambre (1974), Hommage au maître des Hauteurs et des Lointains pour 24 cordes (1974-75), Harmonie du soir pour orchestre de chambre (1977), Deux Antiennes pour quintette de cuivres (1978), Concerto pour flûte (1980), oratorio les Rois mages (1987-1989), Sept Chants sacrés pour chœur et orgue (1990).

Lejeune (Jacques)

Compositeur français (Talence 1940).

Membre, depuis 1968, du Groupe de recherches musicales de l'I.N.A., à Paris, il y poursuit la réalisation d'œuvres de musique électroacoustique marquées par une recherche de synthèse et de cohabitation entre des sons empruntés à la vie quotidienne et aux phénomènes naturels, et des matériaux sonores plus abstraits. Il excelle surtout à construire dans l'espace, à « orchestrer » des paysages sonores aux perspectives nettes et bien dessinées. Dans sa première période (D'une multitude en fête, 1969 ; Cri, 1972 ; Œdipe Underground, 1972), la balance penche encore vers l'humour, et les rencontres surréalistes de son hétérogènes. À partir de Parages (1973-74), œuvre en 3 parties comprenant un « cycle d'Icare », thème cher au compositeur, et un vaste mouvement intitulé Traces et Réminiscences, et dans Entre terre et ciel (1979), il stylise l'évocation anecdotique, la dépouille de son pittoresque pour n'en garder que la valeur symbolique, « archétypale ». Les Paysaginaires 1 et 2 (1976) et Symphonie au bord d'un paysage (1981), où la bande magnétique dialogue respectivement avec une flûte, des percussions, des synthétiseurs joués en « live », élargissent le domaine d'expression du compositeur vers le jeu en direct.

Lekeu (Guillaume)

Compositeur belge (Heusy, près de Verviers, 1870 – Angers 1894).

Au cours de ses humanités classiques, à Poitiers, où ses parents s'étaient retirés, il se sent attiré par les sciences, la littérature, le violon. Subitement, en 1885, il prend conscience de sa vraie vocation : elle est musicale. Ayant lu attentivement les quatuors de Beethoven, il se met à écrire : Trio en ré mineur et Tempo di Mazurka pour piano que suivent, en 1886, Commentaires sur les paroles du Christ et Méditation et Menuet pour quatuor à cordes, Lamento et Lento Doloroso pour piano, la Fenêtre de la maison paternelle (mélodie, inédite). En 1888, il vient à Paris, entreprend des études de philosophie. Puis, sur les conseils de Wyzewa et Sailles, il se tourne résolument vers la musique.

   D'abord élève de Vallin au Conservatoire (harmonie), il travaille ensuite avec Franck et surtout Vincent d'Indy (composition), recevant en 1891 la seconde récompense au concours belge pour le prix de Rome avec la cantate Andromène (jouée à Verviers avec succès, 1892). Remarqué par Ysaye, qui lui commande alors une Sonate pour piano et violon, Lekeu compose d'arrache-pied. Il meurt à vingt-quatre ans, du typhus, sans avoir pu donner sa vraie dimension.

   C'est un tempérament généreux, noble, soucieux de la dignité de son art. Tard venu à la musique, tôt disparu, Lekeu apparaît comme un artiste probe, sincère, plein de promesses auxquelles la maturité eût, sans aucun doute, apporté une richesse exemplaire. Davantage tourné vers la musique pure que vers la musique dramatique, il a laissé un œuvre brûlant d'un feu intérieur très vif, générateur de lyrisme, qu'organise et discipline une solide structure cérébrale : en témoigne sa grande Sonate (1892). Familier de la poésie romantique et symboliste (il fréquente Mallarmé), Lekeu laisse une dizaine de mélodies, la plupart écrites sur ses propres textes. La qualité de ses compositions abouties ou inachevées (Sonate pour violoncelle et piano, 1888, et Quatuor à cordes, 1892, terminés par d'Indy) démontre son attachement au franckisme (forme et expression esthétique), mais aussi une volonté parallèle de le dépasser afin de s'exprimer pleinement.

Lemmens (Jacques Nicolas)

Organiste, pédagogue et compositeur belge (Zoerle-Parwijs, Anvers, 1823 – Zemst, près de Malines, 1881).

Formé en ses débuts par son père, lui-même organiste, puis par Adolf Friedrich Hesse à Breslau et par Fétis, il fut nommé professeur d'orgue au Conservatoire de Bruxelles en 1849 et enseigna à partir de 1878 à l'École de musique religieuse de Malines. Maître de Guilmant, de Widor et de Clément Loret, il composa pour son instrument trois sonates (parues en 1874) et des pièces diverses. Il publia en 1862 École d'orgue basée sur le plain-chant romain. Son Du chant grégorien, sa mélodie, son rythme, son harmonisation parut à titre posthume (1884). Il connut comme interprète un succès international, se produisant à Paris à la Madeleine, à Saint-Vincent-de-Paul et à Saint-Eustache, et fut un des principaux artisans de la renaissance des œuvres pour orgue de Bach.

Lemnitz (Tiana)

Soprano allemande (Metz 1897 – Berlin 1994).

Elle commence ses études de chant à Metz et les poursuit à Francfort auprès d'Antoni Kohmann. Après ses débuts en 1920, elle appartient à la troupe de l'Opéra d'Aix-la-Chapelle jusqu'en 1924, à celle de Hanovre de 1928 à 1933. De 1934 à 1957, elle chante à la Staatsoper de Berlin, où elle connaît un très grand succès, ainsi qu'au Covent Garden de Londres (Eva des Maîtres chanteurs, Jenufa en création anglaise en 1950). Parmi ses grands rôles, il faut citer Mimi, Micaëla, Aïda, Sieglinde, et surtout Octavian et Pamina (dans le premier enregistrement intégral de la Flûte enchantée sous la direction de Beecham en 1937-38), ainsi que le répertoire slave et tchèque. Elle fut aussi une grande interprète de lieder.