Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Drottningholm

Château royal en Suède doté d'un théâtre édifié en 1764-1766 et très utilisé sous le règne de Gustave III.

Restauré en 1922, ce théâtre abrite depuis 1948 des saisons estivales d'opéra (Mozart, Haydn, Haendel, Gluck, Paisiello, Grétry). De tous ceux actuellement en activité dans le monde, c'est le seul dont la machinerie et les décors remontent au XVIIIe siècle.

Drouet (Jean-Pierre)

Percussionniste et compositeur français (Bordeaux 1935).

Premier Prix de trompette du conservatoire de Bordeaux, il obtient un premier prix de percussion au Conservatoire de Paris en 1958. Il travaille la composition avec René Leibowitz, Jean Barraqué, Michel Puig et André Hodeir, et, souhaitant devenir musicien de jazz, joue avec Kenny Clarke et Lester Young. Sa rencontre avec Luciano Berio, en 1960, le décide à se consacrer à la musique contemporaine. Il participe aux concerts du Domaine musical, aux festivals de Darmstadt, Royan, Metz, Donaueschingen, La Rochelle, appartient à l'ensemble Musique vivante, collabore à de nombreuses créations. Il s'intéresse vivement aux percussions extra-européennes : zarb, tablas. Curieux des rapports entre musique et spectacle, il compose des musiques de scène et plusieurs ballets. Se tournant vers la pédagogie, il écrit une série d'œuvres de musique de chambre pour percussions, à l'intention des exécutants de tous niveaux. Mais il n'interrompt pas pour autant sa propre carrière de percussionniste, où il brille en particulier dans l'art de l'improvisation.

Drouet (Louis)

Flûtiste et compositeur français (Amsterdam 1792 – Berne 1873).

Premier flûtiste de Louis Bonaparte, roi de Hollande, en 1808, puis de Napoléon en 1811, il fut ensuite membre de la chapelle de Louis XVIII. Il se rendit à Londres en 1817, et fut nommé en 1840 maître de chapelle à Cobourg. Ses tournées le menèrent jusqu'aux États-Unis. Surnommé le « Paganini de la flûte », il composa essentiellement pour son instrument.

Druckmann (Jacob)

Compositeur américain (Philadelphie 1928).

Élève d'A. Copland à Tanglewood (1949-50), il a étudié ensuite à la Juilliard School (av. 1954-1956) et à l'École normale de musique de Paris (1954-55), puis, en 1965, au Centre de musique électronique de Columbia-Princeton, avant d'y travailler lui-même à partir de 1967. Il a écrit, entre autres, Dark upon the Harp pour mezzo-soprano, quintette de cuivres et percussion (1962), The Sound of Time pour soprano et orchestre sur des textes de Norman Mailer (1965), Animus I pour trombone et bande (1966), II pour mezzo-soprano, deux percussionnistes et bande (1969), et III pour clarinette et bande (1969), et publié, dans la Juilliard Review, Stravinsky's Orchestral Style (1957).

Du Caurroy (Eustache)

Compositeur français (Beauvais 1549 – Paris 1609).

Chantre à la chapelle royale (1569), lauréat du prix d'Évreux en 1575, il fit une brillante carrière au service de la royauté comme maître de chapelle adjoint (1578), compositeur de la Chambre du roi (1595), puis surintendant de la musique, charge qu'Henri IV créa pour lui. Parallèlement, il accumula les prébendes à Dijon, Orléans, Provins, Passy, Saint-Cyr-en-Bourg.À lire les jugements du XVIIe siècle, il était tenu en haute estime et considéré comme un exemple « pour la grande harmonie de sa composition et de son riche contrepoint » (Mersenne). De fait, ses motets révèlent un usage savant du contrepoint traditionnel acquis, de son propre aveu, « par la lecture des bons auteurs et la pratique des anciens », bien qu'il y ait introduit le double chœur. Influencé par Claude Le Jeune, il accorde une place à la musique mesurée à l'antique. Cette tendance, qui apparut tardivement (1609), était peut-être due à la publication du Printemps par Cécile Le Jeune (sœur de Claude) en 1603. À vrai dire, Du Caurroy ne réussissait que médiocrement à illustrer cette tentative dans les quinze chansons mesurées qu'il inséra dans son livre de Meslanges (1610). Son goût du contrepoint strict éclata tout particulièrement dans les 42 Fantaisies pour violes en forme de ricercar qui ne furent publiées qu'en 1610. Lorsqu'il composa à partir d'un cantus firmus, chaque fragment du thème reçut un développement d'une grande ampleur. Le cantus firmus lui-même était souvent emprunté, parfois de sa propre inspiration. Il donna prétexte à des divertissements fugués à moins que ce cantus firmus ne fût devenu un élément fondamental du grand choral contrapuntique que les organistes allemands comme Pachelbel ou Buxtehude imposèrent. Du Caurroy fut l'auteur d'une cinquantaine de motets, dont un Te Deum à 6 voix (1609) et de psaumes. Sa Messe pour les défunts à 5 voix (1606) servit par la suite de messe de requiem lors d'obsèques royales (Henri IV, Louis XIII).

Du Chemin (Nicolas)

Éditeur français (Sens v. 1520 – Paris 1576).

Libraire à Paris dès 1540, il publia entre 1549 et 1576 plus de cent livres de musique en collaboration avec les compositeurs Nicole Reynes (1548-1551), Claude Goudimel (1551-1555), Loys Bisson (1561-1567) et Henry Chandor (1576). Son catalogue se composait d'au moins 41 messes (1552-1568), 73 motets, 178 psaumes, 176 pièces instrumentales et 693 chansons, production qui parut entre celles d'Attaingnant et de Le Roy-Ballard. Il comprenait, à côté d'ouvrages théoriques, des œuvres d'artistes provinciaux, Cléreau, Colin ou Manchicourt, et de musiciens étrangers, comme l'Espagnol Francisco Guerrero.

Du Mage (Pierre)

Organiste et compositeur français (Beauvais 1674 – Laon 1751).

Appartenant à la génération de l'apogée de l'orgue classique français, Du Mage en est l'un des grands représentants ; mais une vie itinérante, surtout en province, ne lui a pas assuré le rayonnement auquel il pouvait prétendre. Fils d'un Pierre Du Mage, musicien à la cathédrale de Beauvais, il reçut l'enseignement de Marchand, probablement à Paris, et fut nommé organiste à la collégiale de Saint-Quentin dans les premières années du XVIIIe siècle. Le magnifique orgue que Robert Clicquot venait d'y terminer en 1701 fut sans doute un stimulant pour le Premier Livre d'orgue contenant une suite du premier ton, qu'il publia en 1708. En 1710, il devint organiste à la cathédrale de Laon, où il écrivit un second Livre d'orgue, aujourd'hui disparu. En 1719, il quitta, semble-t-il, la musique pour entrer dans l'administration, mais on le voit réapparaître à Notre-Dame de Paris en 1733, pour l'inauguration du nouvel orgue de Thierry. Toute son œuvre se résume donc aux huit pièces de la Suite du premier ton, où se retrouve l'opposition classique de pages polyphoniques de style sévère, avec des récits gracieux et pittoresques.