Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
C

Condé (maison de),

branche des Bourbons issue d'un oncle d'Henri IV.

À la cour, le prince de Condé, longtemps premier prince du sang, est appelé « Monsieur le Prince », et son fils aîné est duc d'Enghien. Au XVIe siècle, la maison s'illustre avec le premier prince de Condé, Louis Ier (1530-1569), frère d'Antoine de Bourbon (père du Béarnais). Calviniste et chef du parti huguenot, rival des Guises, vaincu à Dreux (1562) et à Jarnac (1569), il y est assassiné, peut-être à l'instigation du duc d'Anjou. Et son fils, Henri Ier (1552-1588), deuxième prince de Condé, allié d'Henri III de Navarre, se distingue contre les catholiques à Coutras. Au XVIIe siècle, la maison s'illustre avec Louis II, dit le Grand Condé, et s'installe au château de Chantilly (1643), propriété de la famille jusqu'en 1830. Au XVIIIe siècle, Louis Joseph de Bourbon, prince de Condé (1736-1818), émigre et crée, en 1792, l'armée dite « de Condé », qui, au sein de l'armée des princes, combat les armées républicaines. Il est l'avant-dernier de la maison. Son petit-fils unique, Louis Antoine Henri de Bourbon, duc d'Enghien, est fusillé le 21 mars 1804 dans les fossés du château de Vincennes, Bonaparte l'ayant soupçonné de complicité avec Cadoudal et Pichegru.

Condé (Louis Ier de Bourbon,

prince de), prince du sang et pair de France, premier chef du parti réformé durant les guerres de Religion (Vendôme 1530 - Jarnac 1569).

Simple cadet de famille, dont l'honneur est entaché par la trahison du connétable de Bourbon (Charles III de Bourbon) - son père -, le prince de Condé est en quête d'une reconnaissance politique digne de son rang. Malgré des succès militaires notables durant les campagnes d'Henri II, il n'obtient pas de charges à la hauteur de ses ambitions. Dès les premiers troubles religieux, il rallie la cause et la confession des réformés contre le gouvernement des Guises (1560). En raison de la défection de son frère aîné, Antoine de Bourbon, l'Église calviniste le désigne comme protecteur général des Églises de France. Après le massacre de Vassy, le prince déclenche la première guerre de Religion (manifeste du 2 avril 1562), et se fait le tenant d'une politique offensive lors des rébellions suivantes (1567-1568 ; 1569-1570) : tentative de contrôler la personne de Charles IX ; prises de villes. Fait prisonnier lors de la bataille de Jarnac, il est traîtreusement assassiné par le sieur de Montesquiou. Le prince de Condé est parvenu à unir, sur le prestige de son nom, une clientèle aristocratique principalement méridionale et un réseau efficace d'églises. Il a ainsi organisé le parti réformé, bien que certains aient déploré la « déconfessionnalisation » partielle de ses protestations armées, au profit de sa soif de pouvoir et de l'expression du mécontentement nobiliaire.

Condé (Louis II de Bourbon, duc d'Enghien, puis quatrième prince de),

dit le Grand Condé, grand capitaine et chef de la Fronde (Paris 1621 - Fontainebleau 1686).

Immortalisé à 21 ans par sa victoire de Rocroi (19 mai 1643) sur les tercios espagnols, réputés invincibles ; gouverneur de Champagne et de Brie (1644), de Guyenne, du Berry et de Bourgogne (1646), grand maître de France, Condé a tout : la naissance - il est premier prince du sang -, la fortune - que symbolise le château de Chantilly -, la bravoure, le sens de la stratégie. Mais, héritier d'une famille volontiers rebelle - le frère de sa mère, Montmorency, est mort décapité -, il nourrit une ambition démesurée. Fier de ses victoires - Arras (1640), Perpignan (1642), Rocroi (le jour même des funérailles de Louis XIII à Saint-Denis), Nördlingen (1645), Dunkerque (1646) -, il se pose en héritier de Richelieu, dont il a épousé la nièce. Aussi, en 1646, sollicite-t-il la « Grande Maîtrise de la navigation et commerce de France », après la mort de son beau-frère Maillé-Brézé, tué à son bord à Orbitello. Mazarin refuse, et Anne d'Autriche prend pour elle-même cette charge (1646-1650) ! Néanmoins, Condé entre au Conseil (1647). Après une nouvelle victoire (Lens, 1648), qui ouvre la voie au traité de Westphalie, ses appétits grandissent. Rival déclaré de Mazarin, il sauve le trône au début de la Fronde, au combat de Charenton. Mais Mazarin, méfiant, le fait enfermer à Vincennes (1650), puis au Havre, avec Conti et Longueville. La Grande Maîtrise de la navigation, si convoitée, est donnée par la reine à César de Bourbon-Vendôme, afin de diviser les frondeurs. Aussi, dès sa libération en 1651, Condé combat l'armée du roi : Bléneau, Étampes, Paris - devant la porte Saint-Antoine, en 1652. Mais, impopulaire, contraint de gagner Bordeaux, déchu de ses dignités et gouvernements, ses biens étant confisqués, il passe au service de l'Espagne, assiège Rocroi (1653), Arras (1654), est condamné à mort la même année. Battu par Turenne aux Dunes en 1658, il mettra le genou à terre devant le roi à Aix, en 1660. Pardonné, rentré en grâce, il se rachète en conquérant la Franche-Comté, en 1668, et en remportant la victoire de Seneffe en 1674 pendant la guerre de Hollande. Elle lui permet de succéder à Turenne en Alsace. Retiré du service, pivot d'une véritable cour à Chantilly, il s'entoure d'écrivains : Boileau, Racine, La Bruyère. Bossuet prononcera son oraison funèbre.

Condé (Louis Henri, duc de Bourbon, 7e

prince de), dit Monsieur le Duc, prince de sang (Versailles 1692 - Chantilly 1740).

Il est le fils de Louis III de Bourbon-Condé. Dès la fin du règne de Louis XIV, son statut de prince du sang lui permet de jouir d'une certaine influence à la cour. Après la mort du roi, il est tout d'abord méfiant à l'égard du Régent. Mais Philippe d'Orléans obtient son allégeance en le nommant à la tête du Conseil de régence, et surintendant à l'éducation du roi. Par la position qu'il occupe, il réalise d'importants profits dans diverses opérations commerciales, en particulier grâce au système de Law. En échange de ces avantages, le Régent peut compter sur la neutralité du groupe des princes du sang, dont Monsieur le Duc est l'un des principaux chefs. En 1723, après la mort de Philippe d'Orléans, il devient Premier ministre. Le libéralisme avait marqué la période précédente, mais le duc et sa maîtresse, la marquise de Prie, appliquent une politique déflationniste et créent un nouvel impôt (le « cinquantième », qui ne pourra pas être levé). De leur côté, les protestants sont l'objet d'une politique plus rigide. En 1725, le duc est l'artisan du mariage de Louis XV et de Marie Leszczy[‘]nska, fille du roi de Pologne. L'arrivée au gouvernement de Fleury (1726), appelé par le jeune roi, l'échec de la politique fiscale et, d'une certaine manière, le rang du prince et duc mais aussi sa relation avec Mme de Prie provoquent la destitution de l'ancien précepteur et son exil sur ses terres de Chantilly.