Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
V

Vincent de Paul (saint), (suite)

Le souci premier de Vincent de Paul ne fut pas d'assurer son salut personnel hors du monde, mais de « bien faire la volonté de Dieu » au service d'autrui. Il fut canonisé en 1737. Sa correspondance et ses Instructions furent publiées au début du XXe siècle.

vingtième,

impôt direct instauré en 1749, à l'initiative du contrôleur général des Finances Machault d'Arnouville, qui devait, en principe, consister en un prélèvement de 5 % sur tous les revenus.

La création du vingtième, en remplacement du dixième, marque la volonté de la monarchie d'assainir les finances publiques et de rénover le système fiscal du pays. Le produit de ce nouvel impôt doit être affecté, non aux dépenses courantes, mais à l'amortissement de la dette publique. Impôt universel, il doit en principe frapper tous les revenus, et être payable par tous, privilégiés ou non. Sa répartition doit se fonder sur des déclarations établies par les contribuables, et vérifiées par des contrôleurs royaux.

D'emblée, le vingtième suscite une violente opposition, relayée par les parlements, tant en raison de son universalité, qui porte atteinte à l'immunité fiscale des privilégiés, que de ses modalités de contrôle, dénoncées comme une insupportable inquisition. Dès 1751, le clergé obtient d'en être exempté. Les autres corps privilégiés parviennent, grâce au système des abonnements, à se faire accorder de substantielles réductions, tandis que l'impossibilité d'un contrôle efficace empêche une véritable imposition des revenus mobiliers ou industriels. Si bien que le vingtième finit par ne représenter qu'un supplément à la taille, pesant sur les seuls revenus de la terre, et retombant essentiellement sur le tiers état. Bien que doublé par la création d'un second vingtième en 1756, il est loin de produire les sommes escomptées, et ne rapporte en 1789 que 51 des 475 millions de livres d'impôts prélevés.

L'idée d'un impôt universel ne fut pas pour autant abandonnée, puisqu'elle se retrouve au cœur des tentatives de réforme mises en œuvre, sans plus de succès, par les derniers gouvernements de l'Ancien Régime.

Viollet-le-Duc (Eugène Emmanuel),

architecte et théoricien (Paris 1814 - Lausanne, Suisse, 1879).

Fils d'un haut fonctionnaire, Viollet-le-Duc naît dans une famille d'architectes et de peintres, mais il se forme à l'architecture au contact d'Achille Leclère et à travers ses voyages en France et en Italie (1836-1837), sans emprunter la voie classique de l'École des beaux-arts. En 1840, à la demande de Prosper Mérimée, alors inspecteur général des Monuments historiques, il entreprend la restauration de l'abbatiale de la Madeleine, à Vézelay. Principal architecte-restaurateur de France, il assure également la réfection de nombreuses églises de Paris (Saint-Germain-des-Prés, Sainte-Chapelle et Notre-Dame), de la basilique de Saint-Denis, dont il reconstruit les trois portails, des remparts de Carcassonne, de plusieurs châteaux (Pierrefonds, Eu, Roquetaillade...), des cathédrales d'Amiens, de Clermont-Ferrand, de Lausanne.

Autant Viollet-le-Duc force l'admiration de tous par son talent et sa défense du style gothique, qu'il contribue à sortir de l'oubli, autant il suscite rapidement des polémiques par l'audace de sa doctrine de restauration. « Restaurer un édifice, écrit-il dans son Dictionnaire raisonné d'architecture française du XIE au XVIE siècle (1854-1868), ce n'est pas l'entretenir, le réparer ou le refaire, c'est le rétablir dans un état complet, qui peut n'avoir jamais existé auparavant. » À l'époque, ce plaidoyer pour un « fonctionnalisme structurel » fait scandale, et Viollet-le-Duc est contraint de démissionner de la chaire d'esthétique et d'histoire de l'art de l'École des beaux-arts, où il avait été nommé en 1864.

vitrail.

Le terme « vitrail » désigne aussi bien les vitres colorées, les fenêtres d'églises, que les fenêtres peintes et les murs de verre.

Son usage s'est répandu au XVIIe siècle, au moment où l'architecture classique abandonnait la verrière colorée au profit d'une vitrerie incolore. Aussi, la connotation historique et religieuse attachée au mot « vitrail » est-elle très restrictive au regard de la diversité formelle et technique qui a fait évoluer cet art, « art français par excellence » (André Chastel), bien au-delà du domaine religieux.

Les origines du vitrail.

• La découverte de fioles à parfums et de vases funéraires en Égypte ancienne prouve que le verre était connu au IIIe millénaire avant J.-C. Très tôt, il fut coloré et utilisé en petites pièces serties dans des claustra (clôtures ajourées), en alternance avec divers matériaux. Cette technique se diffusa tout autour du Bassin méditerranéen, dans le monde arabe comme dans le monde romain, jusqu'au haut Moyen Âge. Peu à peu - on ne sait pas exactement quand -, le réseau de plâtre qui enchâssait le verre fut remplacé par du plomb, dont la solidité permettait de réduire au minimum les montures. Ces premiers « vitraux » étaient parfois colorés, mais non peints.

Le vitrail religieux.

• En l'état actuel des fouilles, les plus anciens vestiges de vitraux peints sont des bris retrouvés à Saint-Vital de Ravenne, qui dateraient du VIe siècle et représentent vraisemblablement un Christ. La tête de Christ datant du IXe siècle découverte à l'abbaye de Lorsch, en Allemagne, est à rapprocher de celle conservée au Musée de l'Œuvre Notre-Dame de Strasbourg, et qui est le plus ancien vitrail peint connu à ce jour en France. Mais aucun de ces fragments ne permet d'expliquer l'extraordinaire développement du vitrail au XIIe siècle. Technique et esthétique en font alors un art en pleine possession de ses moyens. Ses caractéristiques sont doubles : art monumental, il entretient avec l'architecture des relations structurelles ; sa facture, ouvragée à la manière des arts précieux (enluminure, émaillerie et étoffes), présente une très grande clarté de lecture et offre un fond décoratif luxueux. Au XIIe siècle, le vitrail est « historié » selon trois formules : personnages isolés, scènes compartimentées en file verticale ou occupant toute la largeur de la fenêtre. Deux noms peuvent lui être associés : Théophile, un moine rhénan qui consigne dans un traité les méthodes de fabrication et de coloration des verrières ; et Suger, l'abbé de Saint-Denis, qui confère au vitrail une très haute spiritualité, fondée sur la symbolique de la lumière, et une typologie biblique d'une densité remarquable. Sans éclipser d'autres exemples (Poitiers, Châlons-en-Champagne, Le Mans...), l'esthétique décorative et les développements iconographiques des verrières de Chartres font de cette cathédrale un monument type de cette période.