Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
A

âge du bronze, (suite)

Dans le Sud, l'âge du bronze se développe à partir de la civilisation chalcolithique du campaniforme. C'est au bronze moyen, entre 1500 et 1200 avant J.-C., que se développe vraiment la métallurgie du bronze. Le nouvel alliage permet de créer des formes impossibles à obtenir jusqu'alors : longues épées, mais aussi armes défensives (casques, cuirasses, jambières). Ce nouvel armement va révolutionner les techniques de combat, même si les armes de bronze restent le privilège de l'élite guerrière. L'ouest de la France se caractérise par une très belle métallurgie, celle du bronze atlantique, avec ses grandes épées que l'on trouve souvent enterrées dans des « dépôts » ou bien jetées au fond des rivières, ce qui suggère des rituels particuliers, offrandes ou formes de compétitions entre chefs, comparables au potlatch des Indiens nord-américains. Dans l'est de la France, le rituel des tumulus se répand ; c'est la civilisation de Haguenau, avec ses vases aux décors gravés et incrustés, dont le style se retrouve dans le sud du pays.

Durant le bronze final, de 1200 à 750 avant J.-C., la métallurgie se généralise et s'étend à l'outillage des artisans (travail du bois, du métal, etc.). L'orfèvrerie de l'argent, et surtout de l'or, peut être spectaculaire. Dans l'organisation sociale, la hiérarchie tend à s'accroître, aussi bien entre individus, comme en témoigne le mobilier des tombes, qu'entre communautés : on distingue, dans leur habitat, toute une gradation, depuis les simples fermes ou hameaux isolés jusqu'aux bourgades fortifiées, juchées sur les hauteurs et ceintes de remparts de pierre. La guerre semble devenir plus fréquente, comme le suggère l'établissement de certains villages sur des presqu'îles marécageuses au bord des lacs du Jura ou des Alpes - dont la vase a particulièrement bien préservé les vestiges, notamment en bois. Des grottes servent d'abri, telle celle des Planches, près d'Arbois (Jura), qui a livré les traces d'un massacre. L'âge du bronze est suivi, sans rupture, par la première période de l'âge du fer, ou « Hallstatt ».

âge du fer,

dernière période de la protohistoire, entre 750 et 50 avant J.-C. environ.

Elle est caractérisée par le développement de la métallurgie du fer, mais surtout par l'apparition de formes sociales de plus en plus complexes, entraînant finalement la formation de véritables États. On distingue le premier âge du fer, ou période de Hallstatt (du nom d'un cimetière mis au jour en Autriche, près de Salzbourg), qui s'étend jusqu'en 480 environ, puis le second âge du fer, ou période de La Tène (du nom d'un village suisse des bords du lac de Neuchâtel). En France, l'âge du fer est interrompu par la conquête romaine.

Le fer nécessite une métallurgie plus complexe que le cuivre (il fond à 1 500 oC), mais il est plus répandu dans la nature et beaucoup plus résistant. Si le fer météoritique est déjà connu en Mésopotamie au IIIe millénaire, le minerai de fer est travaillé chez les Hittites à partir du IIe millénaire. Il se généralise au Ier millénaire avec l'apparition des civilisations urbaines méditerranéennes de Grèce et d'Italie. En Europe tempérée, et donc en France, il est présent dès le VIIIe siècle avant J.-C., mais il demeure réservé à l'élaboration d'objets précieux pendant le premier âge du fer : épées, mais aussi bracelets ou torques. Le premier âge du fer ne marque aucune rupture historique avec l'âge du bronze final qui le précède immédiatement. C'est cependant durant cette période que l'on assiste, avec les « résidences princières » du quart nord-est de la France et du sud de l'Allemagne, à une première tentative de constitution d'entités étatiques. Ces bourgs fortifiés sont régulièrement espacés d'une soixantaine de kilomètres et contrôlent toute une hiérarchie de villages et de hameaux. Leurs chefs sont enterrés avec un mobilier de luxe, souvent de provenance méditerranéenne. La sépulture la plus célèbre en France est celle découverte à Vix. De fait, ces potentats locaux contrôlent les routes commerciales avec la Méditerranée, et notamment celle qui, par la Seine, puis la Saône, permet d'acheminer vers l'Italie ou la Grèce l'étain de Grande-Bretagne. Pourtant, à la suite de tensions économiques et politiques, ces résidences princières disparaissent au début du Ve siècle.

Les relations, d'abord commerciales puis guerrières, avec le monde méditerranéen sont caractéristiques du second âge du fer. Les Grecs, les Étrusques puis les Romains installent en effet des comptoirs commerciaux le long des côtes méditerranéennes, mais aussi des colonies de peuplement, telle Marseille (Massilia), fondée en 600 avant J.-C. Cette richesse supposée du monde méditerranéen explique en partie le déclenchement des invasions celtiques des IVe et IIIe siècles, c'est-à-dire le mouvement, vers le sud, des peuples supposés celtes, qui habitent alors la moitié nord de la France, le sud de l'Allemagne et la Bohême. Ces émigrants atteindront l'Italie centrale (c'est le fameux siège de Rome par les Gaulois), l'ensemble de l'Europe centrale et orientale, et s'implanteront même en Turquie, créant l'éphémère royaume galate. Une fois ces mouvements stabilisés, des formes protoéta-tiques apparaissent à nouveau, au IIe siècle, avec de puissants royaumes gouvernés par une aristocratie guerrière et terrienne, tels ceux des Ambiens, en Picardie, des Arvernes, dans le centre de la France, ou des Éduens, en Bourgogne.

Toutefois, ces royaumes se heurtent à l'expansionnisme de Rome. En 124 avant J.-C., c'est d'abord le sud de la Gaule qui est conquis par les armées romaines, qui fondent la province de Narbonnaise. Puis, à partir de 58 avant J.-C., Jules Cesar, gouverneur avisé de la Narbonnaise, habile à jouer des rivalités entre peuples gaulois, entreprend la conquête de l'ensemble de la Gaule, se dotant par là même d'une armée et d'un prestige qui lui permettront de prendre le pouvoir à Rome, mettant fin à la République. Dès lors et pendant quatre siècles, l'histoire de l'actuel territoire français va se fondre avec celle de l'Empire romain.