Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
A
A

Abbas (Ferhat),

dirigeant nationaliste algérien (Taher, Algérie, 1899 - Alger 1985).

Fils d'un caïd, Ferhat Abbas préside dans sa jeunesse l'Association des étudiants musulmans d'Alger (AEMA). Installé comme pharmacien à Sétif, il milite pour l'assimilation, réfutant dans ses écrits l'existence d'une nation algérienne. Mais, après l'abandon du projet Blum-Viollette (1936), il évolue vers des positions autonomistes, qui prennent corps au début de la Seconde Guerre mondiale. Il est ainsi l'un des principaux rédacteurs du Manifeste du peuple algérien (février 1943), et de son Additif (mai 1943), qui réclame la formation d'un « État algérien démocratique et libéral » tout en reconnaissant à la France un « droit de regard ». En mars 1944, Ferhat Abbas fonde, avec Ahmed Francis, l'Association des amis du Manifeste et de la liberté (AML). Emprisonné après les émeutes de Sétif (mai 1945), puis amnistié, il siège à la deuxième Constituante (juin-novembre 1946) et fonde, la même année, l'Union du Manifeste algérien (UDMA), parti nationaliste modéré. En avril 1956, il rejoint les dirigeants du Front de libération nationale (FLN) au Caire et, en septembre 1958, est porté à la présidence du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA). Il défend une ligne modérée qui lui vaut d'être destitué en avril 1961. Élu président de l'Assemblée constituante au lendemain de l'indépendance (1962), il démissionne en août 1963, avant d'être exclu du FLN. Tour à tour déchu et réhabilité, il ne joue plus, dès lors, de rôle politique notable, mais publie la Nuit coloniale (1962), Autopsie d'une guerre (1980), l'Indépendance confisquée (1984).

abbayes

À partir du IVe siècle, certains chrétiens, désireux d'approfondir leur foi, et en quête d'ascèse, choisissent de se retirer du monde, de devenir moines (du grec monakhos, « solitaire »).

En Occident, la vie monastique, ou monachisme, privilégie le cénobitisme (du grec koinobion, « vie en commun ») au détriment de l'érémitisme (du grec erêmitês, « qui vit dans la solitude », tiré de erêmos, « désert »). La vie monastique est présentée comme un modèle, un idéal pour la chrétienté. Ces communautés de moines s'installent dans des abbayes (monastères dirigés par un abbé), dont la finalité religieuse n'exclut pas d'exercer d'autres influences sur la société. Les abbayes connaissent leur plus grand rayonnement au Moyen Âge. C'est alors le temps des moines.

Les abbayes au service de la foi

L'essor monastique.

• Les premières abbayes se développent à partir du IVe siècle. Elles sont régies par des règles diverses, avant que s'exerce, dans la Gaule mérovingienne, l'influence du monachisme celtique, soumis à la règle de saint Colomban. Celle-ci, qui insiste sur la prière et la mortification, est éclipsée par une autre, plus modérée : la règle bénédictine. Rédigée après 534 par Benoît de Nursie pour l'abbaye du Mont-Cassin, qu'il a fondée vers 529, elle est adoptée en Italie, avant que Benoît d'Aniane l'impose dans l'Empire carolingien (capitulaires de 816 et 817). Les troubles des IXe et Xe siècles entraînent de graves dommages pour les abbayes (dévastation, mainmise des laïcs...), mais ils ne remettent pas en cause leur existence. Les Xe et XIe siècles connaissent une restauration de la vie monastique, d'abord avec Cluny (909), puis avec des fondations qui, pour retrouver la vita apostolica, insistent sur le renoncement au monde, préconisent une plus grande austérité et une application stricte de la règle de saint Benoît : La Chaise-Dieu (1043), Grandmont (1074), Cîteaux (1098), Fontevraud (1100-1101). La Grande-Chartreuse (1084) innove en alliant stabilité monastique et vie érémitique. Les difficultés des XIVe et XVe siècles n'épargnent pas les abbayes, qui souffrent, par ailleurs, du développement de la commende (attribution d'un bénéfice ecclésiastique majeur à un clerc séculier ou à un laïc qui en perçoit les revenus sans résider sur place) : il en résulte une altération de l'idéal et du mode de vie. En dépit de quelques tentatives de redressement au XVe siècle, l'institution monastique est mise en cause par les humanistes et la Réforme. Les guerres de Religion provoquent de nouvelles perturbations. Dans l'esprit du concile de Trente, le XVIIe siècle est marqué par une réorganisation du monachisme : les cisterciens adoptent la règle de l'« étroite observance » (1618), et des congrégations bénédictines sont instituées (Saint-Vanne, 1604 ; Saint-Maur, 1621), qui contribuent à la mise en œuvre de la Réforme catholique en France. Directement visées par le décret de l'Assemblée constituante interdisant les vœux monastiques (février 1790) et par la Constitution civile du clergé (juillet 1790), les abbayes connaissent un renouveau après 1833 avec la restauration de Solesmes par l'abbé Dom Prosper Guéranger et la fondation de Sainte-Marie-de-la-Pierre-qui-Vire (1850). Après les difficultés que rencontrent les ordres monastiques à la fin du XIXe siècle et au début du XXe (mesures hostiles aux congrégations, querelle des Inventaires), les abbayes se repeuplent à l'issue de la Première Guerre mondiale.

Vivre selon une règle.

• Écoles d'ascèse et de spiritualité, les abbayes ont des origines différentes : fondations pieuses créées par des laïcs, initiative de quelques personnes en quête d'austérité, essaimage à partir de monastères existants. Devenir moine, c'est « se convertir », se séparer du monde, pour s'astreindre à vivre, dans la solitude et le silence, selon une règle. Saint Benoît préconise la modération, et il prévoit un équilibre entre les offices, la prière, l'activité intellectuelle et le travail manuel. L'accent est mis sur l'humilité, la pauvreté et la charité. Le travail manuel constitue l'un des moyens de parvenir à l'humilité. Mais la règle n'édicte pas tout : ce sont les coutumes qui organisent la vie quotidienne. L'adoption de nouvelles coutumes traduit un effort de réforme ; des liens entre les monastères se tissent, qui peuvent aller jusqu'à l'affiliation à un ordre. La diffusion des coutumes témoigne du rayonnement et de l'influence qu'exercent certains monastères.