Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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réparations, (suite)

Une question lancinante jusqu'en 1932.

• Pour sortir de l'impasse, Poincaré accepte la constitution d'un comité : présidé par l'Américain Dawes, ce comité est mis en place en 1924, en vue d'élaborer un plan de rééchelonnement de la dette allemande et de déterminer les modalités d'un prêt. Le gouvernement français profite de la circonstance pour renégocier ses dettes de guerre avec ses anciens alliés.

À l'arrivée au pouvoir du Cartel des gauches, en mai 1924, le nouveau président du Conseil, Édouard Herriot, est confronté au même problème que ses prédécesseurs. La situation évolue dans le sens d'une solution qui satisfait les parties en présence : à l'occasion de la conférence de Londres (juillet-août 1924), le plan Dawes est approuvé par les Alliés, et la France s'engage à évacuer la Ruhr dans un délai d'un an. Revigorée par les crédits américains, l'Allemagne parvient désormais à honorer ses engagements.

À la veille de la Grande Dépression, le plan Young prévoit un nouveau réaménagement des dettes allemandes, tout en reliant cette procédure à la question des dettes interalliées. Ces mesures ne soulagent guère le régime de Weimar, menacé par la montée du nazisme qui sait instrumentaliser à son profit le problème des réparations. En définitive, la part des versements allemands - auxquels il est mis fin en juillet 1932 - ne représentera qu'un tiers des sommes investies par la France dans sa reconstruction.

républicain (parti ou mouvement).

Au début du XIXe siècle, la notion de « parti » demeure ambiguë.

Certes, la Révolution française a favorisé l'éclosion de sociétés politiques - les clubs - qui ont exercé pendant quelque dix années une action permanente. Le Consulat et l'Empire les ont jugulées. En soumettant leur création à une autorisation administrative préalable - alors qu'auparavant une déclaration suffisait -, le Code pénal napoléonien limite le droit des associations. Sous la Restauration et la monarchie de Juillet, les opinions politiques peuvent s'exprimer plus librement, mais les lois de 1834-1835 ne définissent toujours pas la liberté des partis, que le législateur appréhende encore comme des factions. Néanmoins, à travers les consultations électorales, et plus généralement à travers la presse, s'exprime une sensibilité républicaine, de façon progressive et continue, dans la première partie du XIXe siècle.

Une sensibilité républicaine.

• L'esprit républicain s'enracine dans l'héritage de la Grande Révolution. En 1815, il se traduit par l'opposition au retour des Bourbons et par une colère patriotique devant l'occupation d'une partie du territoire national par les armées coalisées de l'Europe. Favorable à un État fort, soucieux de sauvegarder l'égalité et d'assurer la défense de la nation, le républicanisme se distingue mal du jacobinisme et du bonapartisme. La jeunesse et la population des villes y sont attachées, particulièrement à Paris et dans le sud-est du pays. Après 1820, il prend de l'ampleur à travers des organisations secrètes telles que la charbonnerie.

Le mouvement révolutionnaire de juillet 1830 est fort influencé par l'esprit républicain. Mais ce sont les orléanistes, expression du libéralisme, qui imposent le nouveau régime au profit du duc d'Orléans, Louis-Philippe. Cependant, la monarchie de Juillet ne peut enrayer, sinon une agitation, du moins une fébrilité républicaine permanente. En effet, la sensibilité républicaine, qui demeure toujours marquée par un attachement aux idées de la Révolution - notamment, l'exaltation de la nation - rallie progressivement ceux qui, à gauche, estiment que le nouveau régime instauré en juillet 1830, en confisquant le pouvoir, empêche l'expression de la véritable souveraineté nationale. Les difficultés économiques et sociales contribuent à forger une nouvelle alliance, autour de l'idéal républicain, de tous ceux qui veulent transformer le régime politique, mais aussi, de plus en plus, l'organisation de la société. Les libéraux du journal le National d'Armand Carrel se rapprochent d'hommes qui, tels Lamennais, Buchez, Ledru-Rollin ou Louis Blanc, appartiennent aux courants démocrates et socialistes.

Cette opposition républicaine, complexe et hétérogène, prend son essor véritable dans les années 1840. Au début de la décennie, elle commence, timidement, à s'organiser. Populaire - sinon ouvrière -, réformatrice, la mouvance républicaine diffuse la revendication de la réforme politique. Patriote, elle condamne les hésitations en matière de politique extérieure des gouvernements, particulièrement celui de Guizot, qui semblent trop disposés aux compromis avec les dynasties régnantes en Europe. Cette sensibilité insiste aussi sur les valeurs de solidarité et de fraternité, tant la misère des villes semble mettre en cause les principes politiques du régime de Juillet. L'idée républicaine rallie de plus en plus de jeunes, notamment chez les étudiants mais aussi dans les élites provinciales les plus proches du peuple (médecins, avocats, journalistes). Cette expansion, même si elle doit demeurer clandestine, exploite de nombreux réseaux de sociabilité : les sociétés de secours mutuel, les sociétés de pensée, les groupes de socialistes utopiques, la presse. En avançant à grands pas, la « république clandestine » peut faire taire l'appel à l'insurrection et à la prise du pouvoir par la force. Pourtant, cette opposition ne constitue pas un parti politique, même si les élections législatives permettent le succès de quelques républicains (Ledru-Rollin, François Arago, Lazare Hippolyte Carnot).

La conjoncture économique et sociale des années 1845-1847, en aggravant l'impatience populaire et en soulignant le discrédit croissant auquel est confronté le régime de Juillet, permet aux dirigeants républicains, souvent dispersés, de se retrouver autour d'un projet de campagne antimonarchiste : y participent les vétérans (Dupont de l'Eure) mais aussi des jeunes (Armand Marrast, Louis Garnier-Pagès), des universitaires (Edgar Quinet, Jules Michelet), des militants parisiens (Michel Goudchaux) ou provinciaux. La « campagne des banquets », engagée dans le pays tout entier à partir de juillet 1847, suppose une organisation qui mobilise, à côté des hommes politiques, les élites bourgeoises locales, les étudiants, les ouvriers. L'« incendie des banquets » atteste l'impopularité de Louis-Philippe et permet à la propagande républicaine, qui appelle à la réforme politique, de rallier un certain nombre de dirigeants de la gauche dynastique (Odilon Barrot), déçus par le gouvernement monarchique sans pour autant être séduits par la revendication des républicains.